Critiques de films

Jack et la mécanique du cœur : contrôle technique OK

Jack et la mécanique du cœur, adaptation animée du livre du même nom de Mathias Malzieu (sorti en 2007), sort demain dans les salles. Luc Besson avait annoncé en 2008 son désir de produire le film animé tiré du roman. Le voilà qui voit le jour, réalisé par Stéphane Berla et Mathias Malzieu lui-même.

jack-mécanique-coeur-afficheJack naît à Édimbourg, le jour le plus froid du monde. Son cœur reste gelé à la naissance et pour qu’il survivre, la sage-femme un peu sorcière lui remplace le cœur par une petite horloge. C’est coupé du monde car trop fragile que Jack passe les dix premières années de sa vie, jusqu’à ce qu’il réclame à découvrir au moins la ville. Madeleine, sa mère adoptive, le met en garde. S’il veut que son horloge continue de le maintenir en vie, il lui faut absolument respecter trois règles : ne pas toucher à ses aiguilles, contrôler sa colère, et surtout ne jamais tomber amoureux. C’est sans côté la sensibilité extrême du petit garçon, qui ne résistera pas au charme de Miss Acacia. Une chanson entonnée en duo avec la jeune fille sur la place du village, et Jack ne résiste pas : choqué, il s’effondre. Mais à partir de ce jour, aussi mal qu’il ait eu, Jack n’aura plus qu’une obsession : retrouver Miss Acacia, qui quitte la ville peu après leur rencontre. Quelques années plus tard, il décide de s’enfuir à sa recherche et la retrouve à Malaga, dans un cirque où elle est devenue danseuse de flamenco. En chemin, Jack fera notamment la rencontre de George Méliès, très inspiré par l’histoire du jeune garçon.

Sept ans après la sortie du roman du même nom de Mathias Malzieu, Jack et la mécanique du cœur se révèle tout à fait fidèle au projet de base. Le style des dessins avait déjà été prédéfini par les illustrations de Nicoletta Ceccoli contenues dans le livre. Dionysos avait également écrit des chansons pour chaque moment clé de l’histoire. Il ne manquait en gros que l’animation des images. L’ajout des voix d’Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Jean Rochefort, Alain Bashung… déjà présentes sur l’album de 2007, et Jack et la mécanique du cœur devient un ensemble cohérent et immensément poétique. On est embarqué dès les premières minutes.

Si Jack et la mécanique du cœur contient quelques longueurs, particulièrement vers la fin, il lui pardonne à chaque nouveau moment de grâce. Si le texte paraît parfois un peu simpliste, chaque chanson nous ramène à la féérie, la métaphore, l’émotion pure. Mention spéciale au très rock Whatever the weather, final inattendu. Ce que j’ai aimé surtout, c’est ne pas m’attendre à ce que j’allais découvrir, séquence après séquence. Je me suis totalement laissée porter par l’ensemble, qui me laisse un souvenir aussi charmant qu’émouvant.

Miss Acacia sur la place d’Édimbourg / © 2012 Europacorp – Duran – France 3 cinéma
Miss Acacia sur la place d’Édimbourg / © 2012 Europacorp – Duran – France 3 cinéma

Concernant les illustrations de Jack et la mécanique du cœur, il faut admettre qu’elles font beaucoup penser à l’univers de Tim Burton. Ce n’est pas forcément pour me déplaire, mais le rapprochement est impossible à ne pas faire. La ressemblance avec Burton est donc visuelle, mais aussi philosophique. Jack et la mécanique du cœur parle de la difficulté à vivre quand on est différent, difficulté qui rend finalement un peu maudite même la plus belle des histoires d’amour. Mais quid par exemple de cette femme à deux têtes directement sortie de Big Fish ?

Mathias Malzieu reste très fidèle à son roman, à cette histoire qui lui tient à cœur. Les personnages ont en eux un potentiel qui va au-delà du côté manichéen vu et revu dans la plupart des dessins animés. Cette nuance et cette densité de caractère tiennent à leurs faiblesses, que l’on perçoit mais qui restent à l’arrière-plan. Si Jack a une horloge à la place du cœur, cela ne l’empêche pas d’être hypersensible, au contraire. Miss Acacia, aussi douce et jolie qu’elle soit, est aussi très colérique, comme le témoignent les ronces qui l’entourent à chaque fois qu’elle hausse la voix. Joe est méchant et cruel, mais c’est parce qu’il a le cœur brisé. Quant à Madeleine, très émouvante mère adoptive, son destin est aussi triste que l’opinion que les gens du village ont d’elle.

 

Pour plus d’infos, vous trouverez sur Première quelques vidéos et des extraits de critiques de presse.

Claire

Rédactrice / Responsable de la section "Livres"

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