On a terminé

Atypical, saison 2 : This Is Him

Après avoir étonné son petit monde par sa douceur et sa pertinence, Atypical est de retour avec tout son petit monde pour une seconde saison, toujours centrée sur la vie de Sam et de sa famille, qui doit chaque jour composer avec son autisme. Fallait il une saison 2 ? Est elle à la hauteur de la première ? Est ce qu’on en veut une troisième ? On vous dit tout.

Attention, cette review contient des spoilers sur toute la saison 1 d’Atypical et traite sans détails précis des sujets évoqués par la saison 2.

Samuel est autiste. Dans la première saison d’Atypical, on découvrait son quotidien, et comment son entourage vivait. Il rencontrait Paige, une fille excentrique mais désireuse de l’aider, et l’embrassait au bal de fin d’année. Quand à sa famille, tout n’y était pas rose : si sa sœur Casey trouvait à la fois un petit ami et une nouvelle école prestigieuse, ses parents finissaient par se déchirer après l’infidélité de la mère, découverte par le père en fin de saison après les indiscrétions de Casey. Bien conseillé par son meilleur ami Zahid, Sam va devoir composer avec tous ces changements, et tracer sa propre route.

Atypical, c’était la série surprise et pourtant quasi confidentielle de l’an dernier. Force était de constater que Netflix frappait fort car loin du bruit et de la fureur des très inégales Stranger Things et autres séries Marvel, cet programme court qui ne payait pas de mine a marqué durablement les esprits de ceux qui s’y sont intéressés. Moins suivie et vendue mais très appréciée, la petite bande de Sam a eu droit à son billet retour pour répondre à quelques questions en suspens : comment le couple de parents vont ils réussir à surmonter la crise d’infidélité ? Comment Casey va s’en sortir dans cette grande école ? Sam peut-il arriver à vivre seul ? Sans émotions surfaites ou enjeux cataclysmiques, la saison 2 d’Atypical a répondu à toutes ces attentes, sans oublier quelques surprises, ni surtout sa bienveillance sans défauts et sa remarquable humilité.

atypical

On pourrait dire qu’Atypical est le pendant doux de This Is Us. La vie, la vraie est au centre de ces deux séries et elle n’a pas besoin d’artifices pour être racontée avec pertinence. Sans oublier d’évoquer des sujets douloureux (ici, l’infidélité, mais aussi le harcèlement scolaire quand Casey doit se rendre dans sa nouvelle école, le temps de quelques épisodes mémorables de délicatesse malgré la violence symbolique de ce qui est montré), Atypical surprend toujours par sa grande douceur, sa bienveillance, mais surtout sa subtilité, qui font sa force de conviction. Il est toujours assez bluffant de remarquer que l’autisme n’est pas le sujet de la série, en cela qu’il n’est qu’un des éléments qui racontent l’histoire plus large d’une famille à recomposer. Quand The Good Doctor faisait le choix du pathos bien maîtrisé et du message de tolérance presque martelé, Atypical fait le choix de montrer la normalité de l’autisme, son intégration, sans jamais avoir à expliquer face caméra qu’elle le fait.

Au fond, la condition de Sam n’est qu’un des enjeux, parfaitement maîtrisés, de la saison. Si nous sont illustrés avec force moments de bravoure ses premières histoires amoureuses, sa relation compliquée avec Paige, son évolution vers une meilleure autonomie, ces éléments ne sont que des gouttes d’eau dans les méandres de la vie de sa famille, traités avec la même auteur de vue. Au fond, c’est une autre manière de montrer que les difficultés de communications que connaît Sam, liées à son autisme, sont partagées à d’autres niveaux et d’autres manières par ceux qui ne partagent pourtant pas sa condition : ainsi, Casey doit elle aussi composer avec les conséquences sur son couple de son arrivée à sa nouvelle école, et faire ses propres décisions concernant son avenir amoureux et étudiant. Quand à ses parents, ils connaissent même une évolution plutôt négative qui les empêche tous deux de communiquer comme ils le voudraient, forçant le comparaison avec la capacité de Sam à comprendre et restituer les émotions des personnes qui l’entourent.

Le véritable apport de cette nouvelle saison est donc cette évolution drastique de l’entourage de Sam, qui in fine a des conséquences sur sa propre personne et sa manière de concevoir le monde. D’un point de vue intellectuel et psychanalytique, Atypical est bien plus pertinente et profonde qu’elle n’en a l’air, et l’émotion qu’elle véhicule par ailleurs est toujours bien servie par un casting impeccable (comment font-ils pour rendre Michael Rapaport aussi sympathique et attachant ?!).

Pourquoi ne pas en parler plus, ne pas plus la voir ou communiquer, par la production elle même, sur elle ? Sans doute la forme peut-elle effrayer, le sujet sans grands enjeux ni fantastique rebuter, pourtant on voudrait que la confiance dans ce genre de projet humble, sincère et aussi réussi, voir bien plus qu’un mastodonte creux à la Westworld soit plus souvent renouvelée. De nos jours, le public a moins de rôle se la promotion qui l’encodage et c’est vers les décideurs qu’on voudrait se tourner pour leur dire l’aspect essentiel de ces séries humaines. En attendant, que de nouvelles se créent, quitte à s’arrêter avant de se répéter (c’est l’exemple de Life Sentence l’an dernier). Quand à Atypical, on voudrait qu’elle continue encore, des questions restent à traiter et c’est tout à fait à la portée de ces merveilleux scénaristes et créateurs. On a déjà hâte.

AMD

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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