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Réhabilitation du duo Capaldi/Moffat – Doctor Who

Après l’enregistrement du podcast spécial Doctor Who, célébrant l’arrivée de Jodie Whittaker et un renouveau de la série (que vous pouvez réécouter par ici), je me suis rendue compte que Peter Capaldi, qui m’avait enthousiasmée, n’était pas reconnu à sa juste valeur selon moi. Plus précisément, le duo Capaldi/Moffat. Capaldi étant la 12e incarnation du Docteur et Moffat le showrunner de la série de la saison 5 à la saison 10.

Pour reprendre le contexte, Peter Capaldi apparaît en saison 8, après Matt Smith, personnage loufoque, très apprécié des fans malgré quelques réticences au départ (jugé trop jeune, notamment, ne répondant pas assez aux canons de beauté, etc.)

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Capaldi, trop vieux ?

Capaldi, à l’inverse de Smith, a lui été considéré comme « trop vieux » pour incarner le Docteur. Rappelons que le Docteur, à ce moment là a atteint plus de 900 années de vie. Rappelons aussi que dans la première série, celle des années 60, le Docteur est incarné par pas mal de personnes d’âge avancé. Bref, cet argument est à peu près aussi nul et non avenu que « non, mais le Docteur est un homme, point ! » face à la découverte de Jodie Whittaker dans ce rôle qu’elle incarne (à merveille) depuis cette année.

En ce qui me concerne, il m’a fallu environ 1 saison pour m’habituer à lui. Pas parce qu’il était vieux, mais juste parce que son personnage était sacrément différent de celui incarné par Smith. Je le trouvais assez désagréable avec Clara (la compagne humaine du moment) et très froid.

Après un revisionnage de cette saison, j’ai réalisé que c’était beaucoup plus complexe que ça : Clara est en totale opposition avec lui. Elle a beaucoup de mal à se faire à l’idée qu’il est « son » docteur, avec un physique et un caractère différents, mais avec les mêmes souvenirs, et est même parfois cruelle. Du coup, je comprends mieux son attitude à lui, qui est très juste et finalement pas si désagréable que ça. Il réagit toujours de la façon la plus digne.

Au bout du compte, Peter Capaldi incarne un Docteur extrêmement gentil (comme toujours), garant d’une justice honnête et loyale (son discours contre la guerre est un des moments les plus émouvants de la série) et aussi loufoque ! Même si cela ne se distingue pas au premier abord comme cela pouvait être le cas avec Matt Smith.

Moffat, trop … Moffat ?

Je sais depuis quelques temps que Steven Moffat est très décrié par pas mal de fans de la série, sans que j’en comprenne l’essence même.

Pour moi, Moffat a écrit certains des épisodes les plus forts de la série, notamment quelques-uns avec le duo Capaldi/Coleman, l’actrice qui interprète Clara Oswald.  Il est le créateur de monstres géniaux de la série, comme les anges pleureurs (« wheeping Angels » en VO) qui ne bougent pas à cause d’un verrou quantique (cette idée de génie !)

Ou le Silence, monstres dont nous sommes incapables de nous souvenir dès qu’on les quitte des yeux. Il a écrit à la fois le plus torturé et sombre des Docteurs tout en lui laissant une part de légèreté bienvenue.

Il est l’auteur qui s’est amusé à distiller des petites informations au fil des épisodes pour les voir ré-apparaître quelques épisodes, voire saisons, plus tard, nous permettant ainsi de comprendre son fil rouge. (Ce que Jenna Coleman et Peter Capaldi appelaient des « Moffat loop », des « boucles de Moffat »)

Il a écrit un épisode illustrant le « paradoxe de l’écrivain », génialement absurde et non fini (comme l’est le « paradoxe de l’écrivain »). Pour faire simple, tu as une machine à voyager dans le temps, tu retournes dans le passé pour rencontrer Shakespeare, et lui donner « Roméo & Juliette ». Sauf que comme tu lui as donné, il n’en es plus l’auteur, il n’a fait que copier ce qu’on lui a donné. Et du coup, dans le futur, cette « copie » n’a pas été écrite par Shakespeare, vu que ce n’est qu’une copie de ce que tu lui as donné… Bref, c’est le serpent qui se mord la queue. Et l’épisode « Before the flood » en est une parfaite illustration (épisode 4, saison 9)

Et il est l’auteur de la saga autour du segment sur River Song, la femme du Docteur, avec une fin à la fois tendre et mélancolique.

L’ère Capaldi, pas assez moderne ?

L’un des reproches mis en avant lors du podcast cité plus haut, c’est que certains fans trouvaient l’ère Capaldi/Moffat pas assez moderne. J’ai eu du mal à comprendre en quoi ce n’est pas moderne : l’utilisation du mythe du Docteur ? Les effets spéciaux ? La narration ? La mise en scène ?

Je trouve à bien des égards, le duo au contraire plutôt moderne. Moffat a été celui qui a essayé de redonner un coup de jeune au style du Docteur, à sa façon de penser, avec l’exemple le plus flagrant : la rencontre entre le Docteur et sa première incarnation (la première filmée, en tout cas), un vieux docteur rétro et dont la misogynie, quoique liée à son époque, est bien présente.

Certes, on pourra me rétorquer que Moffat n’a jamais fait dans l’inclusif avec Doctor Who : peu de représentation de noirs, arabes, indiens, trans, bi, etc. Mais en même temps, on peut se demander si c’est le rôle d’une série de choisir d’inclure des minorités uniquement pour bien être vu. Je pense que si cela apporte quelque chose à l’histoire, cela peut être nécessaire, mais pas forcément utile dans Doctor Who qui démontre tous les jours son ouverture d’esprit. Bill Potts, la dernière compagne de 12th, était métisse et homosexuelle. Mais ça n’était qu’un postulat qui n’était pas spécialement mis en avant, à part sur l’aspect homosexualité dans un épisode où ils rencontrent des romains dont la particularité étaient d’être bisexuels sans gêne ni difficulté.

En réalité, c’est là où je trouve l’ensemble hyper moderne : elle est homo ? Bon, ok, tant mieux pour elle. Le Docteur est une femme ? Ok, d’accord. Le Maître est devenu une femme ? Bien. Cette acceptation des choses sans se torturer la tête me paraît saine, au moins dans le cadre de la série. On peut avoir des séries qui sont là pour montrer les choses, dénoncer, faire accepter, et c’est bienvenu, mais je ne crois pas que ce soit le rôle premier de Doctor Who.

En matière de narration et de mise en scène comme des effets spéciaux, je maintiens que la série est tout aussi moderne que le ton donné par Moffat et Capaldi. On a une série qui n’a pas à rougir au niveau de ses effets spéciaux, ou de la mise en scène par rapport aux superproductions américaines ou à l’opposé de nos séries bien françaises (non, pas d’animosité, mais il y a une « patte » bien française qu’on ne retrouve nulle part ailleurs).

Alors, s’agit-il d’un manque de modernité en ce qui concerne le mythe du Docteur ? Peut-être. Mais en ce qui me concerne, je n’ai jamais voulu voir la série des années 60 (de peur d’être terriblement déçue), ainsi les symboles classiques et reconnus du Docteur (les sons du TARDIS et du tournevis sonique, l’immanquable « it’s bigger on the inside », le « Doctor ? But, Doctor Who ? » et les monstres kitsch de l’ancienne époque comme les Daleks ou les Cybermen) ne me choquent pas à être ré-utilisé encore à notre époque. D’ailleurs, dans la nouvelle saison avec Jodie Whittaker, le « it’s bigger on the inside ! » m’a manqué ! 3 compagnons qui rentrent dans la minuscule boîte pour découvrir un intérieur super grand et pas un pour annoncer que c’est plus grand à l’intérieur !

Bref, reprendre les codes de l’ancienne série pour les mettre à neuf ne me semble pas un manque de modernité, mais au contraire un clin d’oeil sympathique aux anciens et une mise dans le bain pour les nouveaux. Et cela ne me déplaît pas. Une série est un rituel avec des habitudes, des préférences, et il ne me paraît pas dingue de perpétuer une sorte de « tradition » ou plutôt de « rituel » lié à la série, qui n’empêche pas, par ailleurs, de redonner un coup de jeune à tout ça, coup de jeune fait avec brio selon moi, depuis 2005.

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En conclusion, j’espère vous avoir donné les clefs pour mieux comprendre l’ère Capaldi/Moffat et vous donner envie de vous replonger dans les épisodes. Ainsi que de découvrir les nouveaux épisodes avec Jodie Whittaker, diffusés sur France 4, seulement 4 jours après la diffusion anglaise (chose suffisamment rare pour le souligner 3 fois, en rouge), tous les jeudis soirs en 2e partie de soirée (entre 22h30et 23h en gros). Episodes enthousiasmant également mais dont j’attends la fin de saison pour donner un avis complet sur le sujet !

Iris

Picarde, 2e des 3 fans français de Dr Who, sériephile, dessinaniméphile, x-phile et motion designer de métier

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