Critiques

Mayer Hawthorne – Where Does This Door Go

Le troisième album de Mayer Hawthorne sort la semaine prochaine aux Etats-Unis et en France. « Where Does This Door Go » a été mis en écoute gratuite, en streaming, sur le site de la radio publique NPR (par ici). Un album tellement surprenant que je me devais de prendre la plume pour donner mes premières impressions à chaud.

N’ayons pas peur des mots: sa qualité en fait le meilleur album de l’artiste du Michigan et probablement l’album de votre été. Oui, à tous. Et toutes. Surtout toutes. Mais je m’égare….

La Californie est plus que jamais the place to be , terre brûlée mais pas terra incognita. C’est elle qui offre le terrain de jeu de « Where Does This Door Go », un grenier à souvenirs pour Mayer Hawthorne qui en profite pour faire sa mue. De chansons 60s entêtantes et mâtinées de soul et de doo-wop, on passe la vitesse supérieure. Là où un Justin Timberlake chante sa vie d’homme marié et s’amuse sur des chansons en 3 « mouvements », Mayer Hawthorne en profite pour affirmer son statut de tombeur chroniquant la « life o’the party ». Le premier single, « Her Favorite Song » avec Jessie Ware est entrecoupé d’interludes dans l’ascenseur d’une fête angeleno. Un break hip-hop où Jessie Ware donne la réplique au falsetto de Mayer Hawthorne, une primeur qui donne vie au personnage féminin qui oublie ses ennuis dans la musique…. celle de Hawthorne.

Steely Dan, un riddim dub: « the party don’t stop on Hawthorne Radio »

Hawthorne n’hésite pas à changer d’arrangement et de peau chaque chanson. D’aventures sans lendemain pour une « fuck buddy » de « Backseat Lover » à l’ivresse de « Wine Glass Woman » où Hawthorne pose sur un « beat » que ne renierait pas le Timberlake de « Justified », porté par Pharrell Williams, décidément le producteur de l’année. Je crois comprendre que Pharrell a été le conseiller en termes de songwriting pour cet album, et ses contributions électrisent encore plus l’album, à l’instar de celui de Yuna il y a deux ans. Mayer Hawthorne rattrape en refrains percutants et taillés pour le live son registre vocal un peu limité. La poursuite des femmes dans une soirée cosy donne une matière première à « Where Does This Door Go » mais la multiplicité de genres donne le tournis: « Allie Jones » convoque un riddim dub, la rythmique « bouncy » californienne et des cuivres jamaïcains portent  « The Only One »,  tandis que Kendrick Lamar vient donner de la crédibilité et de la gravité à « Crime », hymne mélancolique destiné à éviter que les soirées dégénèrent. Hawthorne s’impose en artiste tous terrains, amenant sa personnalité sur les tapis sonores tissés par le susmentionné Pharrell, mais aussi Pop & Oak (Elle Varner), Jack Splash (Jazmine Sullivan, R. Kelly et surtout homme-orchestre de Plantlife), ou encore Greg Wells (Mika). Mais l’influence primaire de cet album voit Hawthorne convoquer le spectre de Steely Dan, spécialistes des chansons à plusieurs portes.

Avec un artiste à l’identité moins forte, cette débauche de producteurs en vue pourrait être vue comme une tentative vampirique d’être une pop star internationale. Mais la présence et le charisme de Hawthorne sont le liant de l’album: pas de volonté commerciale du Monsieur, juste une envie de composer une playlist hétéroclite emplie d’arrangements visant l’efficacité optimale. D’ailleurs je vous défie de ne pas coller un frisson au solo de clavier de la fin de « Allie Jones ». Bref, à la question « Where Does This Door Go? », on ne peut que répondre « To The Top »!


OFF LIVE – Mayer Hawthorne « Her Favourite Song » par Off

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