Critiques de films

After Earth : y’a plus rien

Film allégorique  sur le business de la famille Smith, After Earth est aussi construit sur des préceptes scientologiques. Y’a-t-il d’autres raisons de trouver des défauts au film ? Oui. Bide annoncé bien avant sa sortie, produit mettant en valeur les Smith, débauchage d’un réalisateur en mal de réussite, After Earth avait tout d’un projet casse-gueule et il le restera. Will Smith en recherche de buzz a mijoté une petite histoire SF plutôt sympa où 1000 ans après avoir quitté la Terre, l’humanité a depuis établi une colonie sur la planète Nova Prime. Le commandant Cypher Raige, de retour parmi les siens, décide d’emmener son fils Kitai en voyage sur une autre planète. Mais une pluie de météorites oblige le vaisseau à se poser en catastrophe sur la Terre. Kitai et Cypher étant les seuls survivants, le fils va devoir les sauver de la nature qui les entoure…

On a trouvé pire qu’Oblivion !

Après l’introduction obligatoire sur les évènements amenant au constat actuel ( et souvent plus excitant que le film, cf. Oblivion), After Earth présente Jaden Smith, fils de, en jeune cadet. On apprend que les règles d’éducation sont assez stricts. Cypher, père de Kitai, impose son autorité assez lourdement. D’ailleurs ce sera l’un des deux grands thèmes du film avec la maîtrise de la peur.
Will Smith, le père de, laisse son fils sur le devant de la scène et s’impose un rôle de mentor. Il ne faut pas aller plus loin pour penser au vrai rôle de Will sur Jaden. Le père souhaite une longue carrière à son fils comme Cypher souhaite que son fils combatte sa peur pour arriver à gravir les échelons.

After Earth

 

Au delà de cette comparaison, le film en lui-même propose un scénario assez simple. La navette s’écrase et seuls le fils et le père survivent. Cypher étant gravement touché, il envoie son fils retrouver la queue du vaisseau qui contient une balise de secours. Kitai va affronter ses plus grandes peurs pour arriver à sauver son père. La peur est un élément clé puisque ‘elle est le seul moyen de reconnaissance des Ursas, des créatures aliens. Cypher est l’un des seuls à pouvoir ne montrer aucun signe de peur et pouvoir approcher et tuer les créatures. Quand on sait que le vaisseau transportait un oeuf d’Ursa dans la queue de l’appareil, il ne faut pas plus de deux secondes pour comprendre l’enjeu du film; son déroulement et son épilogue !

Et c’est bien là le souci, dans After Earth, le suspens est quasi invisible durant tout le film ! After Earth est centré sur Kitai et Cypher et aucun autre être humain n’apparaîtra pendant toute l’aventure. Il est donc impensable de voir Kitai, héros du film, en perdition ou dans une situation tendue. Il faut le dire, les menaces diverses qu’il va rencontrer n’ont pas du tout d’envergure entre des singes hurleurs qui lui courront après, un oiseau géant qui le poursuit (encore), des tigres qui veulent bouffer les oeufs du dit oiseau et l’Ursa bien entendu, boss final ! Ajoutons un trauma raconté en flashback qui va aider le héros à s’en sortir, on a toute la panoplie du parfait petit scénario préfabriqué.

Entre toutes ses scènes ? Une avalanche de dialogues centrés sur l’apprentissage, le contrôle de soi, dit par un Will Smith beaucoup trop renfermé sur lui-même et qui ne bougera pas de son siège. After Earth ne restera pas comme un de ses rôles les plus marquants. Pour la première fois de ma vie, cet acteur que j’adore m’énerve. Ses mimiques de triste me rappellent celle du Prince de Bel Air mais quand il faisait semblant… C’est dire. Toutes les cinq minutes, Cypher répète Kitai, Kitai… Kitai. Le film perd beaucoup de son caractère immersif.

L’environnement visuel qui était  particulièrement réussi dans les bandes annonces se révèle particulièrement plat au final. Entre deux attaques d’animaux, Kitai court dans une forêt pendant de longues scènes.

©Sony
©Sony

Cette Terre qui a évolué seule pendant 1000 ans ne ressemble finalement qu’à une gigantesque forêt à la faune identique et à la flore un peu plus agressive. Oui elle gèle le soir venu mais rien d’autre ne vient titiller la mirette du spectateur. Les bonnes idées visuelles se situent au niveau de la combinaison de Kitai qui change de couleurs suivant la situation physique de son porteur. NIveau design, on reste dans un côté épuré comme aperçu dans Oblivion.

Vous l’aurez compris avec tout ça, il ne reste plus grand chose à sauver. Le film suit un scénario assez plat, balisé, au rythme linéaire trop parfait. Shyamalan ne vient pas bouleverser le produit. Pour rappel, c’est Ill Smith qui a appelé le réalisateur du Sixième Sens pour mettre en images son histoire. Après les échecs de Phénoménes, Avatar (le maitre de l’air) et La Jeune Fille de l’eau, After Earth vient rajouter un peu de poids dans la balance qui penche dangereusement maintenant vers le côté has-been du réalisateur qu’on chérissait pour Incassable.

Dialogues didactiques, répétitions de Kitai et Cadet à longueur de temps, Will Smith à deux expressions, film tourné dans un bois quelconque, deux effets spéciaux… Wah. Je ne pensais pas qu’Oblivion pouvait être mieux que ça mais After Earth confirme plusieurs choses. Will Smith a une carrière descendante, les rumeurs à son sujet (homosexualité, divorce, scientologie) et ses choix de carrière discutables n’ont pas aidé à le remettre en selle. Le système de films centrés sur le seul nom d’une gigastar ne suffit plus. Tout est à revoir, Will Smith doit comprendre qu’il doit rendre le film bon et non l’inverse. Un peu de modestie dans ses propos (son refus de Django douteux notamment) et l’échec de son fils en tant que successeur vont lui permettre de revoir un peu son plan de carrière et de vie.

After Earth reste assez moyen, n’offrant que peu de moments de bravoure et d’originalité. Loin d’être un blockbuster impressionnant (le box office est désastreux), il reste finalement un film divertissant qui s’oublie assez vite.

©Sony
©Sony

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

Une réflexion sur “After Earth : y’a plus rien

  • urbain le magnifique !

    Et vlan, dans la fesse à Jean !

    Répondre

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