Sériephilie

Gotham 1×21 : The Anvil or the Hammer

Avant-dernier épisode de la saison 1 de Gotham, plein de surprises et de rebondissements…

 ATTENTION SPOILER TRANSITIONNEL

 Dans l’épisode précédent, Gordon s’est bien planté : c’est Barbara que L’Ogre a choisi de viser, et non Leslie. S’engage alors une course contre la montre effrénée, entre un Ogre dans la jouissance et un Gordon déterminé. D’autre part, Edward Nygma, qui a décidé de jouer le preux chevalier de Miss Kringle, tue l’officier Dougherty, qui la maltraitait, pour ce qui est le premier meurtre du futur Homme-Mystère… Quant à Oswald Cobblepot, il continue de mettre en place son plan contre Maroni…

Gotham
©Fox

A présent, Oswald finalise son plan, Gordon recherche activement L’Ogre, qui lui continue ses avances envers Barbara (lui montrant même sa chambre de torture), tandis que Nygma la joue Walter White en tentant de faire disparaître le corps de l’officier Dougherty

Il faut l’avouer, Gotham nous a bien eus. On semblait se diriger vers une intrigue de l’affrontement, en 4 épisodes, centrée sur L’Ogre, et il apparaît finalement que cette fin de saison sera sur bien plus que cela, sur ce qui gangrène la ville, ce qui touche ses fondements, de la mairie à la police en passant par l’asile d’Arkham : la guerre, l’intérêt, le pouvoir (et ce alors que Fish Mooney n’est toujours pas réapparue). En fin de compte, ce final sera un retour solipsiste de Gotham sur elle-même, sur ce qui fait, façonne Gotham la ville, le lieu, l’espace, le mythe, et Gotham la série, ce qu’elle souhaite apporter, d’un point de vue «Batmanien» (toute une nouvelle mythologie) et d’un point de vue «non-Batmanien» (une série policière, voire un peu politique, un comics-serie). Si la série a apporté à l’intrigue de l’Ogre toute l’importance qu’elle lui devait, elle nous attrape sur quelque chose qu’on ne soupçonnait pas : le fil rouge, que l’on taira pour le moment.

 Ainsi l’intrigue sur l’Ogre s’est-elle déroulée progressivement, au cours de trois épisodes maîtrisés malgré quelques cahots que l’on mettra au crédit de l’inexpérience et de la naïveté. Enclenchée tranquillement à l’épisode 19, atteignant un premier climax à l’épisode 20, achevé à l’épisode 21, la mécanique ogresque s’est imposée comme véritablement prenante, à travers l’affrontement entre un Ben McKenzie raide comme un piquet à l’idée de voir son ex kidnappée, et un Milo Ventimiglia montant en puissance au fil des épisodes, semblant se «monstrifier» petit à petit, pour s’achever sur un dernier combat à la fois incroyablement fascinant et terrifiant. Il est dommage qu’Erin Richards, interprétant Barbara Kean, soit loin d’être à la hauteur étant une véritable épine dans le pied de la série par son incapacité à jouer le tragique, le sombre, la surprise, mais aussi la détermination dans une telle ville, comme l’est son personnage. Elle restera l’un des ratés de la série, à l’histoire assez étonnante et dans une position de faire-valoir, mais son rôle dans cette enquête a apporté paradoxalement un petit souffle donnant un peu plus d’intérêt à une intrigue qui n’aurait pas été la même sans une victime connue. Elle permet aussi de transcender Gordon, Ben McKenzie continuant son chemin vers l’équilibre entre son Gordon débutant et le Gordon expérimenté de Gary Oldman, notamment dans une scène d’interrogatoire particulièrement réussie en terme d’exploitation du personnage.

Gotham
©Fox

 Mais grâce à ses acteurs principaux, Gotham a su montrer qu’elle avait toutes les capacités pour établir une nouvelle vision des comics d’une part, et s’imposer, par sa particularité (ni comics, ni tout à fait pas comics, avec des personnages de comics à son service) comme une série policière divertissante et intrigante, ne cherchant pas à masquer grossièrement ses défauts mais faisant preuve d’une ambition certaine. Cet épisode est un symbole de cette ambition, maîtrisant ses multiples intrigues en les faisant agir tout autant comme fil rouge que comme intrigue principale. C’est ainsi que l’intrigue du Pingouin n’est pas aussi innocente qu’elle en a l’air, que s’opère un véritable tournant pour Edward Nygma, celui de la radicalisation (excellent Cory Michael Smith, qui avec le génial Robin Lord Taylor s’imposent comme les garants de cette touche de folie qui fait aussi de Gotham cette ville hubristique), promettant une saison 2 avec moins de «Ed» et plus de «Sphinx». Quant à l’Ogre, réhabilité le temps de trois épisodes méchant principal, la peinture de ses passions, qui guide toute l’intensité des trois épisodes, du sentiment d’être interloqué (pourquoi montrer à Barbara sa chambre de torture?) à la gêne (une scène de meurtre dans cet épisode 21 ne laisse pas indifférent) nous laisse sur une impression d’évolution, de maturité pour la série, qui devrait logiquement hausser son niveau dans la saison 2.

 Quelques questions restent toutefois en suspens : où l’intrigue de mini-Bruce, dont les personnages gravitant autour (Bunderslaw, Lucius Fox) sont plutôt là pour faire un peu le décor, un décor qui limite, nous frustrant autant que le personnage de Bruce qui a connu des évolutions, mais qui ne sont au final qu’un aperçu de ce qu’est la vie hors de son manoir. Bruce mène son enquête, mais les résultats sont encore peu probants, tandis que sa partenaire Selina Kyle n’est pas encore le personnage-cador que l’on attend. L’immersion dans la jeunesse de Bruce Wayne reste toutefois intéressante. Mais l’autre question est : que fout Fish Mooney ? Elle s’est échappée en hélicoptère à l’épisode 19, est blessée, mais depuis, silence radio. Espérons que son retour ne se fasse pas in medias res.

Evitant la facilité, sachant diriger ses personnages dans un monde de plus en plus gangréné, pouvant manier l’humour dans les moments les plus tendus (une scène hilarante montre notamment Bullock dans un club sado-maso, priceless), cet avant-dernier épisode tient toutes ses promesses, et l’on espère qu’il en sera de même pour le prochain !

Leo Corcos

Critique du peuple, par le peuple, pour le peuple. 1er admirateur de David Cronenberg, fanboy assumé de Doctor Who, stalker attitré de David Tennant.

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