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False Flag – La vérité si je mens

L’exclusivité israélienne de Séries Mania cette année s’intitule False Flag, thriller rythmé sur fond de Mossad. Maria Feldman, la co-créatrice, présentait sa dernière nouveauté avant même sa diffusion nationale locale.

Scène d’ouverture, tandis qu’une chaîne d’informations passe en bruit de fond, un gamin monte un fusil automatique tandis que son père le chronomètre. Bienvenue à Tel-Aviv, où le service militaire demeure encore obligatoire, où des citoyens lambdas se font voler leur passeport pour permettre à des pseudo agents du Mossad de leur piquer leurs identités. Au début, il semblerait que ces cinq suspects dans l’enlèvement d’un politicien iranien soient les victimes du plus grand quiproquo de tous les temps, chacun dans leur vie banale. Puis peu à peu, on s’aperçoit qu’il se cache des choses que le premier balayage des personnages ne nous avait pas montré… Et à la fin de cette première journée et épisode, tout ne semble plus si évident. Le spectateur se prend au jeu de la découverte, cherche à reconnaître les signes de leur culpabilité mais aussi de leur innocence car on s’attache bon gré mal gré à ces personnages qui pourrait être vous et moi.
Non seulement dans ce pilot, on ne s’ennuie pas une seconde, mais en plus on sourit volontiers. La tension se maintient ces 45 minutes, entre scènes du quotidien où on apprend à connaître les personnages, aux scènes où le kidnapping revient au premier plan pour nous remettre le doute. Le plot s’inspire d’un fait réel, l’assassinat d’un général du Hamas à Dubaï assez improbable, aux yeux de tous…

©YES
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Cette année, si je ne devais citer qu’un coup de cœur, je répondrais False Flag (ou Shkufim en VO), et le public semble d’accord avec moi puisque la série est arrivée ex-aequo avec Olive Kitteridge pour le prix du public. Proche de Hatufim puisque ça parle d’espionnage et de terrorisme, mais aussi de l’aspect humain qui l’entoure, la série se fonde sur des recherches poussées ainsi que l’expérience personnelle de Amit Cohen, co-créateur, anciennement journaliste et membre des forces spéciales israéliennes et dégage ainsi une véritable authenticité. Pour expliquer un peu la genèse du projet, le début du développement de la série remonte à il y a quatre ans, et la diffusion israélienne est prévue pour cet automne. Preuve en est, même sur IMDb, ils la classent encore comme « en développement », sachant que seul le premier épisode a été monté pour le moment. Malgré un sujet relativement sérieux, ils s’en sortent avec légèreté. A la base, dix personnages étaient supposés composer le panel des suspects, mais pour des questions de longueur et de complexité, ils se sont limités à 5, ce qui est amplement suffisant à mon avis. Le temps de bien développer chacun des personnages, avec leurs entourages… ça demande déjà pas mal de boulot. En tout cas, pour nous rassurer, on sait d’ores et déjà que l’affaire sera résolue à la fin de la saison.

Un jeune homme dans la salle a demandé si les femmes s’étoffaient un peu plus dans la suite des épisodes et perdre leur attitude un peu bécasse, à cela, la co-créatrice lui a répondu qu’effectivement, leurs comportements allaient s’expliquer par la suite. Les conditions de tournage pour une série en Israël sont loin d’être optimales, et le processus diffère un peu. Tous les épisodes sont écrits à l’avance, huit en l’occurrence, et le tournage s’effectue comme un long-métrage, par localisation et non par chronologie. Comme l’a mentionné Hagai Levi, vivre de ses rentes en tant que scénariste n’est pas chose aisée. C’est pourquoi ces artistes se diversifient, par exemple dans le rôle de créateur ou producteur, etc. En tout cas, on assiste à une banalisation incroyable du Mossad, qui devient désormais un sujet sur lequel Israël peut plaisanter, puisque prochainement, une comédie autour de ces services de renseignements sortira.

(P.S. : Sachant que les droits n’ont pas encore été achetés en France, cela se trouve qu’on ne verra jamais la suite sur nos écrans… et avouons-le, il sera également difficile de les trouver en ligne… Le premier épisode est de nouveau projeté aujourd’hui, à 18h, à Séries Mania.)

[Erratum : Une erreur au niveau des noms, il était écrit que M. Lior Raz était le co-créateur alors qu’il s’agit bien de M. Amit Cohen. En revanche, Lior Raz est co-créateur d’une autre série israélienne également créée par Feldman, intitulée Fauda.]

Aki

Une énième fangirl de Whedon, obsédée par les comédies musicales, la nourriture et les drames britanniques.

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