On a testé

Gracepoint : copié-collé ?

Le problème avec les remakes, c’est qu’il faut apporter une plus-value par rapport à l’oeuvre original. Dur avec seulement un an d’écart de proposer une vision différente d’une même affaire ; pourtant, c’est le défi que s’est lancé la FOX avec Gracepoint, remake d’une des bonnes surprises anglaises de 2013, Broadchurch (dont vous pouvez voir la critique ici). Et au vu du pilote, la chaîne s’est peut-être un peu trop rapidement emballée.

Il y a une vraie tradition du remake au États-Unis, que ce soit au cinéma ou à la télévision ; de The Killing à The Bridge (pour la Scandinavie), en passant par les relectures plus ou moins libres de Sherlock Holmes (Elementary), Hatufim (Homeland) ou des Revenants (Resurrection), la télé US aime façonner à sa sauce des séries déjà existantes. Sauf qu’ici, on passe presque au niveau supérieur : même acteur principal (David Tennant), mêmes personnages (certains noms ont été changés, donc le nom de famille de la victime), et au vu du trailer, mêmes situations. De quoi avoir un peu peur, de quoi détester la série avant même qu’elle ne soit diffusée, avec le secret espoir qu’elle se plante méchamment. Mais les choses sont finalement plus compliquées une fois les 44 minutes du pilote avalées.

Si l’on fait abstraction de Broadchurch, Gracepoint s’en tire plutôt bien. Techniquement, c’est solide (en même temps, c’est l’équipe de l’original qui est au travail ici), les plans s’enchaînent sans temps mort, le travelling du début est plutôt bien vu et la photo est dans la même veine que chez l’original. Après, ça abuse un peu trop des ralentis et autres effets de style, mais globalement ça se tient. Pareil au niveau de l’écriture, avec Chibnall toujours aux manettes. En faisant confiance à l’équipe anglaise, la FOX s’assure donc un drame policier dans le haut du panier de ce que propose les networks habituellement.

gracepoint
©Premiere

Malheureusement, je ne peux pas oublier Broadchurch. Pas en voyant David Tennant dans ce rôle, ni devant ces plans ou dialogues repris à l’identique. Gracepoint est proche de Broadchurch, vraiment trop proche. Tellement que cela m’a fait penser à l’Uncanny Valley (la vallée dérangeante en français, cette théorie qui explique que plus un robot ressemble à un être humain, plus ses défauts nous apparaissent monstrueux), vu que les défauts de la version américaine me sautaient à la figure : le manque cruel de naturel de certaines séquences (notamment la découverte du corps par la mère de Danny), des acteurs à côté de leurs pompes (dont David Tennant qui apparaît éteint), certains dialogues qui sonnent faux, la fâcheuse tendance à bien nous montrer dès le début les principaux suspects de l’affaire,… Et puis, je suis vraiment partagé sur cette idée de reprendre Tennant et l’équipe de la série. A mon sens, ça donne un vrai cachet qualitatif à la série, c’est indéniable, mais cela empêche aussi Gracepoint de vraiment se libérer de l’influence de Broadchurch. Un vrai problème qui je l’espère, sera résolu dans les prochains épisodes.

Donc au final, dur de vraiment recommander Gracepoint à une personne ayant vu Broadchurch. Les personnages sont tout de suite reconnaissables, la plupart des scènes sont identiques, pareil pour les dialogues, et en prime, on a un David Tennant à côté de ses pompes. Néanmoins, on a quand même une série qui est techniqement au-dessus de la plupart de ses concurrentes de networks, et qui bénéficie d’une distribution honorable – notamment Anna Gunn, qui n’est certes pas au niveau d’Olivia Colman, mais qui assure bien le travail. Donc à vous de vous faire votre propre idée. Sachez cependant qu’il y a bien pire à la télévision américaine.

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