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Quel bras pour sauver l’Empire ?

Empire propose un nouveau ton, un souffle de modernité sur la FOX. Du moins, c’est ce qu’ils veulent nous faire croire.

Diffusée après la reprise d’American Idol, Empire accomplit le meilleur score d’audience pour une nouveauté de la FOX depuis Touch en 2012.

Le plan d’ouverture annonce bien la couleur de la série. Une chanson d’un R’nB moderne portée par la voix d’une jeune chanteuse. Le producteur, en régie, n’a pas l’air commode et semble mal en point… C’est notre première rencontre avec Lucious Lyon « I need you to sing like you are going to die tomorrow. » Car c’est exactement ce qui se passe. On apprend dans ce pilot via des flashbacks chez le médecin que ce magnat de la musique a été diagnostiqué d’une sclérose latérale amyotrophique, dite la maladie de Charcot (ou vous savez, l’ALS comme la maladie mise en avant par l’Ice Bucket Challenge) et qu’il ne lui reste que deux voire trois ans à vivre. Youpi.
En résumé, l’histoire est simple. Lucious Lyon doit décider duquel de ses trois fils prendra la tête de son Empire, grosse boîte du secteur musical. Son fils aîné, Andre, semble être l’homme d’affaires parfait. Responsable, publiquement apprécié, sorti de grandes écoles, il a toutefois le désavantage de ne pas être musicien alors que son père voudrait un artiste à la tête de son entreprise. Le cadet, Jamal, dispose de nombreux talents musicaux, tant dans la composition que dans l’écriture et le chant, mais son homosexualité est un énorme stop pour son père qui l’a toujours malmené. Le benjamin de la famille, Hakeem, est la superstar rapper du moment petit chouchou, mais son caractère difficile et son attitude de diva le rendent trop immature pour le poste. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec les drames classiques, la référence populaire serait Le Roi Lear, semblerait-il. La tragédie shakespearienne connait un rebondissement quand la mère des trois garçons, emprisonnée durant 17 ans, regagne sa liberté. Son but ? Faire de son cadet un plus grand artiste que le benjamin.

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©FOX

Empire reste une série musicale à la Smash, les chansons s’intègrent d’elles-mêmes dans l’histoire, mais ne font pas forcément avancer l’histoire, les protagonistes faisant tous partie de l’industrie musicale et on en profite pour y dénoncer les coups bas, les opportunités se présentent à foison pour faire une petite démonstration de leurs talents. En fait, Empire pourrait être au hip-hop ce que Nashville est à la country. Hélas, on entre directement dans les clichés de cette industrie justement. Le yacht de luxe qui accueille une petite sauterie. Ce biz, c’est le bling bling, les hommes, les vrais, avec des frères, yo. Avec des noms comme Lee Daniels (qui réemploie Gabourey Sidibe découverte dans Precious du réalisateur), Danny Strong (récemment récompensé pour Game Change) ou encore Ilene Chaiken (disparue depuis The L Word) en passant par Timbaland (pas besoin de le présenter) derrière la caméra, le texte, ou encore le projet et la production des chansons, on pouvait s’attendre à du solide. Le solide, c’est dans les futurs guests stars que ça s’annonce, puisque Courtney Love et Snoop Dog sont déjà prévus au programme. En revanche, entre drogue, problèmes de gangsters car il ne faut pas oublier les origines d’Empire, sexe et argent (au niveau de la FOX, précisons-le), l’ensemble laisse un mauvais goût de superficialité avec des personnages caricaturés (le petit qui se prend pour le roi du monde et le gay songwriter, damn). Le pilot a une construction un peu bancale, entre flashbacks survenant au mauvais moment et perte du fil conducteur.

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C’est bien là, le problème. Pour une amatrice de tout ce qui peut être musical de près ou de loin, comme moi, je n’arrive pas à immerger dans ce monde. Car même si ce n’est pas mon genre de musique de prédilection, je reconnais volontiers les talents indéniables de chaque chanteur et acteur. Je suis même bluffée par le cast, de l’illustre inconnu qui débite des paroles à une vitesse respectable et qui joue bien la comédie alors que c’est sa première expérience (Bryshere Gray), par la sensibilité non surjouée de Jussie Smollett, et par la ressemblance frappante entre Trai Byers et Freddie Prinze Jr. (avec quelques années en moins et un peu plus blanc). Terrence Howard et Taraji P. Henson ont tous les deux, à leur manière, une présence indéniable. Je garde quand même espoir, les défauts peuvent être corrigés, et j’attends de voir comment ça va évoluer…

(P.S. : Ça me fait penser que lors de la rediffusion de Smash, HD1 avait fini par déprogrammer la série tellement le public n’était pas au rendez-vous, en fait, le style musical d’Empire pourrait parler à plus de gens, et ça pourrait marcher.)

Aki

Une énième fangirl de Whedon, obsédée par les comédies musicales, la nourriture et les drames britanniques.

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