The Heroic Legend of Arslân : le Seigneur des Anneaux japonais

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The Heroic Legend of Arslân est avant tout une saga de livres, écrites par Yoshiki Tanaka, démarrée en 1986. Déjà adaptée en manga et en jeu vidéo suite à son immense popularité, la série est rééditée depuis 2013, sous la forme d’un nouveau manga, par Hiromu Arakawa, la dessinatrice talentueuse qui a créé Full Metal Alchimist. C’est dire si de nombreux talents sont réunis pour la création de cette œuvre. Ici, la série de The Heroic Legend of Arslân paraît en France aux éditions Kurokawa depuis mai 2015. Il ne s’agit pas d’un simple manga, mais d’un très grand livre sous forme d’images, et qui mérite toutes les louanges.

heroic-legend-arslanL’histoire prend place dans un univers d’héroïc-fantasy qui s’inspire d’une légende perse, Amir Arsalan, dont Yoshiki Tanaka s’est inspiré. Dans son oeuvre, Andragoras III est le roi guerrier du royaume de Parse, très fort et respecté de ses sujets, à la tête de la meilleure armée du monde. Il a pour épouse la reine Tahaminé, une femme extraordinairement belle aux longs cheveux blancs. Ils ont pour unique fils Arslân, (ce qui signifie « lion » en turc), un jeune homme aux cheveux blancs comme sa mère. Pourtant, il est fragile et ne connaît rien des champs de bataille. Peu sûr de lui, il est rejeté froidement par sa mère et méprisé par son père. Il ne sait pas lui-même s’il sera un jour un souverain digne de ce nom… 

Mais les choses se précipitent en l’an 320 du Royaume de Parse, où les Lusitaniens déclarent la guerre à Andragoras III, suite à une cuisante défaite. À la surprise générale, l’armée d’Andragoras est vaincue, et le roi a disparu. Arslân n’a que quatorze ans quand il assiste à la déroute de la grande armée de son père, et il se retrouve confronté à la trahison, et à la mort. Tout son monde vacille. Il devra compter sur ses fidèles amis, le général Darîun, ainsi que sur un ancien conseiller de son père, Narsus, un artiste philosophe versé dans l’art de la stratégie guerrière. Son esprit brillant sera largement mis à contribution tout au long de ce tome 3, et c’est particulièrement jouissif de le voir déjouer les pièges des Lusitaniens.

Le Prince et les deux hommes doivent se rendre à Peshawar, une cité où sont abrités des soldats de Parse, dans le but de venger son père et de récupérer son Royaume, tombé aux mains des Lusitaniens. Il faut faire vite, car la Reine Tahaminé est faite prisonnière, et le roi ennemi, Innocentius VII, vient de lui demander sa main… Au cours de ce tome, nous faisons la connaissance de la magnifique Faranghîs, prêtresse guerrière d’une indicible beauté, très douée pour tuer quiconque touchera au Prince Arslân. L’univers de la légende d’Arslân est très riche, et les personnages, mêmes secondaires, sont inoubliables. Nous retrouvons le prince au grand cœur, le père glacial et intransigeant, les femmes belles et inatteignables, la fille garçon manquée qui se déguise en soldat pour pouvoir se battre, et surtout le personnage du traître en la personne de Kahllan, traître du Roi de Parse et qui a permis la victoire des Lusitaniens, pourtant trop faibles au départ. Et qui est ce mystérieux homme au masque d’argent, que nous avons déjà vu dans les tomes précédents ? Porté sur la magie noire, il déteste profondément Andragoras et souhaite tuer son unique fils, mais dans quel but ? Tous ces personnages pourraient passer pour des stéréotypes si l’on voulait caricaturer. Mais pour ma part, je les vois plutôt comme des « archétypes » au sens noble du terme, des symboles que nous retrouvons dans toutes les grandes légendes depuis la nuit des temps, et qui sont ici réutilisés avec une ingéniosité formidable et sans créer aucun sentiment de lassitude.

Il y aurait énormément à dire sur cette saga extraordinaire. Il y a tellement de détails et de personnages qu’une seule critique ne suffirait pas. L’histoire s’inspire des guerres et des croisades du Moyen Âge, de l’empire de Constantinople, de la Perse bien sûr, du Royaume Ottoman, un peu de l’Inde et de l’Europe également. L’Inquisition et les guerres de religion y sont largement relatées, et d’une manière exceptionnellement profonde. Les Lusitaniens, justement, sont égaux entre eux et ne pratiquent aucune forme d’esclavage, mais ils adorent leur unique dieu Yaldaboth jusqu’au fanatisme, à un point qu’ils massacrent femmes et enfants étrangers. De leur côté, les Parses écrasent les autres royaumes avec leur armée et réduisent les Lusitaniens à l’esclavage. Il n’y a jamais de manichéisme dans cette histoire, car personne n’a raison au bout du compte. Et il y a des traîtres de tous les côtés. Arslân, considéré comme trop « gentil » par ses pairs, peut, grâce à sa clémence, comprendre tous ces peuples, et s’attirer beaucoup d’amitiés. Cela compte également, dans cette histoire basée sur les guerres et les stratégies.

heroic-legend-arslan-couvTrès riche et complexe, The Heroic Legend of Arslân ne cesse d’inspirer et pourrait donner naissance à des dizaines de jeux vidéo RPG sans problème. L’histoire se base largement sur les guerres, les stratégies et les tactiques à mener, comme un jeu amélioré de Donjons et Dragons. Cet univers de fantasy, très dense et complet, fait penser au Seigneur des Anneaux par certains côtés. C’est tout aussi grandiose et incontournable. Si l’univers de Tolkien vous manque, allez-y les yeux fermés. Il n’y a pas un seul faux pas, tout est passionnant. Un vrai petit miracle pas assez connu en Europe. Et la série de manga se poursuivra encore longtemps. Son auteur, comme déjà précisé, travaille depuis 1986 sur sa série de romans, et à l’heure actuelle, la saga d’Arslân n’est toujours pas terminée…

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