Hors Salles

The First Time : c’est la bonne

Et si on parlait teen-movie ? Comédie romantique ? Non ? Et pourtant, avec 4.3 sur Allociné, on peut se demander pourquoi First Time sort selement maintenant en DVD chez M6 vidéo.  Deux ado qui se tournent autour, un réalisateur issu de Freaks and Geeks, Dawson et Californication, un thème vu et re-vu… et pourtant…

Un garçon, une fille. Ils se rencontrent. Ils tombent amoureux pour la première fois. Mais ils s’aiment d’un amour torturé. Leur relation tourne au chemin de croix. Inévitablement… Voilà comment Allociné vend le film. Et le film raconte exactement ça à un détail près. Le chemin de croix arrive lors d’une scène cruciale, qui ramène au titre : la première fois.

Revenons en arrière. Une fête bat son plein dans une maison. Alcool, belles nanas, geeks en rut, tout y passe. Le générique propose le best-of des films du genre. Devant la maison, Aubrey (Britt Robertson, Under The Dome) prend un peu l’air. Elle croise Dave (Dylan O’Brien, Teen Wolf) qui fait les cent pas. Curieuse, elle lui demande ce qu’il fait. Dave tente de se préparer à déclarer sa flamme à Jane (Victoria Justice, Eye Candy) , la fille avec qui il passe la plupart de son temps depuis des années, la fille qui parait inaccessible, qui enchaîne les relations mais qui ne voit pas que son meilleur ami est fou d’elle.
La discussion s’installe et l’attirance l’un pour l’autre est immédiate.

First Time
©Samuel Goldwyn Films

D’accord, le postulat de First Time fait peur mais attendez ! Le côté cul-cul va vite laisser sa place à une romance des plus justes. Le ton est rapidement différent par le choix judicieux de tout faire passer par les deux seuls comédiens pendant les 20 premières minutes. C’es quasiment un huis clos qui s’installe. Ils vont échanger pendant de longues minutes devant cette maison, sur ce trottoir puis dans la chambre de cette fille. La relation peut paraître rapide mais on ne se pose même cette question puisque le film reste sur des sentiers ni potache ni niais. Dave est maladroit, hésite à la suivre, tandis qu’elle est rêveuse, pas du tout allumeuse et casée ! Le film prend toute son ampleur après cette scène. Ils s’endorment et se réveillent le lendemain matin en catastrophe, Dave s’enfuit de chez Aubrey sans son numéro de téléphone. S’en suit une discussion entre Dave et ses deux potes. Ces deux personnages secondaires sont excellents entre Simon, le petit à lunettes limite plus alerte sur la vie que tout le monde et Big Corporation, le gros black qui dit un mot par minute mais qui le dit bien.

 

First Time
©Samuel Goldwyn Films

 

Le film suit les balises de la comédie romantique pendant une bonne demi-heure. Le quatuor amoureux avec Jane, Dave, Aubrey et Ronny n’est pas des plus éclatants, les regards s’échangent, se fuient et on sait pertinemment que Aubrey et Dave vont finir ensemble… Là où First Time fonctionne c’est qu’il n’est jamais partisan d’un genre comique. Nous ne sommes pas dans la pure comédie ado avec sexe, potacherie, ni dans la romance avec les clichés du genre, ni dans la comédie romantique Disney avec des jeunes beaux dans un monde parfait. Il y a en effet dans First Time, un désir permanent de coller à une réalité peu souvent racontée. Nous ne sommes pas dans l’exagération Skins ou les soucis psychologiques de Dawson. Le fait que Jon Kasdan ai fait ses armes sur Dawson et Californication lui permet d’offrir un regard quasiment neuf sur les amourettes adolescentes.

First Time
©Samuel Goldwyn Films

 

Le titre parle de la première fois et ce n’est pas vraiment le sujet du film mais plutôt le pivot du film. Les deux jeunes vierges vont passer une première fois assez horrible. Dès lors, leur relation va être biaisée. Ils se sont vus dans une certaine intimité, dans un acte privée et rien n’a réussi. Sont-ils allés trop vite, étaient-ils prêts, sont-ils mauvais ? Beaucoup de questions qui passent dans la tête des personnages. C’était pourtant bien parti. La soirée se passe bien, les deux ado se rapprochent et le petit plus qui fait sortir le film du lot est qu’Aubrey… n’a pas de soutien-gorge. Ca peut paraître ridicule mais, elle porte un débardeur sans soutien-gorge là où dans les teen-movies, la fille serait topless ou alors avec un pull dans les Disney, nous avons le parfait compromis et cette aspect va jouer beaucoup sur la scène. Leur rapprochement est beaucoup plus sensuel, on sent l’ambiance sexuelle. First Time réussit le pari de ne pas trop en faire ni d’embellir les choses ! C’est ce qu’un teen-movie de cette trempe doit faire, être réaliste en apportant une touche d’embellissement à la Hollywood.

L’autre facette intéressante du film est de faire passer les adolescents pour des personnes jamais portés sur le cul, jamais hors de contrôle après trois bières, bref des ados ni trop propres sur eux, ni trop excessifs. A ce sujet, quand Dave et Jane se retrouveront après une soirée seuls dans une chambre et que Jane racontera ses escapades, saoule, quasi offerte à Dave, celui-ci préférera ne pas céder aux tentations. La différence avec une comédie prude c’est qu’ici, Jane est caractérisée de telle façon qu’il n’y a aucune supercherie, superficialité. Ce n’est pas la salope de service, ce n’est pas le cliché ambulant de l’allumeuse. Il y a un vrai challenge d’offrir des personnages caractérisés au centimètre ! Le film touche juste avec des personnages conscients de l’image qu’ils véhiculent.

 

First Time réussit sa mission, offrir une comédie romantique au plus près de ce que l’essence même du genre doit donner. IL manque un peu plus de challenge pour arriver à atteindre la nonchalance morbide de Skins tout en s’exécutant à la manière d’un Dawson, avec l’approche trouble de cette période de l’adolescence. First Time, quoiqu’un peu trop sage, arrive cependant à ne pas devenir niais, ni trop gentil et parvient à raconter une histoire sincère et juste.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *