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Kong : Skull Island, trop bon trop Kong (spoilers indiqués, scène post-générique)

Après avoir brillamment passé l’épreuve du premier film, (Kings Of Summer, notre critique est dispo) Jordan Vogt-Roberts passe déjà sur un blockbuster avec ce remake de King Kong qui est le premier pas vers le crossover avec Godzilla.

Ecumant son talent dans des séries comme You’re the worst ou Death Valley, Jordan Vogt-Roberts avait réussi à proposer un film coming of age très réussi avec Kings Of Summer. Et pour son second film, on lui colle un projet à 200 millions de dollars qui doit faire prospérer une nouvelle franchise opérée par Warner. Après Godzilla en 2014 réalisé par Gareth Edwards, Warner souhaite développer un univers partagé de monstres (et on parle aussi de Pacific Rim qui rejoindrait la partie !). Ce Kong se veut quand même indépendant et totalement compréhensible. Déjà le film se passe en 1973 en pleine fin de guerre du Vietnam, bien loin du contemporain du film d’Edwards. Des scientifiques s’allient à des militaires pour explorer Skull Island, île récemment découverte. Evidemment, les scientifiques savaient qu’un monstre s’y cachait.

Encore frais dans les mémoires, le King Kong de Peter Jackson parvenait sans mal à redonner vie à ce géant, loin des suites et remakes fauchés au culte King Kong de 1933. Techniquement imparfait, le film de Jackson était tout de même assez épique et offrait de grands moments de bravoure et de combats. La mission de Vogt-Roberts était donc de parvenir à ce niveau de divertissement.
Hélas, mille fois hélas, le film est plombé par une exécution extrêmement bancale. Les bandes-annonces annonçaient un beau bestiaire et on ne peut pas vous mentir, le film est généreux en monstres. L’île a une faune variée et intéressante. Seulement, le script ne rend pas du tout justice aux idées graphiques. Les monstres ne sont là que comme prétexte à produire du rythme et des scènes d’action nécessaires. Comme si on tirait dans un chapeau le prochain monstre qui doit apparaître, les scènes de monstres s’intègrent assez mal à la trame narrative.

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©Warner

Qui dit monstres, dit confrontation et scènes tendues. Kong est suffisamment rythmé et maîtrisé dans son tempo pour offrir de belles scènes de combat. Vogt-Roberts parvient même à sublimer les créatures avec des plans superbes aidées par une photographie quasi parfaite (par Larry Fong qui a officié sur Batman V Superman ou Super 8) ponctuée par des faux pas d’intégration de fond verts inexcusables. Il n’est pas rare d’être en admiration vers la composition d’un plan.  Mais encore une fois, on vient nous teaser avec du beau et on nous aplatit avec du grossier. Le montage pose problème, il n’est pas rare aussi de trouver que la caméra se permet des mouvements totalement fantaisistes. On se demande alors si Vogt-Roberts n’est pas trop débutant pour qu’on lui laisse les commandes d’un film de cette envergure. La caméra est beaucoup trop proche de ses personnages et ne laisse aucune envergure de mouvement. Les scènes de combat avec Kong notamment sont donc relativement fades, perdant tout lyrisme qu’on a pu voir dans le film de Peter Jackson.

Les échelles sont fondamentales dans les films de monstres géants. Pacific Rim péchait à cause d’une caméra qui ne remettait jamais en perspective la taille du robot face à ses éléments. Une caméra doit être à hauteur d’homme pour offrir du gigantisme. Et concernant Kong, au-delà du fait de le voir sous touts ses coutures dès les premières apparitions, il n’est pas rare de le trouver peu imposant (et techniquement moins abouti que celui de Jackson, oui on y revient souvent à ce film !)

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Tous ces soucis ne sont rien face au ton général du film qui est sacrifié. On notait les touches d’humour de la bande-annonce ? Ce n’est rien face au reste du film qui ne fait dans l’humour qu’involontairement. Et c’est notre vieil ami Samuel L. Jackson qui est contraint d’être le farceur de service. Mais involontairement. A cause d’un ton outrancier envers le film de guerre, Jackson se pose comme un vieux militaire roublard extrêmement cliché. Tous les poncifs du genre sont là. Il est d’ailleurs à remarquer que l’exposition du film explore tous les clichés et le cahier des charges . Le recrutement de la team n’échappe à rien de déjà-vu. Et tout le long du film, Vogt-Roberts ne sentira forcé de faire des gimmicks agaçants entre ralentis venus de nulle part entre deux scènes speed, des contre-plongées ou des gros plans sur un Jackson en roue libre et surtout d’innombrables interludes musicales de rock 70s pour bien souligner qu’on est en plein film de guerre. Tous les quarts d’heure, une chanson se mettra en route pour être totalement arrêter dix secondes plus tard, écrasant toute ambition de faire une scène légère de transition. Cette incessant ballet qui frôle la parodie ne rend pas du tout service au film qui tend alors vers un navet incompréhensible.

Qui dit navet, dit nanar. Quand on commence à rire sur certaines scènes, nous sommes alors dans un échec artistique grave. Tom Hiddleston doit se demander comment il a pu faire cette scène (SPOILER) où il s’arme au ralenti d’un masque à gaz et d’un katana pour trancher de la créature (FIN SPOILER). Les quelques retours d’après projection parlent d’un film drôle mais c’est purement un but non recherché. Les gros plans sur un Jackson déterminé frôlent le ridicule tout comme la splendide scène de sacrifice d’un personnage (SPOILER) qui se voit bazardé d’un coup de queue alors que la tension est toujours là et la musique toujours dramatique (FIN SPOILER). Au final, le ton général du film est indescriptible, oscillant en permanence entre le vrai film de monstres, le blockbuster sans âme et le film d’aventure carré.

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Le casting reste anecdotique. La moitié des personnages est inutile et Brie Larson fait le minimum et campe une photographe qui passera 2h à prendre des photos toutes plus mauvaises et mal cadrées les unes que les autres ! John Goodman n’arrive toujours pas à prendre les devants et s’efface tandis que John C. reilly est toujours le rigolo de service. Tom Hiddleston n’a aucun moment de bravoure et Kong est vraiment celui par qui tout l’aspect aventure passe. Ne trouvant que rarement une bonne approche du personnage, à la fois menace tapie dans l’ombre ou monstre incompris (la scène de l’hélico avec Brie Larson et Kong est totalement incohérente à ce moment du film), le film ne trouve grâce dans aucun genre. On ne s’ennuie jamais cependant il n’est pas rare de se demander l’intérêt d’un tel projet quand on l’inscrit dans cet univers partagé.  Beau à certains moments, imparfaits dans d’autres, ridicule souvent, rarement pertinent dans ses choix, ce Kong reste purement anecdotique. Si vous prenez ce film avec une approche légère, vous en sortirez satisfait. Mais on pense que ce film méritait un meilleur traitement.

SPOILER SUR LA SCENE POST-GENERIQUE

Et quand le générique de fin vous spoile la scène post-générique, on se demande vraiment dans quel système on se trouve… On retrouve nos deux héros joués par Brie et Tom. Ils sont interrogés par le Monarch, ce groupe de recherche sur les monstres. Ils prennent alors connaissance de la présence de Godzilla, Ghidorah le dragon à trois têtes, Rodan le ptérosaure et Mothra la mite géante via des photos.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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