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Scandal : non, ce n’est pas qu’un plaisir coupable…

En avril 2012, Shonda Rhimes dévoilait sa nouvelle série, Scandal , racontant l’histoire d’Olivia Pope (incarnée par Kerry Washington), une spécialiste des crises politiques à Washington… Et si le show a mis quelques épisodes à décoller, aujourd’hui, il s’offre une belle visibilité et fait partie des séries les plus commentées sur Twitter.

Pourtant, la série « Scandal » a encore une réputation de plaisir coupable pour certains, le fameux « guilty pleasure » comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique. Il faut dire qu’avec le nom de Shonda Rhimes attaché au projet, elle commençait avec un certain handicap et quelques préjugés. Depuis « Grey’s Anatomy » et « Private Practice », le nom de la créatrice et productrice est automatiquement associée à des séries sentimentales où l’intrigue tourne essentiellement autour des histoires d’amour des personnages : ce n’est pas pour rien que le logo de sa société de production, « Shondaland », est un énorme cœur rouge sur des montagnes russes… De l’amour niais, des bons sentiments et des catastrophes à gogo : et si Shonda Rhimes s’était contentée de retranscrire tout ça dans l’univers politique de Washington ?

 

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© ABC

Des personnages à la vie amoureuse torturée

Premier problème : Scandal tourne effectivement beaucoup autour du couple adultère Olivia Pope/Grant Fitzgerald : tomber amoureuse d’un homme marié, c’est déjà très compliqué, mais tomber pour le président des États-Unis, c’est vraiment pas de chance… Et il est vrai que la première saison s’intéressait surtout au job d’Olivia et à sa relation secrète, conduisant à une overdose de scènes larmoyantes. Il fallait bien qu’on découvre qu’au delà de son fort caractère, Olivia avait elle aussi des failles… Heureusement, les scénaristes ont compris qu’ils ne pouvaient pas se contenter de souligner leur amour impossible : peu à peu, ils en profitent pour mettre en avant les multiples conséquences d’une telle liaison pour Olivia et Fitz, dans leur propre vie et celle de leur entourage. L’important est finalement de montrer que rien n’est totalement bon ou mauvais et que pour survivre, il faut trouver l’équilibre.

Mais là où « Scandal » fait fort, c’est en nous proposant d’autres relations et d’autres couples tout aussi fascinants. Au fil des épisodes, on s’attache par exemple à Cyrus et James, un couple d’homosexuels cherchant à adopter un bébé, et dont la vie amoureuse ne tient qu’à un fil… En travaillant au même endroit (à la Maison-Blanche) mais l’un contre l’autre (James est journaliste, Cyrus cherche donc toujours à le manipuler pour servir les intérêts du président), les deux hommes  remettent sans cesse en jeu leur relation… Reste à voir où se situe la limite (on l’apprend dans l’épisode 3×09 pour les curieux).

Dans un autre genre, le drôle de couple que forment Huck et Quinn permet également de fouiller un peu plus le côté psychologique des personnages. Amis, mentor et élève, ennemis… Sans être en couple, il forme tout de même l’un des duos phares du show, selon moi.

 

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© ABC

Sur fond de romance, de vraies questions politiques

Il ne faut pas l’oublier : « Scandal » est aussi une série politique. Certes, on est très loin de l’excellent « House of Cards » qui nous plonge au cœur des méandres de la politique véreuse et qui décortique les problèmes du Sénat et du Parlement américain, mais on en apprend tout de même de belles. La série revient par exemple longuement sur le fonctionnement des campagnes politiques, qui se financent en grande partie grâce aux lobbys, qui basculent lors des débats télévisées et qui obligent souvent les candidats à manipuler les foules selon les votes dont ils ont besoin.

Shonda Rhimes profite aussi de son show pour évoquer le rôle de la Première Dame aux États-Unis… Et oui, ne vous y trompez pas, derrière la femme bafouée et vexée qu’est Mellie se cache en fait une femme forte et déterminée, prête à beaucoup de sacrifices pour servir au mieux son pays. Un personnage complexe qu’on apprend heureusement à connaître durant les derniers épisodes diffusés.

 

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 La surenchère de la révélation

Mais je dois l’avouer, malgré des personnages complexes et la découverte des coulisses du pouvoir, « Scandal » a tout de même un défaut : l’envie de vouloir sans cesse abasourdir le téléspectateur pour le laisser dans l’expectative. Il est rare de voir un épisode de « Scandal » qui ne termine pas sur un cliffhanger alléchant : pour fidéliser son audience, Shonda Rhimes  a trouvé la recette miracle. Malheureusement, à force de trop tirer sur la corde, la créatrice prend le risque de lasser et surtout de tomber dans la surenchère des retournements de situation.

Ce qui la sauve, c’est la théorie du complot. Depuis le premier épisode du show, on nous rabâche sans cesse que Washington est le lieu de toutes les trahisons et de tous les secrets… Ainsi, quand un personnage retourne sa veste ou que l’on apprend qu’un terrible événement est l’œuvre même d’un personnage qu’on connaît bien (ah, quel choc cet épisode 3×05), on est certes surpris, mais on accepte très vite cette nouvelle information. Life is a bitch, surtout à D.C.

Résultat, après une première saison qui s’intéressait surtout aux missions des « gladiateurs » (des crises à réparer, des procès à éviter), « Scandal » s’est offert une saison 2 puis 3 (qui sera raccourcie de quelques épisodes à cause de la grossesse de Kerry Washington) plus complexes, qui permettent de fouiller dans le passé des personnages grâce à des flashbacks riches en révélations… D’un plaisir coupable, « Scandal » est devenu un show culte et addictif, régulièrement nominé dans les cérémonies de prix américaines (les Emmy Awards, les SAG Awards…) aux côtés d’autres grandes séries.

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