Sériephilie

Canalsat : notre avis sur les trois séries inédites du nouveau Jimmy (House Of Lies, Ray Donovan, The Bridge)

Dès mardi, Jimmy fait peau neuve avec de nouvelles soirées. Nous avons pu découvrir il y a quelques semaines les pilotes de trois séries inédites qui seront programmées dans les prochaines semaines, toutes en version multilingue et en HD. Verdict ici.

House Of Lies (dès le 18 février à 20h45, 3 épisodes par soirée)

Marty Caan et son équipe de conseillers en gestion n’ont pas leur pareil pour prendre les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 en défaut, et se rendre indispensables là où leurs services pourraient être futiles. A partir d’un pitch assez subversif, sur fond de dérives de la haute finance (la première entreprise présentée dans le pilote a son comptant d’actifs frauduleux, miroirs d’une crise des subprimes qui était bien réelle et traumatisante), Matthew Michael Carnahan signe une comédie noire et jouant autant sur l’effet provoc’ que ses consoeurs de chaîne, « Californication » en premier. Une série qui utilise le charisme et l’aisance impressionnante pour la comédie de son acteur principal, Don Cheadle, comme moteur, à l’instar de David Duchovny. Ce pilote est donc l’occasion de voir le côté personnel de sa vie : de son ex-femme addict accessoirement sa concurrente dans un autre cabinet, Monica (Dawn Olivieri) à son fils Roscoe (Donis Leonard Jr.) qui veut absolument jouer Sandy dans la pièce « Grease » de son école.

house of lies

Au jeu de « qui manipule qui », Caan est un indiscutable maître, et son approche de la « séduction » d’un client vaut le détour. Dans le monde de « House Of Lies », rien n’est trop capillotracté, comme faire venir une strip-teaseuse rencontrée la veille pour un « double date » avec un client. C’est cette multiplication de tons jusqu’à une image finale où Caan semble traverser une crise d’identité et ne pas pouvoir regarder son personnage dans les yeux qui dessert un peu « House Of Lies ». Malgré quelques scènes fonctionnelles, l’équipe de magiciens de Caan est à peine esquissée sur la foi du pilote, à l’exception de Jeannie (Kristen Bell), la seule à tenir la dragée haute à Caan, mais qui semble aussi lui élaguer le terrain avant une présentation de plan de com’ qui semble compromise. De même, la série use de beaucoup de monologues face caméra de Marty alors que l’action est interrompue, gimmick dont Cheadle n’a pas forcément besoin pour capter notre attention. La série diffuse actuellement sa troisième saison sur Showtime, et semble avoir mis sur pied d’égalité le tandem Cheadle/Bell dans sa promotion.

L’avis de TheGirlyGeek : Si c’est la présence de Kristen Bell qui m’a donné envie de commencer cette série, c’est bien l’ambiance sarcastique et le piquant des personnages qui me fera continuer le show (bientôt). À défaut d’avoir vu le reste de la saison, il faut avouer que le pilote nous dévoile déjà un Don Cheadle anti-héros à souhait, roi des mauvais choix et enfoiré de premier (n’ayons pas peur des mots)… Par contre, je crains un mauvais flirt entre Marty et Jeannie, et surtout, une surrenchère de trash inutile. Les prochains épisodes devraient éclaircir tout ça !

Ma note : 7,5/10

 

Ray Donovan (dès le lundi 31 mars à 20h45, 2 épisodes par soirée)

La figure du détective privé hollywoodien est bien ancrée dans la mythologie cinématographique et télévisuelle. « Ray Donovan » se propose de la tordre en transformant cet homme discret, taciturne, volontiers séducteur et dangereux en « fixer », chargé de veiller à leur sécurité et de gérer leurs fâcheux contretemps avant que TMZ ne soit mis au parfum (oui, cette série ne se gêne pas pour mettre en avant l’existence de TMZ dans son univers. Ce qui ne la rend pas forcément plus authentique.). En l’occurence, une actrice victime d’un stalker et un acteur qui se retrouve avec une prostituée décédée d’une overdose dans son lit, sans oublier les clients qui prennent des travestis en stop sur Sunset Boulevard… Rien que de très attendu, et Donovan fait son travail avec méthode et tête froide, servi par un Schreiber qui a un rôle de premier plan après une vingtaine d’années passées en majorité dans des seconds rôles notables (« Salt », « Le Voile des Illusions », « La Somme de Toutes les Peurs »). Mais malheureusement le Hollywood de « Donovan » n’offre rien de déjà vu et revu ailleurs.

ray donovan jimmy
Mickey Donovan (Jon Voight, en arrière-plan) est le point commun de beaucoup d’ennuis arrivant à Ray (Liev Schreiber).

L’intérêt de la série tient plus la présentation de la famille de Ray : sa femme Abby (une belle prestation de Paula Malcolmson), ses enfants, et surtout ses frères Terry (Eddie Marsan) et Bunchy (Dash Mihok). Le premier souffre de Parkinson et tient une salle de boxe; le deuxième a des problèmes d’alcool. La présentation surprise d’un demi-frère et le retour d’un patriarche pervers, indigne de confiance et épicurien, Mickey, vont causer bien plus de soucis à Ray que n’importe lequel de ses clients. C’est ces intrigues familiales pleines de ressentiment qui réussissent à susciter l’intérêt dans un pilote franchement inégal. La présentation de Mickey est ainsi assez réussie, et rappelle un peu la prestation de Dennis Hopper dans la série « Crash » passée inaperçue sur Starz. Voight en rajoute souvent des couches, mais la description de sa dynamique familiale, et le fait qu’il n’est pas universellement détesté du clan Donovan fait tiquer le téléspectateur. Côté réalisation, on a malheureusement connu Allen Coulter (Les Soprano, Damages) en meilleure forme. A noter que la programmation sur Jimmy arrive après un Golden Globe surprise décerné à Jon Voight le mois dernier. Bon timing pour une série dramatique conseillée avec réserves, donc.

L’avis de TheGirlyGeek : Si « Scandal » se passait à L.A et que les Gladiateurs étaient des mafieux, ça donnerait (presque) « Ray Donovan »… Un drôle de mélange qui ne m’a pas du tout convaincu… Par contre, j’ai beaucoup apprécié le personnage de Liev Schreiber, d’apparence froide et calme, mais évidemment bien blessé par son passé. Il paraît qu’il faut lui laisser une seconde chance. Alors un jour peut-être, je regardera l’épisode 2 !

Ma note : 6,5/10

The Bridge (US) (diffusion à l’automne)

« The Bridge » est la deuxième adaptation de la série hollandaise « Bron » (déjà diffusée sur Ciné +). Elle sera la dernière à débarquer sur nos écrans, sachant que la chaîne américaine à l’origine de cette mouture, FX, a déjà renouvelé la série pour une deuxième saison. Les téléspectateurs qui ont vu l’adaptation franco-anglaise en fin d’année dernière pourront s’amuser à faire le jeu des sept différences. En effet, le pilote conserve beaucoup des scènes-clé d’une version à l’autre : deux corps, l’un d’une juge anti-immigration, l’autre d’une immigrante; la détective américaine (ici, Sonya Cross, interprétée par Diane Kruger) atteinte du syndrome d’Asperger; et un détective mexicain plus sociable et bienveillant, Marco. A la plume, cependant, on est loin d’avoir une novice : Meredith Stiehm débarque du staff de « Homeland » et a créé et supervisé « Cold Case » pendant ses 4 premières saisons. On retrouve ici un point de vue très spécifique sur la corruption policière, l’immigration mexicaine à travers une enquête transfrontalière entre La Paz au Texas et Juarez. Là où le bât blesse est le travers commun de beaucoup de pilotes d’adaptation : un cahier des charges devant respecter une trame à la lettre, avec beaucoup de situations communes, ce qui rend insupportable la sensation de déjà-vu de ceux qui ont suivi « Le Tunnel » de Canal +. Le personnage de Marco Ruiz est moins jovial et serein que Karl Roebuck dans « Le Tunnel », mais Demian Bichir conserve un intérêt en le faisant naviguer dans des politiques internes troubles du côté mexicain en gardant la tête baissée. Roebuck n’a jamais eu de problèmes avec son commissariat. Cela devrait donner une alchimie inédite pour le couple de la version américaine, mais Kruger est beaucoup moins convaincante que Clémence Poésy dans le même rôle, et plus monolithique. Le rôle de Cross semble un peu hors de sa portée, et même si on ne peut s’empêcher de se rappeler à Lilly Rush, LA création de Stiehm, rend « The Bridge » un peu fade. Mais on ne peut bouder son plaisir à l’idée de retrouver l’excellent Ted Levine (« Monk ») en supérieur. La vision des épisodes suivants est essentielle pour se faire une idée des réussites et ratés de cette direction américano-mexicaine.

Ma note : 7/10.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *