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Les Sept Mercenaires : Training Day is over

Film cultissime et western parmi les westerns, Les Sept Mercenaires, film de John Sturges sorti en 1960, n’échappe pas à la vague actuelle de remakes hollywoodiens. C’est Antoine Fuqua qui s’y colle, lui qui est connu pour Training Day et The Equalizer. Pour un résultat moins pire, mais aussi moins bien qu’attendu. Verdict.

Petit rappel : les Sept Mercenaires, ce sont donc sept fines gâchettes, aux profils différents (un joueur, un trappeur, un officier de police…) mais toutes guidées par le goût du risque, embauchées par de pauvres fermiers d’un petit village local (ici Rose Creek) pour défendre ceux-ci contre un magnat de la terre et de la propriété pratiquant des exactions répréhensibles et des tarifs scandaleux. S’engage dès lors une bataille d’influence qui se règle à coups de pistolets…

©Sony
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Oui, clairement : quand on a vu que le Hollywood aujourd’hui choisissait de remaker le Hollywood d’hier (et quel plus grand exemple que les Sept Mercenaires), on s’est dit que peut-être, là, ca allait trop loin. Surtout que, en plus de partir avec une défaveur face à son illustre modèle, la comparaison avec le film d’origine allait forcément lui tomber dessus. Et par endroits, le film va trop loin : dès la première scène, c’est violence à tout va, une impersonnalité du flingue qui gêne plus qu’autre chose, le tout mené par un Peter Sarsgaard anonyme en méchant. Le film de 1960 insistait lourdement, en plus d’une irruption de la noblesse dans le train de vie des ouvriers, sur une relation interraciale entre Américains et Mexicains, avec cette importance de la frontière comme espace de rencontre et d’entraide. Les Sept Mercenaires 2016 n’en fait rien, et choisit d’appuyer là où ca fait mal en Amérique en insistant sur la place de la religion (beaucoup de plans sont films depuis, dans, et par rapport à une église) et le caractère mécréant du baron Bogue. Bien que ce soit du déjà-vu (Kingsman le faisait en le parodiant), la proposition d’Antoine Fuqua, et c’est là une des forces comme des faiblesses du film, tend à résolument éviter le plan par plan cérémonieux et ennuyeux. Ce qui lui joue quelques tours mais aussi quelques mauvais : si le plot twist final, qui révèle les origines du personnage de Sam Chisolm (Denzel Washington sans relief, à des lieues du charisme et de la présence de leader de Yul Brynner), est très marquant considérant qu’on ne le voit pas venir, il perd toutefois en crédibilité tant l’idée a déjà été explorée par Quentin Tarantino dans Django Unchained trois ans auparavant, perdant dès lors l’occasion rêvée et décisive de faire une distanciation claire d’avec son modèle.

©Sony
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Comme redouté dans ce genre de remake à la volonté de modernité, de revisite, d’efficacité, et, forcément, de mercantilisme, la substantifique moëlle qui avait pu être dans le film originel (discours social, le rêve américain, la rencontre des peuples, l’image de la solidarité, le syncrétisme des classes sociales contre un ennemi…) est quasiment entièrement sacrifiée sur l’autel de l’action pour l’action. De fait, toute l’introduction sur la rencontre et la caractérisation de ces personnages amenés à vivre ensemble quelque temps est expédiée : Chisolm rencontre un bandit et l’embarque dans l’équipe, il envoie Faraday (Chris Pratt, agaçant), qu’il a embauché parce qu’il a racheté son cheval, chercher Goodnight Robicheaux (Ethan Hawke est comme son surnom, en surrégime) et son acolyte asiatique lanceur de couteaux (on espère que Byung-Hun Lee s’est un peu emporté contre cette discrimination positive…), puis va chercher Horne (Vincent d’Onofrio dans une des plus tristes performances de sa carrière), un trappeur qu’il a connu jadis, et embauche un Indien aléatoire. Emballé c’est pesé, au mépris des clichés, des facilités, la question est épurée pour au plus vite passer à l’action du film. Antoine Fuqua semble l’admettre à demi-mot dans ces Sept Mercenaires 2016 : outre les plans voire répliques en hommage au film original, montrant son respect pour son modèle et montrant (c’est la moindre des choses) qu’il ne fera pas du John Sturges, Fuqua s’attelle à envoyer du punch, de la pétarade (trop bruyante au demeurant) à tout va pour essayer tant bien que mal de combiner l’esprit de l’histoire avec ses capacités de faiseur qui ont fait son succès.

©Sony
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Et dans cette optique, ce Sept Mercenaires 2016 est à créditer de plusieurs bonnes séquences d’action, très efficaces et bien réalisées. Embrassant la vague de ses succès (commerciaux) passés, mais aussi l’avidité du public d’aujourd’hui pour de la bonne bagarre bien calculée, Fuqua l’opportuniste a décidé de miser sur les deux séquences cultes d’échanges de balles du film original et de tâcher de les magnifier pour laisser pleinement sa trace sur le film. Et il est vrai que tant la première, celle de la première confrontation avec les hommes de Bogue, bien que peu subtile car regorgeant de plans iconiques sur chacun des Sept (parfois jusqu’à l’écoeurement, comme s’il voulait absolument justifier son titre), fonctionne très bien et a l’avantage notable de participer totalement à l’élaboration de la légende en marche de ces personnages. Cela n’est pas plus mal considérant que pour le reste, chacune de leur personnalité, pourtant saillante dans le Sept Mercenaires original, est passée à la moulinette : en témoigne Robicheaux dont l’espèce d’appréhension avec les armes est à peine expliquée et sert juste à mettre en marche son départ puis son revirement pour la bataille finale, en calque d’Harry Luck dans le film initial ; ou Emma Cullen, stéréotype de la demoiselle en détresse, filmée de manière relativement intéressée et donc douteuse. Sans compter leurs interrelations inexistantes si on excepte Robicheaux et Billy, Sam Chisolm se contentant de les assembler et de voir ce que ca donne. Tout ce qu’il reste est un chaos, qu’Antoine Fuqua représente surtout mécanique dans la longue séquence finale face aux hommes de Bogue, via l’image de cette terrifiante et dévastatrice mitrailleuse, qui élève le combat à un autre niveau (la mort de Robicheaux et de Billy est en ce sens impressionnante), et, pour peu qu’on considère que ce soit une patte, imprime la marque de Fuqua sur le film, celle d’un divertissement quasi-sans âme mais pas sans intérêt, s’assumant jusqu’à la fin. La seule chose qu’on ne peut pas lui pardonner reste cet écueil classique du cinéma américain consistant à autojustifier et s’autojustifier dans ce genre de films, ici via un discours final lourdingue pour rappeler que oui, ils étaient Sept, magnifiques (le titre anglais est The Magnificent Seven). Mais bon, on ne peut pas tout avoir…

Les Sept Mercenaires n’est donc pas la catastrophe attendue. Mais pas un chef d’oeuvre non plus. Il est exactement ce qu’il devait être, finalement. En salles aujourd’hui.

Leo Corcos

Critique du peuple, par le peuple, pour le peuple. 1er admirateur de David Cronenberg, fanboy assumé de Doctor Who, stalker attitré de David Tennant.

Une réflexion sur “Les Sept Mercenaires : Training Day is over

  • Jesse Pinkman

    Ah la dessus……je ne peut qu’être en total désaccord ^^…..mais bon je comprend.

    Est bah……BEAUCOUP aimé. Je pense que la grande force du film réside dans 90 % de sont Casting. Ceux qui ne seront que peux attacher au personnages….ca risque de mal passer.

    En tout cas j’ai passer un trés bon moment en compagnie de tout c’est personnages. Je pense que c’est l’une des grande réussite du film, nous faire attacher (en peux de temps), a tout c’est perso….et le cast n’y est pas étranger.

    J’ai enttendu dire par si par la, que ce qui embêter un peu les gens, c’est qu’on ne comprenez pas les motivation des perso…..ah bon. Alors oui le film ne prend pas 30 minutes avec tout le monde (le film s’aurait éterniser), mais pas besoin…..ont comprend pourquoi chacun vienne se mettre la dedans (argent, vengeance, rédemption, aider c’est compagnon)….tout en comprenant qu’il ont tous un passé.

    Pour moi le film manque juste de une a deux séquence d’action. Ne vous attendez pas a de grosse bataille. Non pas que je me suis emmerder (TOUT le contraire), mais ca aurait était bienvenue…..vous me direz la scène de fin….WHOO.
    Le perso de Red vient un peux aussi comme un cheveux sur la soupe….mais bon, ca passe….et le perso est charismatique.

    En tout cas, encore une fois le cast est VRAIMENT le point fort, que ca soit Chris Pratt….qui fait ce qu’il sait faire de mieux….ET SA MARCHE (les réplique fuse avec lui). Tellement excellent le perso. Ou encore Vincent D’ Onofrio….whoo….quel masse, sont perssonage ma beaucoup plus (assez a part dans sont genre), Billy Rocks aussi (classe), d’ailleurs sont duo avec Goodnight ma beaucoup plus. Ont sent qu’il ont un lien par rapport a leur passé…et pas besoin de s’attarder 3h….ont comprend vite et les acteur font passer beaucoup de choses . Autre duo que j’ai beaucoup aimé le duo naissant entre Farraday et Vasquez, bien délire.

    La superbe Hayley Bennet n’est pas en reste aussi….toute aussi superbe que c’est compagnon masculins…….quand a Peter Sarsgaard, il joue a merveille la pourriture du film.

    La réa est aussi un trés bon point du film, de magnifique plans…Fuqua fait un Western qui respecte les codes….en lui apportant plus de peps et une touche de modernité qui ne fait pas de mal.

    Bref……trés bonne surprise pour ma part….qui reste différent des 2 films précédent….qui n’a pas la prétention d’être plus que ce qu’il est.

    4/5

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