On a testé

Ascension : Big Brother is watching…

SyFy a proposé sa nouvelle série de SF ambitieuse avec Ascension. Premier verdict.

Et si, sous le mandat de Kennedy, un vaisseau générationnel avait été lancé à la conquête de l’espace pour approcher Proxima du Centaure ? 50 ans plus tard, ses occupants sont sur le point d’atteindre le point de non-retour. Ou pas…

SyFy semble s’engager dans des projets de plus en plus ambitieux. Ascension amorce ce changement de façon subtile. Le plot est efficace, l’USS Ascension a été lancé en 1963 avec à son bord, une élite intellectuelle qui a pour objectif de sauver l’humanité (de sa propre déchéance…) en allant coloniser possiblement les planètes près de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche de notre système solaire. Ils vivent en totale autarcie en communiquant avec la Terre sans pour autant pouvoir recevoir des messages et ils vont bientôt atteindre le point de non-retour. En 50 ans, le niveau de criminalité était presque à zéro quand soudain un homicide se produit, ce qui enclenche la mini-série.
Visuellement, on est loin des effets habituels en carton mâché, il y a une véritable volonté de paraître authentique. Attention, on a toujours droit aux gros pixels des explosions ou des petits flous gaussiens autour des effets futuristes. L’image est très retouchée pour installer une atmosphère de science-fiction, que ce soit dans le vaisseau où les couleurs sont hyper saturées ou lors des scènes du dehors qui passent simplement sous un filtre bleuté. Belle image donc, suffisante pour attirer l’œil du spectateur (il y a également d’autres atouts plus glamour pour garder notre attention, mais bon). Petit paradoxe assez ironique, la mini-série s’inscrit dans une veine SF mais garde le style et les designs des années 60, les habits sont assez jolis d’ailleurs (même les bikinis ont une petite coupe des 60’s huhu). Seulement voilà, la série a été vendue comme une grande aventure spatiale et pardon, mais où est l’espace ? A part les petites diodes qui scintillent derrière la vitre ?

ascension
©SyFy

 

Le fond de vérité est là. Il n’y a pas de magie, juste de l’avancée technologique ou de la véritable « science-fiction », où le champ morphogénétique pourrait être réalité, ce qui semble être le but secret du projet depuis le début. Créer des êtres humains supérieurs dotés de capacités inconnues grâce à la mémoire de leurs cellules. C’est une expérience sociale et scientifique, comme ceux du dehors aiment à le rappeler. Et quelle expérience. 50 ans de manipulation génétique pour arriver à une 3e génération quasi-magique. Comme Christa. Comme peut-être Gault. 50 ans de « pureté » où les événements qui ont ébranlé notre société n’ont pas eu d’impact. Le véritable rêve de n’importe quel scientifique, un environnement stérile de tout parasite ! Et certainement l’aspect le plus intéressant de la mini-série qui est, hélas, assez sous-exploité.
La structure sociale au sein de l’Ascension est assez classique dans ce genre de société alternative, les larbins en bas dans les « lower decks », et les reuchs dans les « upper decks » où ils ont droit à leurs cabines personnalisées et bien sûr aux services des « stewardess » géré par Viondra Denninger, la femme du capitaine, grand système d’escort girls de luxe (on ne le dit jamais assez, mais prostitution is the world’s oldest profession). Les femmes ne se sont pas émancipées puisqu’elles vivent pour se marier et procréer, dans la limite de la législation bien entendu. Leur hiérarchie est à la limite archaïque mais pourtant, c’est tout à fait normal d’avoir un officier noir.

Le casting mélange novices et vétérans, ce qui est assez agréable. Gardons à l’esprit que c’est une production américano-canadienne, on a droit à peu de Ricains (un Brian Van Holt de Cougar Town en retrait) mais à beaucoup de Canadiens (qui recycle Lauren Lee Smith, Gil Bellows, Andrea Roth et insère des nouveaux comme le petit P.J. Boudousqué découvert dans Coldwater ou Aliyah O’Brien de Rookie Blue), ce qui pose une ambiance sans prétention et moins explosive qu’une production entière américaine. C’est impossible de parler d’Ascension sans faire un parallèle avec Battlestar Galactica à mon avis. Je veux dire, Numéro 6 quoi. Tricia Helfer retrouve un rôle digne de ses multiples facettes, manipulatrice, sensible, une femme forte et a la belle part du gâteau. Le parallélisme s’arrête là malheureusement, car là où BSG avait un univers tellement riche qu’ils ont été capables de créer une véritable mythologie autour, Ascension n’arrive même pas à expliquer ses propres liens avec la Terre. En effet, on a juste quelques faibles références à des films du début du siècle, et c’est tout ce que leurs origines leur ont appris…

ascension
©SyFy

Il faut garder à l’esprit que ça reste facile, les ficelles sont un peu grosses et il ne faut pas se poser de questions sur le « dans quel monde ils n’ont pas encore découvert la supercherie O_O ? ». Oui, bon, sinon il n’y aurait pas de mini-série. Tant qu’on accepte ces incohérences (comme le fonctionnement du vaisseau qui est le plus grand n’importe quoi, mais bref, passons), on se prend vite au jeu et ça reste l’une des plus agréables surprises SF depuis quelques temps. En revanche, pas de surprise au niveau du développement des personnages, on ne va pas très loin avec six heures de show. Beaucoup de questions restent en suspens et c’est la porte ouverte à… la science-fiction ! Avec le dernier plan de la mini-série, on a compris une chose, le créateur d’Ascension espère bien que SyFy va décider de continuer l’aventure en commandant une série. Et il faut bien admettre que l’idée est bien attrayante vu la manière dont ça finit… Je ne vois pas comment ils peuvent continuer à garder le secret du vaisseau bien longtemps, donc ce serait limite une meilleure solution de faire une série préquelle plutôt que séquelle…

(P.S. : Tout ça ne fait que donner envie de revoir BSG…)

Aki

Une énième fangirl de Whedon, obsédée par les comédies musicales, la nourriture et les drames britanniques.

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