Critiques de films

Boy Erased : le cinéma continue d’attaquer (à juste titre) l’Église et ses pratiques

Boy Erased est un film réalisé par Joel Edgerton, plus connu comme acteur ayant joué dans des films comme Warrior, Gatsby Le Magnifique ou encore Midnight Special. Ici, l’acteur a décidé de traiter de l’homosexualité dans l’Église via les thérapies de reconversion, un sujet tabou dont il fallait parler. 

Boy Erased, Joel Edgerton, Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russel Crowe

Jared (Lucas Hedges) est un jeune garçon de 19 ans, fils d’un pasteur (Russel Crowe) dans une petite ville américaine. Il s’aperçoit peu à peu de son attirance pour les hommes, une faute grave pour un bon chrétien. Désireux de se repentir et de changer, il va participer à une thérapie de conversion, ce concept abominable visant à changer d’orientation sexuelle par un lavage de cerveau. Le film nous plonge ainsi dans un milieu complexe et sombre, tout en nous montrant ces contradictions. 

En effet, rien n’est jamais si simple. Si la conversion semble abjecte pour bon nombre, un chrétien américain convaincu de son fait ne trouvera pas la pratique douteuse. Un jeune homosexuel dans cette situation apparaît alors d’abord enclin au changement, mais commencera à remettre en question ses choix et ses croyances quand il découvrira, en même temps que le spectateur, toutes les horreurs qui se cachent derrière. Boy Erased ne traite donc pas que du sujet de l’homosexualité et de la conversion, car c’est certainement, et avant tout, la présentation de l’évolution psychologique d’un garçon qui découvre l’étendue de son ignorance, l’étendue d’un monde qu’il s’aperçoit ne pas connaître. Edgerton arrive à merveille à créer un intérêt aussi profond pour la découverte des thérapies de conversion que pour le personnage de Jared, là où la majorité des films n’auraient pas laissé de place à l’individualité. Or quoi de mieux pour que de montrer les répercussions sur un individu pour mieux marquer le danger global ? L’intelligence du film est donc flagrante quant au traitement du sujet, qui tarde à être réellement dénoncé pour mieux mettre en avant un conditionnement dangereux, d’autant plus choquant que le milieu est presque présenté comme sympathique.

Boy Erased, Joel Edgerton, Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russel Crowe 

Ainsi, à l’instar d’un film d’horreur, le spectateur attend d’être choqué. Sauf qu’en réalité, le film est plus fin que cela. S’il est évident que le film perturbe, ce n’est jamais vraiment à cause de grandes phases immorales, mais bien plus dû au point de vue qu’il décide d’aborder. Les découvertes semblent donc presque normales, attendues, et ne mettent en difficulté le spectateur que lorsque le personnage l’est. L’identification est forte et c’est indéniablement le choix qui a dicté tout le film, celui de se baser sur Jared et uniquement sur Jared, allant jusqu’à savamment influencer la photographie pour montrer un personnage ignorant et terriblement seul. 

Boy Erased, Joel Edgerton, Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russel Crowe

Boy Erased arrive donc à transmettre toutes ses idées à merveille. Une recherche permanente de représentations est perceptible, dans le but de montrer la pluralité des personnalités et des comportements au sein-même d’une communauté. À bas le manichéisme et vive Boy Erased qui, sans être un chef-d’oeuvre, arrive à accomplir ce pour quoi il a été conçu : une transmission d’idées et de valeurs. 

Terence

Rédacteur depuis janvier 2019. Actuellement en Licence Arts du Spectacle.

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