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24 : premier bilan de la saison 9

Retour sur la saison 9 de 24 qui arrive déjà à mi-parcours.

24, c’est la base de ma sériéphilie. En décembre 2002, après des semaines intenses de lobbying auprès de mon père afin qu’il prenne un abonnement Canal+, mon premier contact avec la série me mit une énorme baffe ; j’avais certes déjà regardé de bonnes séries auparavant – je vous conseille d’ailleurs La Vipère Noire, mais aucune ne m’avait à ce point happé, que ce soit par sa réalisation, sa narration ou encore le charisme de son acteur principal. La saison 2 est ma préférée de toute, et puis ce fut le déclin, lent mais inéluctable, avant l’oubli et l’arrêt en 2010.

Mais c’est mal connaître les capacités en nécromancie des chaînes américaines que de croire que le projet était totalement abandonné. La FOX, spécialiste des annulations injustes, et en difficulté au niveau des nouveautés, a dû se dire que faire revivre une série suivie en moyenne par 10 millions de spectateurs lui assurerait de bonnes rentrées financières. Car Jack Bauer, mauvaise conscience de l’Amérique, est entré dans la culture populaire, et peut toujours compter sur une solide base de fans, même déçus par les dernières saisons, dont votre serviteur. Dans cette neuvième saison, baptisée sobrement « Live Another Day » – on croirait un sous-titre à la James Bond, Jack se retrouve à Londres, quatre ans après les événements de la saison 8. Traqué par la CIA, il réapparaît le jour même de l’arrivée de James Heller, nouveau Président des États-Unis, dans la capitale britannique ; et ce, alors qu’une menace d’assassinat plane au-dessus du président…

Le fil narratif de cette saison de 24 est classique. Pour les habitués de la série, il n’y aura aucune surprise : Jack est le gentil que personne ne croit au départ, la CIA n’est pas très futée et perd du temps à le traquer, les Anglais s’en mêlent forcément, etc. La narration est assez molle, et si l’on prend plaisir à revoir certains acteurs présents lors des précédentes saisons (comme Kim Raver, Mary Linn Rajskub ou encore un Kiefer plus sobre que dans Pompeii), on ne peut pas dire que le scénario et les dialogues les mettent en valeur. Pire, leurs personnages sont stéréotypés au possible, notamment celui de Chloe, devenue une sorte de Lisbeth Salander du pauvre, prenant tout au premier degré – alors que son personnage était une bouffée d’air frais auparavant de par le décalage entre son caractère et celui de Jack. Et que dire d’ailleurs du groupe de hackers auquel elle appartient, si ce n’est qu’il ne sert à rien et qu’il montre que les showrunners tentent de surfer maladroitement sur l’actualité.

24

Car le vrai problème de ce 24 est ici : au final, il met une situation invraisemblable au sein d’une actualité bien réelle. Or, au lieu de rendre plus passionnante l’intrigue de cette saison, elle ne fait qu’en ressortir les incohérences et les plus gros défauts. Alors, certes, la série a toujours mélangé actualité et intrigue peu crédible. Mais ça passait il y a 10 ans, quand la forme faisait encore illusion ; plus maintenant. Déjà car 24 a duré plus que de raison, banalisant son déroulement et ses mécanismes narratifs ; mais aussi car le cinéma, voire même d’autres séries ont fait mieux pendant ce laps de temps. J’ai vu une personne qualifier cette nouvelle saison de 24 comme étant « un Jason Bourne du pauvre ». Il a raison. La série est devenue dépassée, archaïque à force de ne pas faire évoluer sa formule. Cette neuvième saison aurait pu être une sorte de one-shot jouissif et plaisant, faisant exploser les codes de la série ; mais même si le cadre change – et encore, Londres est franchement un accessoire, les scénaristes n’ont pas voulu (pu ?) prendre de risques. Ma plus grosse déception vient de là : je ne suis pas surpris, les événements s’enchaînent de façon artificielle. Il n’y pas de vie dans cette série, pas de tension, rien.

Je pourrais citer d’autres défauts que collectionne cette saison pour le moment – en vrac : la méchante, les incohérences scénaristiques, les personnages secondaires – mais c’est vraiment au niveau de son rythme et de sa narration que 24 doit redresser la barre. Si certains acteurs tentent de faire ce qu’ils peuvent – notamment Yvonne Strahovski, déjà agent secret dans Chuck – ce n’est pas suffisant pour sauver cette saison actuellement. Alors, soit les scénaristes se bougent et sortent enfin de leur torpeur pour envoyer un final de feu, soit l’oubli total attend Jack et ses potes. Pour le moment, ça penche plutôt vers la deuxième assertion.

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