Critiques de films

The Voices : MER IL ET FOU

Marjane Satrapi suit une carrière étrange et fascinante. Après Persepolis, Poulet aux prunes et La Bande des Jotas, Satrapi propose The Voices pour sa première collaboration américaine. Et elle a bien fait.

Jerry voit son psy, prend des médocs, se soigne tant bien que mal. Il faut dire qu’il est un peu fou et instable. Ca ne l’empêche pas de travailler dans une usine de baignoires à Milton, petite ville des Etats-Unis. Son chat lui parle, son chien lui parle et son obsession pour Fiona, sa collègue, va peu à peu glisser vers le morbide.

Ryan Reynolds n’avait plus fait parler de lui en bien depuis son interprétation parfaite dans Buried. Avec The Voices, in incarne à la perfection Jerry, trentenaire instable au regard perdu et à la démarche incertaine. Autour de lui, Fiona est jouée par une Gemma Arterton qui se prend au jeu et qui délivre une partition fraîche et décontractée. Lisa est l’outsider dans ce triangle amoureux. Anna Kendrick apporte son minoi de Girl next Door pour compléter un casting parfait. Terminons par Monsieur Moustache et Bosco parfaits sidekicks pour un film fou et dérangé.

the voices
©LePacte

The Voices arrive avec un script original, tiré d’aucune oeuvre existante. On pourrait penser à un livre ou à une BD mais tout le travail de Satrapi a été de donner vie à un script déjà bien barré. Elle a apporté un travail de couleurs et de second degré très appréciables. Comme elle le dit elle-même, elle travaille chaque projet avec une imagerie bien définie. Cela se ressent dans The Voices tellement les couleurs chaudes donnent au projet un côté surréaliste. Ce constat se retrouve dans la manière de filmer la folie du personnage. Les couleurs s’effacent quand la folie bascule. Il serait même faux de dire que c’est la folie qui se révèle vu que le personnage de Jerry ne change pas d’un iota. Satrapi a eu l’excellente idée de joeur avec les points de vue.  On ne voit pas le monde via les yeux d’un personnage qui bascule mais plutôt via ceux d’un homme qui est découvert comme déviant. La grande qualité du film a été de ne changer que les regards extérieurs et de définir son personnage par une norme qui est sa folie. Un chat qui parle? Un désir inavoué ? Normal dans le postulat du film. Pour les autres ? C’est autre chose. The Voices est un voyage dans la tête d’un schizophrène où tout ce qui est déviant est accepté. Le jeu de Reynolds renforce l’idée maîtresse que Jerry est un homme bon et gentil et que le moindre soupçon le montre sous un jour nouveau. Satrapi réussit très bien son coup et fait de The Voices un film original comme on en a trop peu de nos jours.

Une comédie horrifique bien mise en scène et très bien incarnée pour The Voices, jamais idiote dans son sujet et qui ne pêche pas par excès de gags ou d’ambiance. Le public n’est jamais en terrain conquis et il sera attrapé par le script dès que le film bascule dans une fable morbide et glauque finement orchestrée.

Le film sort le 11 mars dans nos salles et c’est à voir absolument.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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