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Sé Quien Eres, bonne surprise !

 

Présentés à Série Mania en panorama international, les deux premiers épisodes de « Sé Quien Eres » nous ont offerts un avant-goût de ce qui pourrait peut-être être bientôt diffusé en France. Alors, est-ce qu’on doit absolument découvrir cette série ?

Crée par Pau Freixas cette série espagnole nous raconte l’histoire de Juan Elias, survivant d’un accident de voiture et amnésique (d’après lui…) dont la nièce est disparue, les quelques indices menant à lui. S’installe alors un conflit juridique, policier et familial où l’on ne sait absolument pas qui a raison, qui a tort, nous sommes tout autant perdu que les personnages et l’on se retrouve à accepter de ne pas savoir, à ne pas avoir d’opinion, ainsi on suit juste l’histoire.

Le premier très bon élément de la série est la place donnée aux femmes, et la force de leurs personnages. Depuis des années et l’explosion des séries, les rôles donnés aux femmes sont souvent faibles, superficiels. Comme par exemple dans « Game of Thrones », avec la scène du viol de Sansa Stark, ainsi les femmes sont souvent utilisées comme objets sexuels, plus que pour leur intelligence. Cette série marque cette différence en présentant des rôles féminins très puissants, comme par exemple Alicia Castro : femme de Juan Elias, juge Barcelonaise, elle arrive à la fois à mener une carrière professionnelle brillante, et sa vie de famille. De même Eva Duràn, jeune avocate contre Juan Elias, dont les scènes sont brillantes, est très intelligente, très puissante, c’est un personnage très intéressant aussi. C’est donc un vrai plaisir de voir une série où les femmes ne sont pas réduites et où elles sont appréciées pour leur intelligence. Ce sont mêmes les hommes qui font des erreurs qui font avancer le scénario, des erreurs que les femmes qui les entourent corrigent.

Second point sur les personnages, les adolescents de la série sont aussi différents des ados habituels (qui correspondent au cliché de faux rebelle stupide), ici ils sont intelligents, ont des faiblesses, mais sont normaux. De plus, au niveau des personnages, il se dégage de chacun deux facettes. L’une étant la partie raisonnable (l’intelligence, la pratique … ) et l’autre la partie émotionnelle (les sentiments, les impulsions …). Ainsi, chaque personnage a plus ou moins de ces deux aspects, ce qui leur donne une profondeur, on ne les comprend pas tout de suite et on les découvre d’épisodes en épisodes. Aussi, ils ne sont absolument pas binaires. La série, étant un whodunnit, entretient le mystère autour des personnages. Il n’y a pas de bons ou de méchants. Elle se détache aussi des séries policières classiques car le rôle du policier est assez peu important. C’est donc une série qui pourrait paraitre de premier abord assez classique mais qui, juste avec la qualité de ses personnages, devient très singulière.

se quien eres

Ce qui est aussi intéressant dans la série c’est le milieu dans lequel elle se passe. En effet, la série a lieu à Barcelone, dans les arcanes du pouvoir judiciaire. C’est milieu très dur, donc un véritable cadre pour les personnages où ils ont l’occasion de s’exprimer entièrement. Ainsi Juan Elias découvre réellement ce milieu qu’il a lui-même participé à construire tout en étant guidé par sa femme qui incarne ce milieu. Enfin la série est universelle, Barcelone n’est qu’un cadre, un arrière-plan, ce n’est pas une série sur le milieu judiciaire, c’est une série sur les personnages.

De plus, la série traite de sujets assez lourds : l’amnésie et la disparition d’une jeune femme. Etant inspirée par True Detective et les Nordic Noir, on pourrait attendre une série plombante, éprouvante… Ce que l’on retrouve habituellement en termes de réalisation dans ces séries est une désaturation de l’image, les couleurs ne sont pas chaudes. Encore une fois : « Sé Quien Eres » se démarque en n’adoptant pas ces codes. Une volonté de la part de Pau Freixas (le créateur) de ne pas mettre trop de poids, de cœur et d’émotions inutiles, cela n’étant pas bon selon lui.

Un petit bémol toutefois, qui n’est malheureusement pas de la faute de l’équipe artistique mais celle de la chaine Telecinco, un épisode dure entre 60 et 70 minutes (ce qui est la règle en Espagne pour les Prime Time), ainsi les épisodes ont tendance à être un peu longs, et à connaître plusieurs fins dans le même épisode, on a par exemple des cliffanghers autour de la 50ème minute. Mais cette contrainte est contrée par le fait qu’il y a plus de temps pour découvrir les personnages, les explorer et les comprendre.

Cette première saison de « Sé Quien Eres » sera la seule, elle contient 16 épisodes actuellement diffusés sur Telecinco, bientôt sur BBC four au Royaume-Uni, en France DMD distribue la série mais aucun diffuseur n’est annoncé.

 

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