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Comment exploiter les films d’horreur au cinéma ?

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On en parle depuis plusieurs jours, des salles refusent de prolonger l’exploitation du film Annabelle à cause de débordements dans les salles. Ce n’est pas la première fois et c est symptômatique de la crise que vit le genre.

« Pour des raisons de sécurité« , les mots sont forts mais ce sont bien ceux de certains exploitants qui ont annulé les séances du film Annabelle après des débordements. Dégradations, cris, pillages, on nage en plein délire quand on lit les comptes-rendus des séances. Ce n’est pas la première fois ni le premier film qui est sujet à ce genre d’irrespect. Paranormal Activity 4 et Sinister en ont fait les frais.

Il faut comprendre que les fans du genre défendent bec et ongles l’exploitation de ces films dans un parc de salles suffisamment grands pour que le film ait une exposition et une carrière efficace. Si on prend en compte la signalétique de certains films, il est déjà difficile pour un film de genre d’exister en salles.

Sinister était interdit aux moins de 12 ans et Paranormal Activity 4 n’a eu qu’un Tout public avec avertissement. Si on ne peut pas dire que les deux films soient identiques dans la terreur, les résultats étaient les mêmes :

«Pendant la projection, le public partage à voix haute ses impressions, crie, hurle, circule dans la salle. C’est un peu comme à la maison» témoigne une spectatrice de Paranormal Activity 4.

«Ce long-métrage attire des groupes d’adolescents, entre 13 et 17 ans, qui viennent jouer à se faire peur», explique Claire Zambaux, community manager pour Paramount, distributeur de PA 4

« Des comptoirs à confiserie pillés, des caissiers insultés, de l’urine sur les fauteuils » précise Jean-Philippe Tirel, directeur général de Wild Bunch, distributeur de Sinister.

«Des bagarres dans la salle» juge UGC pour Annabelle.

Voilà le résultat quand des jeunes se croient dans une soirée privée entre potes. Voilà le résultat pour l’exploitant : 40 salles en moins pour Sinister. Le résultat pour le ditributeur ? Des entrées en moins malgré un buzz à double tranchant.

Comment aborder l’exploitation du film d’horreur ? Doit-on l’interdire aux moins de 16 ans par défaut ? Le problème va plus loin. Si on produit des films de genre assez aseptisé pour toucher ce coeur de cible des 12 / 16 ans, il y va de la bonne tenue des cinémas, de la bonne ambiance et de l’intérêt des amateurs de flippe comme on peut en trouver chez d’autres tranches d’âge.

Annabelle est interdit aux moins de 12 ans mais j’imagine mal des gamins de 10/ 11 ans aller au cinéma tout seul ou alors je ne comprends plus ce monde.

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©DR

Réduire le prisme du public ciblé peut-il permettre aux films d’exister calmement dans les salles ou faut-il mettre cartes sur table et demander aux exploitants de faire leur travail plutôt que de compter les billets ? Conjuring, interdit aux moins de 12 ans, a cumulé plus d’un million  de spectateurs, ce qui en a fait le film d’horreur le plus vu depuis 14 ans. Les films Saw ont subi une exploitation de plus en plus réduite mais il n’y a eu aucun débordement. Evidemment, les films cités sont tous très différents et le gore de Saw n’a pas le même impact que l’épouvante de Conjuring. On sait tous que les gens aiment bien combattre leur peur, leur effroi par le rire. Pour certains, c’est vraiment un déclencheur de pulsions puériles.

Alors oui, entendre des gens rire durant un film de genre, c’est chiant, mais ce sera toujours mieux que des débordements. Personnellement, je ne vais plus au cinéma à cause des rires. L’ambiance se voit casseé, l’atmosphère désacralisée. ON ne sait même pas pourquoi on rit, si ce n’est parce qu’on s’attend à quelque chose mais c’est la bse de ces films : le suspens. Si pour certains connards, ce genre de films les rend hystériques ou carrément idiots, il faut vraiment faire quelque chose. Désacraliser le principe même de la communion du public en limitant tout film de genre aux mineurs. Ca poussera peut-être au téléchargement oui, mais au moins ça n’empêchera pas aux autres de profiter d’un film qu’ils ont payé. Ces jeunes ont sûrement une carte UGC qui a permis d’ouvrir les portes facilement pour tous les films. Ce genre de Graal permet de faire ce qu’on veut, quand on veut… où on veut.

Annabelle a fait tout de même 430.000 entrées en à peine une semaine. C’est mieux que Conjuring et les séances proche d’Halloween seront à surveiller. Faisons la part des choses entre la qualité du film, le genre, le pouvoir de l’histoire et le comportement et les scrupules de certains. Le film de genre est à préserver.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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