Suite, remake, reboot

Le crime de l’Orient-Express : Élémentaire, mon cher Poirot

Cette énième adaptation du Crime de l’Orient Express d’Agatha Christie n’était pas spécialement attendue pour cette fin d’année. Bien que la fin soit déjà connue, cette redite n’est cependant pas trop redondante et en est même intéressante. Voici une petite visite d’un train presque trop célèbre.

Reprendre une histoire maintes fois réchauffée était un pari risqué pour Kenneth Branagh. Presque tout le monde connaît la fin, et son film ne peut être utile que pour le jeune public peu versé dans les romans policiers. Mais heureusement, le film se tire des embûches où il aurait pu tomber avec relativement d’aisance. Kenneth Branagh, qui a aussi dirigé le film, s’en sort avec panache et drôlerie, surtout avec sa moustache qu’il voulait « la plus extravagante possible ». Pas facile de passer après de très grands acteurs comme Albert Finney, l’acteur principal du film du même nom datant de 1974, ou encore l’incomparable David Suchet, qui reste certainement le meilleur Hercule Poirot jamais incarné. Une rapide comparaison est inévitable avec le film datant de 1974, réalisé par Sidney Lumet. Celui-ci est beaucoup plus tourné vers le morbide et le suspens, à la manière d’un « Psychose » revisité ( c’est d’autant plus fou que son acteur principal, Anthony Perkins, joue aussi dans le film ! ). Manié de main de maître comme un thriller, il reste impressionnant et glaçant malgré une pellicule qui a vieilli. Courez-y le voir : il met en scène une belle brochette d’acteurs, notamment Sean Connery et Ingrid Bergman.

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L’histoire, pour ceux qui ne la connaîtraient pas, met Hercule Poirot sur la piste d’un tueur qui a éliminé Samuel Ratchett de douze coups de couteau à bord de l’Orient-Express, en 1934. Tandis que le train est bloqué à cause d’une avalanche, notre détective va devoir enquêter sur près de treize suspects : Hector MacQueen, le colonel Arbuthnot, Edward Masterman, Mary Debenham, Greta Ohlsson, le comte Rudolf Andrenyi, la comtesse Héléna/Elena Andrenyi, Natalia Dragomiroff, Hildegarde Schmidt, Mrs Caroline Hubbard, Cyrus B. Hardman et même le conducteur Pierre Michel. Étrangement, toutes ces personnes sont liées de près à la tragique affaire Armstrong, survenue deux ans auparavant. La petite fille du couple Armstrong, Daisy, avait été kidnappée en échange d’une rançon, et malgré son paiement, l’enfant a été retrouvée morte par la police. La mère en est morte en couches, et son mari s’est suicidé. Agatha Christie s’est fortement inspirée d’un fait divers tout aussi sordide sur l’affaire Charles Lindbergh, dont l’enfant avait été également assassiné. Ces faits sont survenus en 1932, soit deux ans avant que le roman n’ait lieu…

C’est donc dans un vase-clos parfois ouvert sur un paysage de neige que se déroule l’enquête, mais la direction du film reste rondement menée, tout en élégance et en finesse. Contrairement à la version de 1974 qui se voulait grave et effrayante, Kenneth Branagh se veut plus doux, plus aéré, et les faits graves sont relatés avec plus de pudeur et moins de sensationnalisme. Les acteurs auraient pu faire trop de grimaces et tomber dans la caricature : mais il n’en est rien. Tous jouent parfaitement leur personnage sans jamais exagérer ni surjouer, ce qui est très appréciable. Le film ne tombe donc jamais dans une caricature qui était somme toute prévisible. Johnny Depp est le seul montré comme vain voire ridicule, mais cela sert au personnage. Le seul hic c’est l’accent français ( ou plutôt belge ) de Kenneth Branagh, qui était tellement mal fait que je n’ai jamais rien compris quand il parlait en anglais ou quand il baragouinait des phrases françaises maladroites ( mais ça a son charme aussi).

Sinon, mention plus que spéciale à Michelle Pfeiffer, qui était la plus magistrale de tous. Celle qui demeurera la meilleure Catwoman de tous les temps était une nouvelle fois poignante et surprenante dans son rôle. Femme fatale à l’extérieure, elle reste une personne fragile et profondément blessée de l’intérieur, presque à l’instar de Catwoman, justement. Elle reste digne dans ses motivations, et ce jusqu’à la fin. Il faut voir le film juste pour ça.

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Si vous voulez démarrer cette année 2018 ( ou terminer 2017, tout dépend de votre état d’esprit ) allez donc revisiter ce classique de la littérature policière. Vous ne serez pas déçu de ce charme familier et délicieusement désuet.

 

 

 

 

Rebecca

Juste une Otaku qui a chopé le virus de la Japanimation et qui ne guérira jamais ! Egalement incurable en ce qui concerne le cinéma, les blockbusters, les comics et la littérature

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