Suite, remake, reboot

Justice League : jamais contents (100% spoilers)

Nouveau film DC, nouveau craquage. Après Man Of Steel qui était « nul acier », Batman V Superman « le pire film de super-héros de tous les temps », Suicide Squad « du niveau de Batman et Robin » et Wonder Woman « en vrai ça passe », voici venir le « très mauvais » Justice League. Ce qui est bien avec le public et les critiques, c’est le sens de la mesure …

Alors que le monde est menacé par les conséquences de la mort de Superman, Bruce Wayne doit regrouper une équipe pour affronter Steppenwolf, créature destructrice et assimilatrice de mondes … Mais suffira-t-il vraiment de Batman, Wonder Woman, The Flash et Aquaman pour en venir à bout ?

Le DC Extended Universe est un univers cohérent. On le sait, ça a été répété maintes et maintes fois, galères de production ou non la direction du studio est bien prévue pour aller d’un point A à un point Z, et chaque film est une nouvelle lettre. A montrait Superman naître et apprendre la douleur de l’humanité, B le montrait se battre avec un homme devenu inhumain à force de solitude, C et D développaient l’univers, en explorant le chaos initié par la mort de Superman, mais aussi en démontrant qu’il n’était pas le seul porteur de lumière. Justice League, c’est E : le retour de Superman par les mêmes mains qui ont initié sa perte, enfin unies par la volonté de lui faire honneur. C’est aussi simple que ça, le passage de l’ombre à la lumière n’est pas artificiel ni un argument commercial mais simplement la suite logique d’événements guidant vers les figures héroïques que nous connaissions tous. La raison d’être de Justice League est de symboliser cela, un retour aux sources qui reprend d’ailleurs, et c’est loin d’être un hasard, certains éléments renvoyant directement à certains classiques d’époque que personne n’à oublié (Elfman à la musique, qui apporte une cohérence à un univers bien plus étendu que les simples 5 films cités).

Justice League
La fine équipe.

Au fond, c’est parce que l’univers nous a habitué à la lourdeur, habitué à la profondeur politique que Justice League peut paraître simple, même vain. Mais il s’agit de comprendre que le film n’existe pas en lui même, il est la suite de quelque chose et le point de départ d’une nouvelle lancée. La volonté tout à fait honorable de revenir à un classicisme est symbolisée par quelques percées, comme quand Alfred « regrette le temps où le plus gros problème à régler était les pingouins mécaniques ». Au fond, c’est aussi un temps que l’on regrette, le majeur problème du film étant que Zack Snyder a beaucoup de mal à le faire : on sent une frustration quand quelques éléments de fond politique apparaissent dans l’intrigue, comme la famille musulmane attaquée par un skinhead qui passe comme une tentative désespérée de Snyder d’inclure quelque chose de symbolique. Ainsi, le film souhaite passer d’un extrême à l’autre et y perd forcément quelques plumes, le film manquant cruellement de contextualisation et d’enjeux dramatiques.

Trop tôt ou trop tard pour faire autre chose du DCEU ? On aurait tendance à dire qu’il est un peu tôt, l’évolution tonale de l’univers va trop vite et on peine un peu à suivre la direction, même si il n’est pas difficile d’admettre qu’il y en a une. Ce choix de transition n’a toutefois pas que du négatif, Justice League est pertinent sur bien des points dans sa caractérisation de certains personnages, à qui le nouveau ton fait beaucoup de bien. Le symbole de cela reste Flash, véritable atout du film, qui sans s’arrêter à n’être qu’un sidekick (son pouvoir a, souvent, un véritable intérêt dans l’intrigue, contrairement à Aquaman), parvient à être hilarant à quasiment chacune de ses apparitions, même quand il ne parle pas. Ezra Miller est le véritable centre gravitationnel du film, et symbolise tout l’intérêt de ce nouveau positionnement artistique.

Justice League
Cyborg est une bonne surprise, Aquaman est loupé.

Cela sied aussi assez bien à Superman. Son retour n’est une surprise pour personne mais, passée l’émotion de sa résurrection, on retrouve le personnage attendu d’un Dieu, comme débarrassé de sa part d’humanité qui lui pesait, bienveillant. Mais le postulat du film, ici, est finalement assez fin : c’est par le travail d’équipe d’humains qu’il revit, et ne revient pas pour « sauver la mise » mais simplement pour apporter son aide. On parlait de Dieu plus tôt dans l’article mais on aurait tendance à dire qu’il ne l’est que dans le sens pratique du terme (un sur-homme) et non dans le sens théologique, intéressant d’ailleurs de voir que sa résurrection ne comporte pas les symboles christiques contenus dans sa mort, comme si on avait débarrassé le personnage de sa croix, de cette chose lourde qu’il avait à porter. Revenu sur Terre, il ne reconnaît plus les humains parce qu’il n’est plus l’un d’entre eux, puis redevient calme quand il arrive à percevoir ses attaches. Superman peut être Superman, et non Clark Kent qui se cache.

Cette notion de conflit avec sa propre humanité est d’ailleurs ce qui est intéressant dans le film. Au fond, on peut parvenir à tirer de ce méchant sans saveur, de cette intrigue bien trop simple, et cet enchaînement automatique de gags et d’action, quelque chose de commun. La caractérisation de chaque personnage, chacun devant faire le choix d’embrasser son humanité (Bruce Wayne, Diana Prince) ou au contraire d’assumer qu’elle est complétée par autre chose, contre sa volonté (Cyborg, Flash), est un grand atout du film. Il n’est en ce sens pas un hasard qu’Aquaman et Steppenwolf soient les gros points noirs du film, leur unidimensionnallité leur fait beaucoup de mal et empêche qu’on voit entre eux autre chose que, respectivement, une machine à punchlines et un mcguffin à peine menaçant malgré ses évidentes facultés qui devraient faire frissonner. Peut être le problème de Justice League vient-il en fait du fait que le film regorge d’idées mais qu’elles se concrétisent assez peu, ayant beaucoup de difficulté à trancher entre deux tonalités.

Justice League
Flash est immense, le plus grand atout du film.

La facilité de raisonnement constituerait alors à dire que cette dualité vient du fait que Whedon ait dû débarquer en pleine production pour finir le travail de Snyder en deuil, ce qui pour le coup explique la mise en scène souvent sacrifiée du film, qui se contente du minimum syndical mais passe souvent à côté d’une importante iconisation, propre habituellement à Snyder. Mais on aurait tendance à imaginer autre chose, à penser Justice League comme un film de transition plutôt qu’un véritable aboutissement. L’aboutissement est bien présent pour certains personnages, comme Superman, mais du point de vue de l’univers DC en lui même il ne vient pas de ce film. On peut donc y percevoir, de la même manière qu’un 007 Spectre l’an dernier, une profession de foi, le dualisme du film devenant le dualisme de l’univers qui, on le sait, sera bientôt composé de plusieurs films qui raconteront des choses différentes de manières différentes (le fameux Joker par Todd Philips face à son incarnation par Leto dans le film prévu avec Harley). Si elle est forcément bancale pour une œuvre, on aurait tendance à penser que l’idée reste bonne pour l’univers, puisque les œuvres dont il provient sont toujours parvenues à exister indépendamment les unes des autres.

Pour l’heure, on a un film bourré de défauts qui parvient quand même à sa finalité sur bien des points (faire rire, divertir, présenter de nouvelles choses). Justice League n’est pas une franche réussite mais on ne saurait que déplorer les exagérations, les excessivités qui entourant la sortie du film. Ce dernier reste recommandable, ne serait-ce que pour se rendre compte de ce qu’est une mutation cinématographique, mais aussi tôt simplement pour passer un bon moment.

AMD

Justice League
On finit par une image de Wonder Woman, parfaite.

PS : comme c’est la tradition, pour ceux que les scènes post-générique intéressent, les voici. La première est assez drôle, montre Superman et Flash démarrant une courte dans une scène faisant pour beaucoup écho à une autre de Supergirl, qui elle même faisait écho à une scène des comics. La seconde, bien plus sérieuse, montre Luthor évadé de prison, complotant avec Deathstroke pour la création d’un partenariat de vilains.

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

2 réflexions sur “Justice League : jamais contents (100% spoilers)

  • Venden

    Comment écrire un titre aussi assassin et une note a 70%. Serieux! Notez 25% si c pour donner un titre pareil au moins se serai cohérent. C comme dire jm pas les épinard mais ton gratin epinard saumon hummmm. Franchement!!
    Perso jpense tout l’inverse. Man of steel execellent (nouvelle direction), bvs version longue parfait, justice league (à voir). Ya un moment faut quand on vois thor ragnarok c aussi simple en intrigue et en legéretée. Jsuis suis pas fan mais jprends le film et g apprécier. JL est aussi « pire », j’en doute et j’espère pas.
    Et si c’était vrai. Man of steel et bvs se seraient passé comment ?
    Mm si c de la SF, transposez! jtrouve plutot realiste les 2 opus!
    Enfin. Titre 0 note final 70%
    Jm’interroge

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    • Bonjour !

      Je n’ai peut être pas été assez clair.

      « Jamais contents » renvoie à la critique professionnelle et cinéphile, ainsi que les citations de début d’article. C’est moi qui ai écrit l’article et je suis très fan des films DC 🙂

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