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#TeamBatman – Batman Forever (1995)

Toute la semaine et jusqu’à la sortie de Batman V Superman : Dawn Of Justice, SmallThings.fr revient sur le traitement cinématographique de ces deux personnages emblématiques. Après avoir étudié les Batman de Burton et Superman I et II, c’est au tour de Batman Forever d’être traité !

Apres deux films réalisés par Tim Burton, ce dernier passe la main en raison de différends artistiques avec la production, qui ne souhaite pas poursuivre la saga dans cette veine sombre, critiquée par de nombreuses familles. Michael Keaton l’accompagnant pour les mêmes raisons, il faut trouver à la fois un nouveau réalisateur et un nouvel acteur. Et pourquoi pas Joel Schumacher, petit réalisateur d’action fort apprécié du grand public ? Le choix est vite fait, la production aura plus tard à la regretter mais c’est lui qui est choisi pour poursuivre les aventures de Batman, et impose rapidement Val Kilmer pour porter le masque. Le casting se termine, tout est prêt : Batman Forever est lancé.

Comme voulu par le production, Batman Forever (titre écho au questionnement du héros tout le long du film, rester Batman ou non, le titre étant déjà un spoiler en soi) est très récréatif, ne se pose pas beaucoup de questions, vit sous le signe du fun, de la sexyness et de l’action, tout en privilégiant un aspect familial afin d’assurer la pérennité de la licence. Il serait inutile, voir un important contresens de comparer qualitativement les versions de Schumacher et Burton puisque le projet de base n’avait pas la même visée, un peu comme DC et Marvel aujourd’hui, quand le premier privilégie le fond pour, parfois, sacrifier la forme, et inversement.

Ainsi le film, ici, ne s’occupe guère de l’aspect torturé des personnages incarnés : ainsi Batman, et c’est une des principales caractéristiques de la vision de Joel Schumacher, est-il complètement transparent, joué par un Val Kilmer blasé en raison de nombreux conflits de tournages, et ce malgré les tentatives vaines de Schumacher pour apporter un peu de liant au personnage (on a malheureusement trouvé plus subtil que la métaphore du livre rouge…). Celui ci n’existe finalement que pour combattre les méchants et embrasser Nicole Kidman (qui n’existe au passage presque que pour le moment où elle enlève son veston ou sort nue de son lit, entourée d’une couverture) fait figure d’une sorte de James Bond en costume de chauve souris, qui gagne forcément à la fin sans avoir rien perdu de sa superbe et de son assurance.

Batman Forever
The Riddler et Harvey Two-Faces, méchants du film.

Chez les méchants, c’est finalement la même chose : la dualité de Harvey Two-Faces existe bien, mais elle n’est prétexte qu’à des farces plus ou moins bonnes et des punchlines sorties de nulle part comme Schumacher sait si bien les inventer. Quant à The Riddler, le personnage semble avoir été ecrit pour Jim Carrey tant sa folie furieuse, qui pourrait être inquiétante en soi au vu de sa transformation en début de métrage, est contrecarrée par sa bouffonnerie. Carrey s’en donne ici à coeur joie pour faire vivre son personnage, il en fait clairement trop mais il faut comprendre que c’est dans cet esprit que le film existe, celui d’en faire à fond dans le fun, quitte à etre complètement bêta sur certains points de vues.

Cela se sent d’ailleurs jusqu’au traitement de Gotham City et de la Batmobile, auxquelles Batman Forever fait ici subir un véritable lifting modernisé, les courbures gothiques de Burton se changeant en buildings où le fluo côtoie… Le fluo, on aura jamais vu un Batman aussi coloré depuis certains comics, on ne pourra reprocher à Joël Schumacher son manque d’apport à cet univers cinématographique, que cela plaise ou non il propose bien sa vision personnelle et toute particulière, on est en fait bien loin d’un produit formaté comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Quand à la Batmobile, iconique, ses jantes complètement extravagantes en font finalement un jouet à vendre !

Batman Forever
La Batmobile

C’est en cela que le personnage de Robin, qui apparaît pour la première fois dans cette première série, se trouve si fidèlement retranscrit par rapport au comics originel, si délicieusement ridicule et désuet. Dans cette optique de film presque pour enfants, le personnage fonctionne très bien, suffisamment stupide et drôle en ce sens pour parfaitement s’intégrer à l’ensemble du métrage. Il devient donc absurde de critiquer le film en le comparant au cinema d’aujourd’hui tout simplement parce que l’optique, l’ambition, la teneur du projet est très différente ! Cela n’excuse pas le jeu amorphe de Chris O’Donnell mais, dans tous les cas, Joël Schumacher n’a jamais été un bon directeur d’acteur, de sorte que l’aspect quasi-nanardesque du film s’en retrouve décuplé, ajoutant ainsi à son charme.

En cela, le spectateur d’aujourd’hui peut se retrouver floué et très désorienté par Batman Forever. Sans aucun enjeu dramatique pour le personnage principal, il est difficile au public biberonné au cinÉma de Nolan de s’intéresser au film de Schumacher… Pourtant, je crois ce genre de film essentiel pour comprendre le cinéma commercial d’aujourd’hui, et ses tenants et aboutissants qui finalement sont une évolution logique, qui guide souvent les goûts du spectateur.

Vous retrouvez demain Tom, qui vous parlera de Superman Returns ! Et dans deux jours, nous passerons au cas Batman et Robin…

AMD

Adrien Myers Delarue

Résidant à Paris, A.M.D est fan de Rob Zombie, de David Lynch et des bons films d'horreurs bien taillés. Sériephile modéré, il est fan de cultes comme X-Files, Lost, ou DrHouse, ou d'actualités comme Daredevil ou Bates Motel.

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