On a terminé

UnREAL saison 2 : pas de chance, c’est devenu moins bien

Ce fut un gros succès pour la saison 1 d’Unreal, nouvelle série de Lifetime pendant l’été 2015. Dans notre top 10 du Bilan Collectif, Unreal avait surpris tout le monde en étant une satire parfaite de la TV réalité. Attendue, la saison 2 est un ratage assez conséquent.

Quinn, Rachel, Chet, Jay, Madison, tout le monde était de retour pour une nouvelle saison de Everlasting, le Bachelor de la série. Après une précédente saison couronnée de succès, l’équipe revient pour tenter de faire mieux. Discours un peu méta, puisque tout ça peut s’adapter à la série en elle-même. Dans notre premier article critique sur le début de la saison 2 , nous avions entr’aperçu les faiblesses d’une saison qui veut faire mieux avec les mêmes rebondissements. On redoutait que la saison 2 d’Unreal tombe dans les clichés de la satire trop appuyée, facile, fade et donc totalement impuissante. Les audiences, les retours du public et les créateurs elles-mêmes semblaient tous d’accord : la saison 2 ne fait aucune étincelle.

Pendant 10 épisodes, nous attendons que la vitesse supérieure soit enclenchée, que le niveau augmente, que les intrigues décollent. Rien de cela n’arrivera. La faute à quoi ? A un excès d’orgueil ? Peut-être. A une volonté de faire plus à tous les niveaux ? Sûrement. Ou simplement Unreal a bluffé tout le monde l’année dernière sur un coup de chance et que la fraîcheur du concept avait tout pour gagner l’adhésion du public. Mais alors quelles sont vraiment les forces d’Unreal ?

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La série a des atouts non négligeables. La saison 1 n’est pas un coup de chance. Elle avait su utiliser au mieux des personnages encore vierges pour l’oeil et l’esprit du spectateur. Avec la saison 2, on connaissait déjà par cœur Rachel et Quinn, on se doutait de tout ce qu’il pouvait se passer. C’est ainsi que les malversations de Rachel ne surprennent plus personne pendant cette saison 2. L’écriture de ses coups bas sont désastreux, on ne sait plus si c’est le personnage qui agit avec détachement, qui est blasé ou si c’est l’écriture qui semble en pilotage automatique. Son duo avec Quinn ne fonctionne plus. D’ailleurs toutes les interactions entre les personnages ne fonctionnent plus vraiment. Le gros problème est que la mécanique du show semble enraillée. Le dosage entre pertinence du propos et jouissance de l’intention ne se marient plus. Les dessous d’une émissions de dating, le jeu lui-même et la satire font plouf. L’écriture ne s’intéresse plus au déroulement du jeu et les intrigues se concentrent essentiellement sur un jeu de pouvoir entre Rachel, Quinn, Chet et Coleman, nouveau venu dans l’équation. Ce jeu de manigances, d’écrasement prend le pas sur une vraie cohérence. On ne sent personne derrière le programme Everlasting. Chaque épisode a son existence ailleurs, on ne comprend pas qui dirige, qui tourne, qui écrit, bref qui est le patron. Prise à son propre jeu, Unreal ne parvient jamais à imposer un schéma. Dans une vraie émission, nous n’avons pas 4 showrunners qui se tirent dans les pattes sans intervention du studio, sans vrai décisionnaire. Au fil des épisodes, les personnages ne semblent n’avoir que du pouvoir durant une séquence. Tout le reste (montage, reste de l’épisode, comblage, réalisation) se passe ailleurs, dans un vortex scénaristique qui nous aurait vraiment intéressés. L’émission Everlasting passe au troisième plan. L’aspect pernicieux de la saison 1, qui était réussi, était de nous prendre d’affection pour les candidates, de suivre le jeu tout en suivant le reste. Unreal nous pond un soap sans grand intérêt pour sa saison 2.

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Il y a donc un vrai relâchement des intrigues mais surtout des personnages. Quinn devient une amoureuse transie en trois épisodes, délaisse sa propre émission sans délégation et revient en personnage totalement raté dans son final. Détruire la toute puissante Quinn par un choix que la Vie lui impose est maladroit si ce n’est à peine convaincant. Sans aucun opposant, Quinn a été un personnage en roue libre, se caricaturant et perdant toute sa prestance… voire sa Constance….
Rachel, électron libre, peine à imposer une évolution concrète. Shiri Appleby sublime un personnage qui peine aussi à exister de lui_même. Rachel est une sorte de jauge pour les scénaristes qui lui font faire tout ce qui pourrait relancer la mécanique. C’est flagrant dans l’épisode 9 avec la séquence de Yaël et ses petits soucis gastriques. C’est une écriture débile, facile, insultante qui rappelle les pires heures de Nip/Tuck qui avait tenté la même chose. Symptôme d’un Jump The Shark agressif pour la série de Ryan Murphy, c’est une marque de profond vide créatif pour Unreal.
L’arrivée de Coleman, nouveau showrunner, aurait pu faire croire que du sang neuf était déjà nécessaire. Son rôle est inutile dans la prise de pouvoir du show Everlasting. Même avec lui, Quinn tient encore les rênes quand Chet ne vient pas y mettre les mains dans un désordre de cohérence.

Graham aurait été un personnage intéressant à développer. Présentateur d’Everlasting, beauf et terriblement sûr de lui, ce personnage aurait gagné à devenir le vrai boulet de cette saison. Ses rares interventions étaient du pain béni, et renvoyaient à nos références les plus utiles pour apprécier un show satirique sur la TV…. Même les candidates sont oubliées. Dommage pour Kim Matula (Amour, Gloire et Beauté) qui joue une Tiffany intéressante. Yaël, Chantal, Beth Ann, Brandi, Hayley étaient bien campées et le sort a été dur pour la plupart d’entre elles. Les candidates les plus intéressantes sont passées à la trappe histoire de ne pas surcharger le côté soap déjà bien lourd des personnages de l’équipe créatrive.

C’est dans un final un poil plus audacieux qu’Unreal termine sa saison 2. Et la méchanceté crasse des personnages ressortent dans un imbroglio de coups bas qui fait plaisir même si la résolution de tout ça se termine sur une note glauque facile. Cette note renvoie à la psychologie jouissive des protagonistes. On oublie les idées comme le Bachelor noir, la scène des policiers et du coup de feu, la santé de Darius, l’émancipation de Madison et Jay qui sont sacrifiés chacune en dix minutespendant les 10 épisodes.

Unreal saison 2 aura tout fait pour parvenir à maintenir l’intérêt du public mais semble ne plus avoir les idées nécessaires. Est-ce qu’il faut encore se concentrer sur Everlasting ? Ne faut-il pas que l’équipe se retrouve sur un projet comme des Trips façon Les Anges avec un casting de candidats bêtes et méchants ? La réponse est claire si Unreal veut continuer à être une exception pour Lifetime, chaîne sans fer de lance.

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Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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