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Thanatomorphose : horreur fait film

Thanatomorphose est le petit film d’horreur qui a fait sensation en cette fin d’année. Après avoir fait le tour des festivals, le film a été projeté lors d’une soirée spéciale le mois dernier.

Cette histoire de femme qui se nécrose du jour au lendemain aurait pu donner mille et un films d’horreur différents et c’est avec surprise que l’on se rend compte de l’aspect formel de Thanatomorphose. En effet, le québécois Éric Falardeau a choisi le strict minimum pour raconter cette histoire glauque et terrifiante. Dialogues minimalistes, montage et mise en scène dignes d’amateurs, Thanatomorphose n’a rien d’excitant passées les dix premières minutes. L’image est dégueulasse, la moitié des plans sont flous, la lumière est absente et les acteurs semblent improvisés.
Pourtant, ne donnant pas cher de la suite, on se prend à être intrigué par ce film qui, une heure et demi durant, nous montre de façon crue et cruelle, la lente décomposition de cette femme. Il ne faut pas réfléchir trop longtemps pour comprendre où le film va. Au-delà de la simple exposition, il y a un vrai parallèle avec la sexualité de l’héroïne. Que ce soit au début du film où elle semble frustrée de sa relation avec son homme, des vingt longues minutes où ils sont nus (frontalement), du trou au plafond (et repris sur la jaquette) rappelant furieusement un sexe féminin, des scènes sans détour où l’héroïne se touche ou de la fellation qu’elle commet sur un de ses amis, Thanatomorphose est parcouru par ce sentiment malsain de sexualité brutale.

thanatomorphose
©ThanatoFilms

Plus l’état de la jeune femme empire, plus celui du plafond suit le même mouvement. Ce parallèle est l’essence même du film qui ne cache pas beaucoup de défauts. A part ceux mentionnés plus haut, le film est très long, on passe la plupart du temps au plus près de la jeune femme, à admirer le travail stupéfiant des maquilleurs et il ne se passe rien. Elle prend des bains, détache des morceaux de peaux, de membres, les collecte, les prend en photo au cas où elle voudrait se reconstruire… Bref, Thanatomorphose est chiant comme la mort si vous me permettez l’expression. A part son pourrissement, il ne se passe rien, pas même une explication.
La limite entre le film amateur, l’œuvre expérimental et le film de cinéma a été franchie avec Thanatomorphose. Le concept aurait pu marcher sur 20 minutes, mais pas plus. Thanatomorphose reste une expérience unique qui aurait mérité un autre traitement.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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