Critiques de films

Sully : Eastwood à l’Ouest

Quand Clint Eastwood s’attaque à l’histoire improbable de l’avion qui s’est posé sur l’Hudson River, ça donne un film un peu faiblard.

A 86 ans, Clint Eastwood continue inlassablement à réaliser. En effet, le cinéaste a enchaîné l’anecdotique Jersey Boys (2014), le plus que controversé American Sniper (2015) et maintenant Sully. Le film raconte l’histoire vraie du commandant Chester « Sully » Sullenberger qui, le 15 janvier 2009, a pu poser son avion sur l’Hudson, sauvant la vie des 155 passagers à bord. Eastwood s’intéresse à l’acte héroïque puis à l’enquête judiciaire.

Le timing fut important pour le commandant : en effet, pendant 210 secondes, il dût choisir entre rentrer à l’un des aéroports ou amerrir sur l’Hudson. Il en va de même pour un film : il faut savoir doser les informations, maintenir l’attention du spectateur et ne pas perdre son temps dans des futilités. Or, le problème de Sully se pose là : Eastwood ne sait pas comment faire tenir son récit sur une durée raisonnable. Le film est très court (1h36) mais Eastwood donne l’impression qu’il n’a rien à dire sur le sujet. Ainsi, l’acte de Sullenberger est montré trois fois à travers trois points de vues différents. Certes, ces séquences impressionnent par leurs précisions chirurgicales et par la réalisation d’Eastwood. On peut d’ailleurs voir à travers ces séquences l’ombre du 11 septembre, Eastwood optant pour des plans plus qu’évocateurs.

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Malheureusement, le reste du film n’est pas à l’avenant. Entre des flashbacks inutiles et une enquête judiciaire peu passionnante, le film fait du surplace. On peut d’ailleurs faire un parallèle avec Flight (2013) de Robert Zemeckis, la structure des deux films étant très proches. Sauf que ce parallèle désavantage le film d’Eastwood : le long métrage de Zemeckis possédait une âme et était incarné tandis que l’autre est artificiel, métallique et ne semble exister uniquement pour pouvoir remporter des prix.

Malgré une interprétation sobre et élégante de Tom Hanks dans le rôle du héros du quotidien ; malgré une réalisation parfois inspirée de Clint Eastwood ; Sully est une coquille vide. Vide d’émotion et d’âme, le contraire de American Sniper, vide d’originalité, là où Eastwood réussissait à transcender des histoires profondément classiques, il ne parvient jamais à donner de la chair et un supplément de substance. Efficace mais peut mieux faire.

T Bonnet.

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