Dates : le choix dans le « date »

Pour beaucoup, le nom de Bryan Elsley ne dit rien. Pourtant cet écossais de 50 ans a créé l’une des séries les plus denses sur l’adolescence : Skins. Invité au Festival Series Mania hier, Elsley est venu parler de Dates, série de 2013 sur les rencontres improvisées.

Dates
Gemma Chan est Erica et Katie McGrath est Kate ©Channel4

Dates n’a que 9 épisodes et, à la manière de Skins, tente de décrypter les tenants et aboutissants des rencontres arrangées entre deux personnes consentantes. On ne sait jamais vraiment très bien comment ces gens se sont connus (sites de rencontres, Facebook, autres) et cette part de mystère plane sur chaque début d’épisodes. Cette ambiance si particulière du premier rendez-vous où l’autre est inconnu à nos yeux, où chaque mot va être pesé, chaque réaction remarquée, est la marque de fabrique de Dates.

Pour ne pas tomber dans la redite, chaque épisode propose bien un rendez-vous entre deux personnes mais le schéma proposé n’est que rarement répétitif, il y aura toujours une variante, que ce soit dans l’évolution du rendez-vous, les lieux, l »‘après-date« . En effet, si on pouvait penser que le restaurant du premier épisode avec sa serveuse mignonne pouvait être le théâtre de tous ces rendez-vous et offrir un background commun, l’épisode 2 propose déjà un duo bien différent et un lieu autre.

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Mia jouée par Oona Chaplin – ©Channel4

La force de Dates est, vous le comprendrez assez vite, la galerie de personnages offerte. Dès le premier épisode (extrait ici), Mia et David imposent leur charisme. Mia, brune plantureuse au charme étrange, et David, trentenaire sur le retour et maladroit dans sa séduction, tentent de se plaire, de se connaitre et de se reconnaître dans les yeux de l’autre. Bientôt, on saura tout sur eux, comme quoi Mia n’est pas vierge de ce type de rendez-vous, comme elle est loin de l’être aussi niveau sexuel. Adepte de ces pratiques, Mia aurait déjà accepté de coucher pour de l’argent.

Le charme fascinant de Mia, jouée par la petite-fille de Charlie Chaplin, Oona (vue dans la saison 3 de Game Of Thrones) est un atout non négligeable pour Dates et les scénaristes l’ont compris puisqu’elle reviendra dans plusieurs épisodes tout comme David, puisque leur relation est un peu le fil rouge de quelques histoires. Avec eux, Stephen (joué par Ben Chaplin, rien à voir avec Oona), médecin et fraîchement séparé, joue le quarantenaire séducteur et un peu trop sûr de lui. Jenny, une professeur timide, sera elle aussi souvent présente avec ses rendez-vous qui tournent en eau de boudin à chaque fois.

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Mia et Stephen ©Channel4

 

Dates propose-t-elle un portrait des adultes d’aujourd’hui, de personnes perdues en amour et désireuses de retrouver un peu l’innocence et la fragilité des déboires amoureux de leurs débuts ? Peut-être, mais ce qui intéresse surtout dans Dates, c’est le pouvoir de l’histoire et de la rencontre entre deux personnages que tout oppose au début et qui se séparent, s’amourachent, se disputent ou se comprennent au détour d’une révélation, d’un geste ou d’une anecdote.

Certains épisodes sont bien entendu moins bons que d’autres, notamment celui avec Erica et Kate. l’épisode tourne autour d’une homosexualité non-dévoilée, cachée et le script est tellement lourd que le charme des deux actrices n’arrivent pas à rendre l’épisode réussi. Dates parvient à développer des personnages, si ce n ‘est attachants, intéressants et le fait de revoir certains avec un autre binôme rend le tout clairement appréciable et pertinent. Ce qui fait la force de certains personnages est leur alchimie avec l’autre et c’est pas ce biais, ce concept, que Dates parvient à enrichir sa galerie de personnages.

Les relations dans leur complexité, leur beauté ou leur finalité ont toujours fasciné et Dates permet de rendre compte que les trentenaires et quarantenaires ont aussi des choses à dire et à exprimer. La série se veut comme un pendant à Skins pour les adultes en espérant que la série se renouvelle et soit renouvelée en gardant intact la dimension et la pureté du propos de départ. Aucune information sur une possible saison 2 mais on peut faire confiance à Elsley pour proposer un schéma proche de sa série fétiche avec de nouveaux personnages et d’autres récurrents.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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