Cinéphilie

Embargo critique : le réveil de la farce ?

France 2, Le Monde, Le Petit Journal… depuis une semaine, on ne parle de ça que de façon démesurée. Pourtant l’embargo critique existe depuis des années. Mais c’est Star Wars. Alors comme c’est LE sujet immanquable pour faire croire qu’on sait parler de culture populaire dans les médias, on enquête et on se braque.

Le dernier embargo critique hors Star Wars que Small Things a dû signer était pour Au Coeur de l’Océan. La projection était le 2 décembre et l’embargo tenait jusqu’au 8 décembre, veille de sortie du film. Globalement, les embargos sont pour deux raisons : le film est très moyen et il vaut mieux ne pas en dégoûter les rares spectateurs motivés qui iront le voir ou alors le film est très attendu, soumis à des sorties quasi synchronisées dans le monde et gardées secrètement secrètes par les grandes majors. Évidemment, pour le cas du film de Ron Howard, on pense surtout à la première raison…

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Les embargos ne sont pas rares, c’est le cas des gros films. Le simple fait que l’embargo Star Wars soit estampillé Star Wars a suffi pour que l’on assiste à une levée de bouclier qui souligne la fin de la critique en France. Non, ce n’est pas du tout le cas. La hype Star Wars réinvente le scandale mais l’embargo est quasi aussi « souple » ou inversement, aussi carré que les autres précédemment signés. La présence de jumelles nocturnes dans les salles, la confiscation des téléphones se font de plus en plus (oui souvent par Disney, il est vrai) et on s’en amuse plus souvent qu’on ne s’en lamente. La perte de temps et d’argent avec ces procédures rendent l’empire marketing encore plus critiquable. Le Monde a sorti son esprit critique et François Forestier s’est énervé avec son épée frappant l’eau calme de la critique sous embargo.

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Un embargo sert aussi à ce que tous les médias critiques puissent publier en même temps pour limiter les fuites concernant les intrigues, les fameux spoilers. Quand on a les moyens de fermer le clapet aux journalistes, on se le permet. Il faudrait alors mettre en place la même chose pour Walking Dead ou Game Of Thrones quand Twitter est une mine de spoilers remplie de spectateurs qui partagent leurs avis… et les détails qui vont avec. Curieusement, dans le mail de l’embargo Star Wars, il est indiqué qu’il serait dommageable de spoiler les premiers spectateurs…. On revient à la date de péremption du spoiler. La sortie de l’objet audiovisuel ouvre la boite de Pand… de spoilers dès qu’elle est rendue publique.

Un embargo est signé et approuvé par le représentant du média invité. Cela voudrait donc tendre à empêcher toute publication d’un autre journaliste issu du même média qui aurait vu le film dans d’autres conditions (téléchargement, avant-première publique). Effectivement, certaines avant-premières sont organisées avant la projection presse. Aberrant.
Maintenant, empêcher une critique complète du film tendrait à ne plus faire de critique. Un bon texte d’avis peut être exempt de spoilers mais jamais de précision sur le film. Un avis est une analyse. Une analyse est quelque chose de précis. Une critique qui n’entre pas dans le cœur du film est inutile.

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Alors de quoi accuse-t-on Disney ? De simplement se protéger face aux possibles débordements que les fans de Star Wars auraient pu créer ? Envoyer le lieu et l’heure de la projection presse par SMS la veille était-il un moyen de se protéger d’une file d’attente monstre devant ledit cinéma ? Toutes les précautions sont bonnes à prendre. Simplement, Star Wars est au coeur de l’actualité, au bord de l’asphyxie marketing, il était donc inévitable que chaque aspect de la campagne promotionnelle soit relayée par les mass médias qui sont là pour parler d’un sujet jusqu’à la lie. Même ce papier que vous lisez actuellement découle de la machine commerciale.

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Et encore, on n’a pas parlé du film. Imaginez qu’il soit juste bon, ce serait déjà un événement ! La hype fera le reste…

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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