Suite, remake, reboot

Buzz l’Eclair le Film : Vers l’ennui et l’au-delà ? (Spoilers)

Buzz L’Eclair, long-métrage d’Angus MacLane, est sorti sur nos écrans le 22 juin en France. Cela fait longtemps que nous n’avions plus vu de films Disney au cinéma, au lieu d’une sortie directe en streaming sur Disney +.

C’est avec impatience que nous attendions ce film car selon le lore de Toy Story, c’est censé être CE film qu’aurait vu Andy en 1995, lui donnant envie de réclamer un jouet « Buzz l’Eclair ». Est-ce que ce dernier-né des studios Disney-Pixar nous aura donc réussi à nous motiver à retourner dans les salles obscures ?

Attention, cette critique contient de nombreux spoils. Lisez à vos risques et périls.

                 Lors d’une mission en tant que ranger de l’espace, Buzz atterrit sur une planète avec des insectes hostiles et des lianes géantes qui vous enlacent à toute vitesse. Il affronte ce monde accompagné de son acolyte, la ranger de l’espace, Alisha… qui est noire et lesbienne. Alors, loin de nous l’idée que nous sommes anti-progressistes, ici. Chez Smallthings, nous avons à cœur de soutenir les minorités, ainsi que les membres de la communauté LGBTQI+. Cependant, ici dans ce film, cela faisait… forcé, on ne comprenait pas vraiment pourquoi cette ranger devait absolument cocher « toutes les cases » du politiquement correct, et on ne peut que regretter que les scénaristes aient voulu remplir un agenda wokiste. Car intégrer un personnage de noire lesbienne, pourquoi pas, mais qu’est-ce que ça apporte au récit ? Jamais on ne connaît vraiment ses aspirations profondes, jamais on ne connaît son passé, comment elle est tombée amoureuse, ou comment elle aurait pu découvrir son homosexualité aussi peut-être… Rien n’est fait dans l’histoire pour rendre le personnage attachant car on ne voit rien de sa progression. Si cela n’apporte rien au récit, tel un fusil de Tchekhov, alors il ne sert à rien dans l’histoire, malheureusement.

Pire encore, on ne comprend pas pourquoi Buzz est ami avec une telle acolyte : à aucun moment je n’ai senti une réelle affinité (amicale, entendons-nous bien) entre les deux personnages. Ça aurait été plus logique que Buzz ait un « buddy », un sidekick plutôt masculin, qui aurait pu être un comic-relief, ou un mentor qui le guide. Là, cette amitié ne fonctionne pas dans ce film car tout simplement, on ne sent aucune alchimie entre les deux personnages. Il faut une cohésion entre deux personnalités pour être ami avec quelqu’un, et là, tout paraît forcé.

Trop réaliste pour un Disney

Revenons à l’histoire. Buzz, voulant tout faire tout seul, prend les commandes de son vaisseau… pour se crasher au sol. Les pannes sont si graves que lui et son équipage ne peuvent plus du tout décoller. Devant utiliser un carburant très instable, Buzz s’engage à le « tester » dans l’espace en utilisant la vitesse de la lumière. Ô surprise, il découvre en revenant que tous ses amis ont vieilli de 4 ans, là où il n’a vieilli que de quelques minutes. Mais, obstiné, il refait plusieurs dizaines d’essais, l’amenant à voir tous ses amis mourir de vieillesse. C’est le cas pour sa meilleure amie, qui laisse derrière elle une petite fille, Izzy. Alors déjà, il y a un gros problème : depuis quand les voyages à la vitesse de la lumière ont-ils des conséquences… DANS LES DESSINS ANIMES ? Même dans Star Wars, les héros voyagent où ils veulent : Star Wars n’existe pas pour être réaliste, c’est un conte de fées dans l’espace et ça devait aussi être le cas pour « Buzz l’Eclair ». Là non : on dirait que les scénaristes ont voulu faire un mix avec Interstellar, la beauté philosophique en moins. A force de vouloir faire très réaliste, cela a tué toute la magie du film. Et pour un Disney, c’est grave.

Pire encore, Buzz ne fait quasiment que se crasher tout au long du film. ET IL NE SE PASSE QUASIMENT RIEN DANS L’ESPACE ! JAMAIS On ne le voit voyager dans la galaxie. JAMAIS on ne le voit affronter les petits martiens verts aperçus dans Toy Story (je les attendais, pourtant). JAMAIS on ne le voit affronter d’autres ALIENS ! Jamais ! Le slogan « vers l’infini et l’au-delà » a été jeté aux orties… Pour un film d’animation qui se déroule dans l’univers, la frustration est de taille.

 

Des gags qui ne fonctionnent pas

Le côté merveilleux n’est pas le seul à être mort, l’humour aussi. Quand Buzz entame la conversation avec Alisha au début, ils s’échangent les mêmes vannes que des collègues de bureau devant la machine à café. Pour un film d’animation qui présente un héros pour les enfants, ça ne fonctionne pas du tout.

Le pire c’est lorsque Buzz se retrouve avec Izzy et deux autres acolytes dans la dernière partie du film. C’est bien simple : ces personnages ne servent à rien. Ce n’est rien d’autre que des boulets, une équipe de bras cassés qui n’arrêtent pas de commettre des erreurs toutes plus critiques les unes que les autres. Et on veut nous faire passer ça pour des gags amusants, mais non : ça ne fonctionne pas, c’est juste agaçant et on n’a qu’une envie, c’est que Buzz les abandonne à leur sort !

Buzz l'éclair le film
« Je ne détecte aucune forme d’intelligence ici »

Et enfin, les gags sont beaucoup trop longs, comme par exemple celui des lianes qui jettent à terre les rangers dès qu’ils posent le pied au sol (au bout de la trentième fois, on a compris…), ou alors le gag du sandwich sans pain, plus tard dans le film. Pourquoi rester dix minutes sur un sandwich ??? Pourquoi ? J’ai cessé de comprendre à ce stade.

Un ZURG ultra décevant

Attention, cette dernière partie dévoile la fin et la véritable identité de Zurg ! Alors Zurg, qui c’est finalement ? Est-ce le père de Buzz, comme montré dans « Toy Story 2 » ? Et bien NON ! Les scénaristes détruisent une nouvelle fois les espoirs du spectateur en dévoilant que… Zurg, c’est en fait Buzz dans le futur !

                Pourquoi avoir fait ça… Pourquoi ? Où sont les références si drôles à Star Wars, comme évoquées dans Toy Story 2 ? Disney a racheté la firme il y a des années, alors pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Et même le passé de Zurg est décevant et ne tient pas la route. Buzz du futur a voyagé si loin à la vitesse de la lumière qu’il a découvert une « civilisation de robots » (dont on ne sait RIEN hein, sinon c’est pas drôle).

Et… il est devenu méchant à force de rester seul. Et étonnamment, cela revient assez souvent dans les Pixar : la solitude rend méchant ! Dans Toy Story 2, Papi Pépite devient jaloux et aigri à force d’être tout seul sur son étagère. Dans Toy Story 3, le nounours Lotso devient psychopathe à force d’être négligé de même. Et j’ai personnellement un énorme problème avec ça car ça ne veut pas dire qu’une personne est seule un long moment qu’elle devient psychopathe ! Mais pour les Pixar, si, visiblement. Et nous nous attendions à ce que le Buzz du futur se remette en question et cesse d’attaquer le Buzz du présent et ses amis : mais non. Ici, on reste manichéen jusqu’au bout, et Buzz doit tuer son « moi » du futur. Super.

Et après un dernier crash (encore un !) Buzz décide de rester auprès de ses amis pour toujours sur cette maudite planète. Fin. On dirait bien que « tourner en rond » est son nouveau leitmotiv dans la vie.

                Que dire de plus si ce n’est que ce film enchaîne les déceptions… Buzz l’Eclair, qui est pourtant un ranger de l’espace, n’explore rien, ni l’espace, ni la planète. Il reste échoué au même point de départ et tourne en vase-clos de manière insupportable. Le méchant Zurg est décevant, les acolytes du héros sont creux jusqu’à la consternation, tout est frustrant. Le film a voulu être wokiste et beaucoup trop réaliste pour un Disney : l’espace est montré comme n’étant rien d’autre que le néant absolu, un endroit froid et dangereux comme dans la réalité, alors qu’on aurait surtout voulu voir des aventures dans les étoiles, en fait ! Cerise sur le mauvais gâteau : Izzy a même peur… de l’espace. Elle a PEUR. De l’ESPACE.

… Non, je ne ferai plus aucun commentaire.

En revanche, il y a bien une chose de très réussie dans le film, c’est le robot-chat. Il est mignon, il est UTILE, il apporte des SOLUTIONS pour faire avancer l’histoire ! Alléluia, c’est bien le seul ! Mais virez-moi l’équipe de bras cassés que Buzz doit se coltiner jusqu’à la fin « parce que tu comprends, c’est important les AMIS » et gardez le chat ! Il fonctionne très bien tout seul ! Chose qu’a rappelé l’excellente youtubeuse « Lily S’ennuie » (Abonnez-vous à sa chaîne car elle est géniale), c’est très étonnant qu’Andy n’ait pas réclamé comme jouet Sox, le robot-chat, plutôt que Buzz. Car si Andy a bien vu ce film, c’est clairement le chat qui lui aurait volé la vedette. Il y a de grosses incohérences avec les Toy Story qui ne montrent ce chat nulle part parmi les jouets d’Andy, et c’est pour le moins étrange.

buzz l'éclair, sox
Sox, le robot-chat qui est le vrai héros du film. Gloire à ce chat.

Autre chose au niveau de l’incohérence : On ne dirait pas du tout que ce film date de 1995, comme son disclaimer le prétend. Il fait très années 2020, surtout avec le wokisme. Quitte à faire qu’il date de 1995, autant y aller à fond et proposer une image qui semble surgie d’une cassette VHS, pourquoi pas ! Avec des clins d’œil aux années 90, une musique spécifique, des couleurs plus flashy, etc. Mais non. Le tout est creux, nihiliste, décevant… C’est déprimant au possible, et pour un Disney, c’est incompréhensible… Les studios Disney ont entre les mains des millions de dollars de moyens, ils sont assis sur une mine d’or, et ils n’en tirent que du charbon. C’est franchement affligeant et on a peur pour la suite… Sachant que Pixar a fait mille fois mieux au sujet de la vieillesse et du temps qui passe avec « Là-Haut » et surtout sur l’espace avec « Wall-E » ! Disney et son côté ultra-réaliste jusqu’à l’absurde est en train de déteindre sur la créativité de Pixar, et ça n’inaugure rien de bon.

Et vous savez quelle forme a le gros vaisseau qui contient Buzz et son équipage au début ? Il est surnommé « le navet » dans le film.

Ce vaisseau. Est un. Navet. Ils l’ont fait exprès, c’est pas possible ! Bref. En un mot comme en cent, n’allez pas voir ce film. Je ne comprends pas comment Andy n’est pas devenu un enfant dépressif après avoir visionné tout ça… En tout cas je suis quelque part contente d’être née dans les années 80, une époque bénie où on ne s’acharnait pas à faire du politiquement correct, une époque où les rêves et les espoirs valaient encore quelque chose.

 

 

Rebecca

Juste une Otaku qui a chopé le virus de la Japanimation et qui ne guérira jamais ! Egalement incurable en ce qui concerne le cinéma, les blockbusters, les comics et la littérature

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