Tunnel : la trame coupée en deux

Le 11 novembre prochain, Canal + débutera la diffusion de la série « Tunnel » , remake de la série Bron.

Un cadavre est découvert au point médian entre le territoire français et anglais dans le tunnel sous la Manche. Elise Wasserman (Clémence Poésy), de la police judiciaire de Calais, et son homologue anglais Karl Roebuck (Stephen Dillane, alias Stannis dans Game Of Thrones) sont appelés sur les lieux. A partir de là, le cadavre parle, les choses s’emballent, l’affaire devient politique (une femme politique d’extrême-droite…. mais pas que) et leur collaboration va prendre une ampleur inattendue…. Le pari est risqué : adapter la série « Bron » (bientôt diffusée sur Canal + Séries) sans en trahir la portée, et prendre en compte les spécificités anglaises et françaises, qui ont une manière très différente d’aborder le genre policier…. Le chemin était semé d’embûches.

Mais Dominik Moll et Ben Edwards (Spooks) s’acquittent de la tâche à merveille, et les deux premiers épisodes, projetés samedi soir à Genève, sont très prenants, équilibrés et osons-le : maîtrisés. On reconnaît la patte du réalisateur français dans son goût pour l’humour noir surgissant de nulle part. Ou plutôt de la franche comédie, comme les tentatives de Karl de parler français. Le parti pris de la retenue des deux côtés de la police, et de faire  partir la collaboration comme une affaire normale sert la série. Oui, le tandem mal assorti de flics est  un poncif qui peut rebuter. Mais ici, le caractère asocial et à cheval sur les règles est joué avec subtilité par Clémence Poésy, qui s’en sort honorablement . Elise est une femme noctambule, dévorée par son travail et réellement passionnée, ce qui explique intrinsèquement la confiance de ses supérieurs.

Tunnel cast
©Canalplus

Mais les bonnes intentions du pilote s’estompent dans le deuxième épisode, au fur et à mesure que la série se dévoile. L’échelle s’élargit en montrant un journaliste indépendant contacté par le tueur en série, ou encore les marchands de sommeil, une maison de retraite, et le milieu du proxénétisme sur les côtes de la Manche. Toutes ces intrigues indépendantes sont assez prenantes, et la place laissée au développement des personnages est plus que correcte. Oui mais voilà : « Le Tunnel » pèche en faisant de son fil rouge une entité machiavélique jouant au chat et à la souris avec Wasserman et Roebuck. Cela donne lieu à des scènes « over-the-top » qui sont efficaces pour booster le suspense et le rythme. Mais on se demande si tant de poncifs autour des serial killers intraçables et invincibles ne ruinent pas les efforts du « Tunnel ». C’est un bémol qui est amené à prendre de l’ampleur, et les quelques scènes glaçantes qui nous sont servies dans le deuxième épisode ont du mal à laisser un goût de reviens-y.

Néanmoins, dans les Créations Originales de Canal +, ce « Tunnel » présente assez de qualités pour qu’on puisse s’y engoncer, en espérant que les seconds rôles seront plus développés (mention spéciale à Joseph Mawle en Stephen Beaumont).

Le premier épisode est visible en streaming sur le site de la chaine.

 

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