Critiques de films

La Danseuse, vie et œuvre de Loïe Fuller. Et Soko fut

La Danseuse est le premier film de la réalisatrice Stéphanie Di Giusto. Il raconte la vie de Loïe Fuller, qui au début du vingtième siècle a révolutionné l’art de la danse et de la scène. Dans ce rôle, Soko, jeune chanteuse et actrice, crève littéralement l’écran. Elle partage l’affiche avec Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry et Lily-Rose Depp.

Marie-Louise Fuller naît et grandit dans le grand ouest américain. Son père est français et sa mère, américaine, les a quittés pour vivre à New York. La jeune fille passe son temps à lire des pièces de théâtre. Elle rêve de se produire à l’Opéra de Paris. Après la mort de son père, elle décide de retrouver sa mère. Elle tente de débuter une carrière d’actrice à New York et lors d’une soirée, tandis qu’elle improvise une scène de danse sous hypnose, quelque chose se passe en elle. Elle a trouvé « sa danse ». Alors, elle n’a plus qu’un seul but : créer son spectacle et se produire sur scène, si possible à Paris. Sur le chemin de ce projet, elle va rencontrer un riche comte qui va l’aider.

danseuse-affiche-filmC’est alors que démarre « vraiment » le film. Marie-Louise, désormais Loïe Fuller, se rend à Paris et arrive à convaincre le gérant d’un célèbre cabaret de la laisser faire un essai. La créativité de la jeune femme ne semble pas avoir de limite. Elle a tout précisément en tête : le costume, les éclairages, la musique, la mise en scène… Le résultat est immédiatement bluffant et le succès ne se fait pas attendre.

En tant que biopic d’artiste, La Danseuse a de gros traits de ressemblance avec La Môme, ce qui est pour moi, je le précise, un compliment. Le début du film nous laisse entrevoir une Loïe Fuller en plein malaise suite à une représentation, puis nous revenons en arrière pour découvrir sa jeunesse dans le grand ouest. Nous laisser deviner l’immense succès de l’artiste avant de revenir à une chronologie plus simple fonctionne très bien.

Stéphanie Di Giusto choisit de ménager le suspens quant au spectacle de Loïe Fuller et le mystère reste entier jusqu’à la scène, incroyable, de la représentation aux Folies Bergères. Accompagnée par les Quatre saisons de Vivaldi, la danse nous transporte littéralement. On a le cœur soulevé de tant de beauté. Soko est bluffante de créativité, d’énergie et de grâce.

loie-fullerA l’origine du film : une photo découverte il y a plus de six ans par la réalisatrice, de Loie Fuller en « lévitation » dans un jardin, en train de répéter sa danse, vêtue de ses voiles. L’envie de savoir qui elle était l’a menée à ce projet ambitieux. Stéphanie Di Giusto a mis tout son énergie à mettre sur pied ce film qui permet d’apprendre à connaître cette artiste injustement oubliée.

Si Loïe Fuller n’était pas une danseuse au sens classique du terme et s’est beaucoup abîmée la santé à cause de ces mouvements et des éclairages qu’elle s’imposait sur scène, elle a révolutionné l’art de la mise en scène en intégrant notamment tout un dispositif d’éclairage et autre matériel dans ses spectacles.

danseuse-deppLa Danseuse met également l’accent sur la rencontre de Loïe Fuller avec Isadora Duncan, connue pour l’avoir éclipsée en leur temps. Interprétée par une Lily-Rose Depp qui a beaucoup attiré la curiosité, Isadora est présentée comme une jeune manipulatrice, davantage intéressée par la réussite que par l’art de la danse à proprement parler. Lily-Rose fait le job.

Aux côtés d’un Gaspard Ulliel fantômatique et franchement sans grand intérêt, Soko crève l’écran. Tout en maturité, son jeu est tout simplement parfait. Elle sonne juste du début à la fin. Toute la préparation et l’entraînement laborieux derrière les scènes de danse sont invisibles. Ne restent que la grâce, une énergie folle et une interprétation sans fausse note. C’est elle qui porte le film, servie par une mise en scène soignée, qui cherche à retranscrire les atmosphères de chaque moment. Le choix des lieux et le travail sur la lumière permettent de sublimer la grande majorité des scènes.

On reprochera sans doute à La Danseuse son côté manichéen, qui ne m’a absolument pas dérangée. Stéphanie Di Giusto met en lumière toute la créativité de Loïe Fuller, mais aussi son côté perfectionniste et torturé qui lui a coûté sa bonne santé. Sa sexualité hésitante est également abordée à l’aide des personnages du comte et d’Isadora, mais la réalisatrice choisit de ne pas en faire le centre du film en développant sa relation avec Gabrielle, son associée, interprétée par Mélanie Thierry.

En bref, un petit bijou de grâce et de sensibilité à découvrir sans hésiter !

 

Découvrez la bande-annonce du film !

Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, Soko et Stéphanie Di Giusto - Photocall du film "La danseuse" lors du 69ème Festival International du Film de Cannes. Le 13 mai 2016 © Borde-Moreau / Bestimage
Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, Soko et Stéphanie Di Giusto – Photocall du film « La danseuse » lors du 69ème Festival International du Film de Cannes. Le 13 mai 2016
© Borde-Moreau / Bestimage

Claire

Rédactrice / Responsable de la section "Livres"

Une réflexion sur “La Danseuse, vie et œuvre de Loïe Fuller. Et Soko fut

  • J’ai très hâte d’aller le voir ! C’est prévu pour ce WE, je viendrai dire ce que j’en ai pensé ! En tout cas, ça donne envie

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