On a testé

Intruders : faussement compliqué ?

Après le succès critique que fut Orphan Black l’année passée, revoici BBC America avec une nouvelle série au pitch de départ assez étrange : des personnes possédées, un tueur coriace, des mystères et un mari complètement dépassé par les événements. Adaptée d’un livre, Intruders pourrait être un vrai plaisir pour conspirationniste en herbe, mais est-ce aussi bien que son aînée canadienne ?

Pourquoi faire simple quand l’on peut faire compliqué ? Cela pourrait être le résumé des deux premiers épisodes d’Intruders. Surtout du premier d’ailleurs, qui multiplie les mystères avec autant de facilité qu’un magicien sort des lapins d’un chapeau. Dur de résumer l’intrigue simplement dans ces conditions, mais je vais essayer de faire le plus clair possible : quelque chose semble prendre possession de plusieurs personnes, enfants ou adultes, et un tueur à gages est là pour les éliminer directement ou les faire se suicider ; en parallèle, Jack Whelan (joué par John Simm), un ancien officier du LAPD, part à la recherche de sa femme qui a subitement disparu sans laisser de traces en allant à Seattle.

Techniquement, Intruders est dans le haut du panier. Certes, on retrouve quelques tics assez agaçants – comme la volonté de montrer de la violence sans trop de raisons ou encore une image parfois trop « esthétisante », mais globalement c’est de la qualité : la mise en scène est propre, c’est bien filmé, la photographie est bonne et l’ambiance mystérieuse et oppressante. Au niveau de l’interprétation, pas grand-chose à reprocher à la série, John Simm est magnétique, comme d’habitude, et James Frain (le tueur) est inquiétant comme il faut.

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©BBCAmerica

Non, les soucis d’Intruders se situent au niveau de son écriture et de son arc narratif principal. J’ai vraiment le sentiment qu’Intruders se complique la vie en mélangeant du fantastique, du thriller et de l’ésotérique. Surtout, j’ai comme l’impression que la série a déjà tiré toutes ses cartouches, et étire déjà ses intrigues pour faire durer le suspense. Le symbole de cela, c’est Jack, que l’on voit s’activer pour peu de résultats, et qui ne voit sa quête avancer que grâce à un coup de téléphone qui tombe du ciel comme par magie. Le scénario d’Intruders semble un peu trop artificiel pour que l’on s’y attache, en plus de sembler déjà-vu, et ses personnages manquent de profondeur.

A force d’être mystérieux, Intruders perd de vue son objectif qui est de nous inquiéter. Dommage, car la série a des points forts – notamment au niveau technique, mais la mayonnaise à du mal à prendre pour le moment. Et il ne faudrait pas trop traîner pour corriger le tir vu qu’il ne reste plus que 6 épisodes dans cette saison. A suivre, mais avec prudence.

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