Critiques de films

Une histoire américaine : c’est l’histoire d’un mec…

Une histoire américaine est le nouvel ovni d’Armel Hostiou, sort aujourd’hui dans les salles. Co-écrit avec Vincent Macaigne, qui joue le rôle principal, le film raconte l’histoire d’un mec qui poursuit à New York une fille qui vient le quitter et dont il est toujours fou amoureux.

Vincent vient d’arriver à New York : il a rejoint Barbara, la femme qu’il aime, et qui vient de le quitter pour un autre. Lui n’arrive pas à s’y faire, et essaye de la convaincre de réessayer. Mais c’est peine perdue : elle ne changera pas d’avis, cela ne colle plus entre eux. Alors qu’il suit Barbara dans une soirée, Vincent a un accrochage avec le nouveau petit ami, un Américain bien sympa, mais faut pas pousser non plus. Désespéré, il fait la tournée des bars, et rencontre une jeune Danoise avec qui il va passer toute la nuit, et le lendemain. Dévouée, elle le suit dans les endroits où sa peine le mène : Coney Island, une course de chevaux, chez Barbara pour lui demander sa main… Vincent, aveuglé, ne s’aperçoit même pas qu’il plait à la jeune fille.

Une histoire américaine se compose de deux parties bien distinctes. La première partie est l’errance de Vincent dans la ville de New York à la recherche du moyen de reconquérir Barbara. Tous les prétextes sont bons : se retrouver dans la même soirée par hasard, se faire tabasser pour que le nouveau copain, médecin, le soigne, lui acheter une bague pour la demander en mariage… La belle semble avoir tourné la page, c’est clair pour le spectateur dès le début du film. La seconde partie d’Une histoire américaine permet de mieux comprendre la première. On est transporté quelques mois plus tard. Vincent, toujours à New York, est obligé de faire les petits boulots les plus ingrats pour se loger. Il continue à suivre et observer Barbara. Son père et sa sœur viennent lui rendre visite. Ce que l’on découvre tranche complètement avec le reste du film. Si Vincent a l’air d’un romantique (un peu taré, mais romantique) au début du film, on le découvre fils à papa raté qui refuse de rentrer dans le rang dans la seconde partie. Un angle qui pour moi fait toute la richesse du film. En quelques minutes, on cerne bien davantage le personnage. Tout s’éclaire, tout s’emboîte. Après, la vision des choses restera personnelle à chaque spectateur : Vincent, trop amoureux pour tourner la page ? Vincent, qui cherche une excuse pour se laisser aller ? Vincent, trop poussé par son papa bourgeois qui se rebelle en conséquence ?

Le film d’Armel Hostiou est évidemment servi par le cadre choisi : New York. On crapahute avec Vincent dans la ville pendant toute l’heure et demie. Pour autant, il ne s’agit pas de la New York flamboyante que l’on peut voir en général : mais des rues, des bars sombres, des magasins chinois mal éclairés, des hôtels trop aseptisés… La ville sert de cadre aux errances de Vincent. Une histoire américaine, c’est l’histoire d’un mec, amoureux, à New York… Un pitch comme il y en a tant d’autres. Armel Hostiou et Vincent Macaigne (aidés de Léa Cohen) se servent de cette apparence simplicité pour créer un personnage original et attachant, et créer une trame pleine de sens.

Je tire au passage mon chapeau à Vincent Macaigne, qui fait rire tout au long du film. Son anglais pitoyable et son accent français donnent du relief aux dialogues. Secondé par deux actrices très naturelles, il tient les rênes avec talent et beaucoup de sensibilité. A voir !

L'attente à Central Park
L’attente à Central Park

Claire

Rédactrice / Responsable de la section "Livres"

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