On a testé

FLESH AND BONE : la dure douceur de l’être

On attendait Flesh and Bone depuis longtemps déjà : annoncée par Starz en février 2014, cette série mettant la vie d’une danseuse opérant comme étudiante à l’American Ballet Company en premier plan devait être une œuvre mêlant souffrances physiques et psychologiques ! Et si le générique leaké en octobre dernier, lui, devait nous annoncer quelque chose, c’était que cette œuvre se voulait poétique !

Et qu’en penser, après diffusion dimanche du premier épisode ?

flesh and bone
©Starz

Commençons par le cast de la série. Sarah Hay interprète une Claire Robbins de talent. Si le personnage est difficile à jouer de part sa complexité, l’actrice qui opère pour la première fois dans un premier rôle (sa seule expérience devant la caméra avant celle-ci était de la figuration dans Black Swan) s’en sort à merveille dans son interprétation juste, sincère et émouvante du rôle-titre ! D’autant que Flesh and Bone a pris le parti d’une réalisation intimiste autour de ce personnage et que la marge d’erreur acceptable de la part de l’actrice est faible : elle se doit de créer une empathie entre Claire Robbins et le téléspectateur ou la série se rate lamentablement dans sa tentative de créer une aura poétique et brutale autour d’un personnage fragile et sensible à la fois !

A vrai dire, c’est son défaut majeur : la série tourne majoritairement autour d’un seul personnage et les autres en pâtissent durement ! J’ai rapidement eu cette impression en visionnant le premier épisode quand Sarah Hay n’était pas à l’écran et qu’on voyait se peindre les scènes, pourtant nécessaires, avec Ben Daniels dans le rôle de Paul Grayson, discutant du futur de l’American Ballet Company avec son staff. Quelque chose manquait à la scène, une absence soudaine de poésie, le sentiment doux-amer qu’on entretient avec Claire Robbins tout le long de l’épisode.

flesh and bone
©Starz

La poésie se voit sur de nombreux plans. Déjà, de part sa réalisation sensible et maîtrisée (les dernières scènes dans le club de strip-tease par exemple) accompagnée d’une écriture dure et franche mais aussi d’un jeu d’acteur émouvant. Mais c’est le défaut d’une réalisation intimiste. Retirez le personnage clé à cette intimité et vous retirez tout le charme de cette dernière. L’écriture et la réalisation en deviennent tout au plus acceptables. Sans non plus trouver ces scènes horribles, on regarde sans réelle saveur des moments de la série présents seulement pour faire avancer l’histoire : des étapes obligatoires mais dénaturant la poésie de Flesh and bone.

On peut apprécier cependant le professionnalisme du réalisateur David Michôd et de la scénariste Moira Walley-Beckett qui opèrent de façon réfléchie à la création de ce premier épisode. En effet, aucun moment n’est présenté inutilement, chaque scène résulte d’une volonté d’apporter, soit immédiatement, soit pour plus tard, une certaine saveur à la série ! Par exemple, si j’ai pu déplorer des scènes de sexe au début et au milieu de la série, je n’ai compris qu’à la toute fin leur intérêt dans Flesh and Bone.

Cette dernière se montre, dans tous les cas, comme une série de premier plan. C’est-à-dire une série dramatique qui n’est pas là pour plaisanter, qui sait y faire et qui s’annonce comme l’un des succès de cette année 2016 ! Je déplorerais peut-être après un bing-watching intensif, la courte durée de la série –  huit épisodes et seulement une saison – bien que je me laisse bercer par la perspective de voir une fin à l’image de ce premier épisode : quelque chose de poétiquement fort !

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