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Marvel’s Inhumans : gloire aux esclavagistes, mais maudit soit le public !

Les propositions audiovisuelles Marvel se suivent et se ressemblent un peu : en plus d’un univers cinématographique généralement fadasse qui s’autorise quand même parfois quelques surprises, la firme propose depuis peu avec Netflix des séries qui tiennent debout quelques épisodes (avec une saison, Daredevil détient le record), avant de s’effondrer qualitativement. Qu’importe, le public (dont nous) est toujours là, et c’est cette fois-ci au tour d’ABC de nous proposer une nouvelle … épreuve !

Ce suivi critique, en fonction des semaines, spoilera très probablement l’intrigue d’Inhumans. Il est recommandé d’être à jour avant de le lire !

Alors qu’ils dirigent un système à base d’esclavagisme des moins doués, une caste de super-héros aliens lunaires voit sa réussite contrariée par le seul humain sans pouvoir de la bande, qui, faute d’obtenir la place à la fois sentimentale et politique qu’il souhaiterait obtenir, décide de mener une révolte.

Quel honneur, d’avoir pu apprécier le début d‘Inhumans en deux épisodes, formant ainsi plus d’1h20 de délires spaciaux comme on ose plus en faire ! Plus sérieusement, on aimerait ne pas regarder la nouvelle série Marvel comme un plaisir coupable, en parler autrement que par dessus la jambe mais c’est tout bonnement infaisable tant la série tend le bâton pour se faire battre, sur tous les plans. Pour une fois, ce n’est pas ici que vous allez lire un avis différent des autres : quand ça veut pas, ça veut pas. Fascinant de voir que la série a pourtant un postulat qui ressemble beaucoup à celui d’une réussite de la saison, à savoir Star Trek Discovery, puisqu’elles font toutes deux le choix d’un attachement à des personnages qui, soient meurent, soit (ici) sont tous trahis et laissés soit sans pouvoirs soit isolés.

Inhumans
La fine équipe …

Seulement, pour commencer par un coup de tonnerre, il faut savoir manier la foudre. Comprendre ici : qu’il y ait un attachement aux personnages, ou au moins un traitement suffisant pour que le spectateur soit un minimum concerné émotionnellement. Ici, rien ne fonctionne : sur la forme, les images font tellement série Z à bas budget qu’on a peine à croire qu’ABC a donné (selon des rumeurs et des estimations américaines) 10 millions de dollars (!!!) pour produire un seul épisode de la série ! Tous les visuels font CGI, ou costumes low-cost, l’image est pleine de détails que permettent les caméras IMAX utilisées mais elles n’ont à montrer que des couloirs et des salles vides où les personnages discutent devant un fond vert mal incrusté et filmé en champ-contrechamp … L’incrédulité est totale, le public avait été prévenu mais la surprise est impossible à éviter. Où est passé l’argent ?

Certainement pas dans la poche des scénaristes, qui n’ont trouvé d’autres solutions qu’une intrigue étrangement manichéenne. Jamais le système de castes esclavagiste n’est remis en question dans l’intrigue, par aucun des personnages principaux … Les gentils, ce sont ceux qui en profitent, et sont mis à bas par le méchant, qui tourne la haine des esclavagisés (non, sans blague) contre eux … On aimerait croire à une ambiguité mais la manière d’incarner les personnages rend bien impossible tout autre interprétation qu’une interprétation binaire, dans une dualité artificielle et franchement douteuse.

Inhumans
Ce truc …

Et si ce n’était que ça … Qu’il s’agisse de Black Bolt, leader du groupe interprété sans vie, de Medusa, aux cheveux vivants et dangereux mais reléguée à un objet sexuel que ne renierait pas Pitof, tout semble écrit pour manquer sa cible dans Inhumans. La proposition a quelque chose d’absurde dans les choix artistiques, on pense franchement à la parodie quand l’action vient et que les trahisons s’éveillent, on se me à rire inexplicablement alors que ce n’était certainement pas le but de la série. On peut en effet aisément deviner où l’épisode veut mener les émotions du spectateur, quand il est démonstratif dans sa mise en scène sonore (t’as entendu la musique ? Faut pleurer là !), mais le désintéressement est tel qu’on peine à ressentir ce qu’il faudrait au bon moment. En plus de ne pas satisfaire le spectateur, la série ne lui fait pas assez confiance pour savoir quel évènement est triste ou non …

A la fin de d’épisode, les cartes sont redistribuées. Les puissants sont devenus les résistants et la série va conter leurs tentatives de reprendre le pouvoir, sous l’oeil présumé bienveillant du spectateur. Mais, vu la manière où vont les choses, cet œil ne le sera ni pour la série, ni pour les personnages …

AMD

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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