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L’Etrange Festival : retour critique sur Mayhem, Firstborn, The Marker, Replace et Low Life

L’Etrange Festival a démarré mercredi soir et se déroule jusqu’au 17 septembre au Forum des images, à Paris.

Au programme de la soirée d’ouverture, mercredi, nous avons pu découvrir Mayhem et Joe Lynch précédé du court-métrage La Mort Père et fils. Ce dernier, entre la comédie et la fable présentait la Mort (sans la faucheuse mais presque) comme père d’un petit garçon destiné à prendre sa relève mais souhaitant plutôt être ange gardien. Le mignon s’impose par le macabre et on a droit à quelques moments très drôles avec une leçon selon laquelle la mort fait partie de la vie.
Mayhem était une satire sociale, dénonçant les relations humaines en entreprises (mention spéciale aux personnages du directeur des ressources humaines) avec quelques moments très jouissifs mais sans grande finesse. Reste un duo de protagonistes avec une certaine alchimie et une certaine amélioration au fil du film, ou du moins il est de plus en plus aisé de se prendre au jeu (ou plutôt au massacre…).

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Le jeudi, on découvre quatre autres films avec, pour démarrer la journée, Firstborn, qui nous vient droit de Lettonie. Un couple se fait agresser dans la rue. L’homme retrouve le coupable mais la rencontre tourne mal. Suite à ce malheureux événement, une présence menaçante s’établie dans leur appartement. Etabli dans un climat aussi glacial que celui de l’hiver lettonien, Fistborn propose un film d’épouvante assez déroutant. Le scénario peine à démarrer et les scènes ne sont pas toutes bien sélectionnées. L’évolution de la relation des protagonistes ne dépasse pas, aux yeux du spectateur, l’intention dramaturgique et certains points, par leur manque de clarté, semble malheureusement anecdotiques. Néanmoins, le film parvient à déjouer les poncifs de son genre et livre quelques scènes terrifiantes. L’inspiration tirée de Rosemary’s Baby est évidente mais l’œuvre ne s’y cantonne pas. Et, si la mise en scène semble parfois un peu poseuse, elle reste réussie.

Le deuxième film est bien moins « étrange », pas de fantastique, ni de science-fiction, pas de gore ou de mystère mais tout juste un thriller sur une affaire un peu louche. The Marker raconte l’histoire du coupable d’homicide involontaire qui, en sortant de prison, décide de retrouver la fille de sa victime pour s’excuser auprès d’elle. Si elle lui est d’abord présentée comme une adolescente rebelle et fugueuse, notre héros comprend vite qu’elle n’est autre que la victime d’un réseau fort déplaisant. Le film s’inscrit dans un certain réalisme, ne touche pas à l’horreur mais présente tout de même un scénario fort rocambolesque vêtu de gros sabots qui n’a pas peur d’en faire trop et ne se soucie pas beaucoup de sa crédibilité. The Marker n’est pas honteux et, bien que relativement stéréotypé, pas si mauvais dans le traitement de ses thèmes. Il reste cependant clairement alourdi par des choix maladroits, de la figure de la victime du héros qui apparaît systématiquement à une suite de péripéties desquelles on finit vite par décrocher.

Après avoir brièvement perdu notre thème, on le retrouve à la séance suivante, avec Replace, dans lequel une jeune femme, Kira (assez envoûtante, par son apparence sans cesse soignée), commence à voir sa peau peler. Sa solution consiste à tuer des gens et prendre leur peau pour remplacer la sienne. Son problème c’est que tout est quand même sacrément louche autour d’elle. Replace propose un scénario aussi génial que raté. Il est bourré d’idées, porté par une idée forte et a le mérite de présenter un couple lesbien sans en faire une particularité mais il est aussi rempli d’un tas de choses qui rendent finalement l’objet final un peu désordonné. Au niveau de la forme, on retrouve aussi une volonté très particulière et très soignée si on fait abstraction du trop-plein de certains effets. Les références visuelles restent néanmoins très visibles et peinent à s’affranchir de leurs inspirations. Replace est un premier film intéressant et courageux mais avec ce défaut propre aux premiers longs, qui consiste à vouloir en mettre trop dans une seule œuvre.

Enfin, cette deuxième journée à l’Etrange Festival se termine en beauté, avec l’excellent Low Life, film choral et comédie noire qui ne lésine pas sur la violence mais sans se départir d’un propos qui semble très sincère. El Monstruo, lui-même fils de El Monstruo se doit se protéger les innocents mais a plutôt mal viré comme il travaille pour le mac dont il a épousé sa fille adoptive. Cette dernière, enceinte, décide de prendre la fuite mais c’était sans compter sur deux petits voyous à la recherche du droit chemin et la malheureuse gérante d’un motel bon marché. Les personnages hauts en couleur inspirent d’eux-mêmes le rire mais on notera surtout les répliques hilarantes, au potentiel pour devenir culte. Largement inspiré de Pulp Fiction mais possédant sa propre identité et une écriture admirablement calibrée, Low Life mérite même plus qu’une diffusion dans les festivals.

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Si on pouvait remarquer, l’année, dernière, un goût particulier (bien qu’à priori volontaire) dans la sélection pour le thème de la frustration sexuelle, souvent liés à des traitements féministes, aucun conducteur ne s’est interposé lors des premiers jours de cette édition. On ne boude cependant pas cette diversité et on garde nos yeux grands ouverts pour découvrir avec curiosité les autres surprises que nous réserve le festival cette année.

 

Manon

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