Critiques de films

Le Livre de la Jungle : comment et pourquoi (s’)adapter

Disney a trouvé une méthode intéressante pour faire perdurer son catalogue tout en misant sur la modernité et la tendance à remaker. Cendrillon il y a quelques temps, La Belle et la bête à venir et donc le Livre de la Jungle ce mois-ci en version LIVE.

Le dessin animé date de 1967 et en live, il n’y a bien eu que la version de 1942 de Zoltan Korda et celle de Stephen Sommers (la Momie) qui a osé faire une simili suite au roman en 1994 avec Jason Scott Lee en Mowgli et Lena Headey, Sam Neil et Cary Elwes. Les animaux étaient réels, il y avait du Matte Painting, des incrustations foireuses avec des animaux, bref ça sentait bon les années 90.  Disney a proposé à Jon Favreau de l’écurie Marvel / Disney de se concentrer sur une adaptation fidèle du roman de Rudyard Kipling daté de 1894.

Nous voici alors avec un film quasiment d’animation puisque les animaux sont en images de synthèse, que les décors sont à 95% générés par ordinateur et que seul le petit Mowgli est en chair et en os. La dénomination LIVE est purement marketing / communication dans ce cas. Le Livre de la Jungle est une transposition du dessin animé de Walt Disney à la virgule près.

Les différences se situent principalement dans le ton. On oublie l’anthropomorphisme et la caractérisation très humaine des animaux du dessin animé pour une volonté de coller à la réalité de la faune, physiquement parlant. Balloo n’agit pas comme un homme mais comme un ours et Bagheera est une pure panthère. Mais si le ton se veut plus réaliste, le film s’adresse toujours aux enfants avec une patte beaucoup moins cartoonesque. On reste ancrés dans une violence limitée et dans des thématiques manichéennes pourtant l’exécution parait fade. En effet, difficile de trouver un intérêt à ce film si on connait le dessin animé. Si on dépasse la joie de retrouver un univers familier, on reste vraiment sur notre faim. Le film ne propose rien de vraiment excitant au-delà de la prouesse technique. Les événements s’enchaînent orphelins de toute surprise (même pour un spectateur étranger au dessin animé comme moi) empêchant également toute émotion.

L’enfant héros n’est pas le plus convaincant hélas, difficile de faire plus expressif que le modèle de 1967 d’ailleurs… IL arrive pourtant à faire son possible pour évoluer dans un décor entièrement virtuel que la 3D arrive péniblement à rendre sublime. Favreau indique qu’aucun décor n’est réel mais alors où se cache l’intérêt de filmer en 3D si le héros n’est que l’élément réel du tournage ? On cherche encore. Le casting est complété par des voix reconnaissables comme Scarlett Johansson pour deux minutes de Kaa le boa. Bill Murray arrive à rendre Baloo plus vivant que jamais tout comme Idris Elba, Ben Kingsley et Christopher Walken qui s’en sortent admirablement bien.

livre de la jungle

Un autre point discutable reste la thématique de l’Homme face à sa nature et à la Nature. Le Livre de la Jungle nous inculque que l’Homme n’a pas sa place dans la nature tout en se gargarisant de l’idée que, dans l’épilogue, Mowgli doit devenir un Homme pour s’en sortir. Que l’Homme soit responsable de ses propres actes et de ses conséquences est une bonne chose en l’occurrence. Dans la mesure où le film passe à côté de ce propos, il est alors douteux de s’attacher au message prodigué par Le Livre de la Jungle.

Ni immersif, ni totalement raté, Le Livre de la Jungle reste un produit formaté sans grande saveur qui intéressera les plus petits et les fans du dessin animé voire du livre. La pertinence de produire un tel remake en 2016 est légère et il aurait été grandement satisfaisant de tenter l’aventure du film live avec marionnettes dans l’esprit de Jim Henson il y a 15/20 ans pour offrir à la fois une vraie dimension attachante et une âme à ce projet. La nostalgie et l’ambition auraient fait le reste…

livre de la jungle

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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