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The Office : c’était long et bon (That’s What She Said)

24 mars 2005, The Office est diffusée sur NBC devant  11 millions d’Américains. Fêtons dignement les 10 ans de l’une des séries que je chéris beaucoup.

Les comédies sont les parents pauvres des séries, peu de monde en parle à part les plus connues et peu d’élus restent dans les mémoires (est-ce que quelqu’un peut citer autre chose que Friends ?!). Pourtant il existe des perles et The Office en fait partie. Les portes de Dunder Mifflin se sont refermées pour des millions de téléspectateurs en mai 2012, l’occasion de revenir sur 8 ans de CDD.

Ma première approche fut par… le remake français ! Eh oui, Le Bureau a été diffusée par Canal + et j’en ai gardé un souvenir très positif. Le type d’humour était vraiment original et, chose rare, me faisait rire ! Je me suis donc tourné vers la version américaine, plus glamour que l’anglaise toujours assez froide. Un puis deux épisodes et le charme était déjà là, l’humour aussi et la galerie de personnages était clairement atypique. Le coup de l’agrafeuse dans la gelée m’a achevé : j’étais addict.

Je n’ai jamais touché à la série anglaise de Ricky Gervais. Peur d’avoir différent tellement la version américaine a réussi son coup.
Il y a clairement beaucoup de choses à dire sur la série. Commençons par l’humour.

Au-delà de la simple sitcom, The Office véhicule des blagues et des dialogues portés vers la honte, la gêne, le ratage, bref sur tout ce qui rend l’ambiance un peu pesante. Ca a été une bouffée d’air frais pendant de longues saisons. Menée tambour battant par un Steve Carell parfait en Michael Scott, The Office possède des tas de séquences cultes. On ne compte plus les blagues entre Jim et Dwight et les tentatives désespérées d’attirer l’attention par Michael Scott qui sont les deux gros ressorts comiques de la série.
Au delà d’une écriture réussie, le casting joue un rôle important. Les personnages ont tous un physique totalement atypique, clairement moins glamour qu’un Grey’s Anatomy par exemple. Ici on joue sur les tronches de monsieur ToutLeMonde et on va même plus loin que ça. Véritable décor eux-mêmes, les personnages secondaires sont relégués en figurants pour bon nombres d’épisodes. Avec ce genre de gestion des personnages, The Office rend hommage tous les employés qui sont une fois, peut-être par hasard, devenu le héros de la journée au taf ou au centre d’une attention particulière, en bref, la série rend un vibrant salut à la vie de bureau en open-space. Qui n’a pas tenté de faire des blagues à un collègue bon client (ou mauvais d’ailleurs) ? Moi le premier, je tentais de retrouver cette ambiance au boulot et il est vrai que chaque entreprise a sa propre galerie de personnages.

Vous l’aurez compris The Office est à la fois originale mais met le doigt dans le vrai. Au-delà des apparences, The Office est une vraie peinture de la société où la formule metro boulot dodo prend tout son sens. La partie boulot est une portion de la vie de chacun, on passe un quart de son temps si ce n’est plus sur son lieu de travail !

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A ce titre, le temps passé peut être aussi du temps gagné… dans sa vie sociale. Jim Halpert et Pam Beesly sont devenus de véritables icônes du couple télévisuel par excellence. Voir leur amitié et leur histoire d’amour prendre forme sous nos yeux avec ces caméras indiscrètes  qui captent ces moments de complicité magiques ont fait de Jim et Pam des personnages d’une justesse incroyable. Leur histoire a été pendant longtemps le filigrane de la série et les voir évoluer n’a pas été de tout repos. De deux collègues amis ils sont devenus parents en crise. La logique voudrait que le couple se sépare à la fin de la série pour mettre un point d’orgue à ce que l’histoire soit en quelque sorte bouclée mais une happy end serait aussi bienvenue. Le simple fait de penser que cela pourrait mal finir serait inscrit dans une logique purement émotionnelle. Il ne peut rien leur arriver d’excitant et de nouveau qu’une rupture. Le spectateur a perdu beaucoup en voyant Jim et Pam se transformer en couple routinier sans magie. Finir sur une réconciliation serait presque paresseux. Je ne dévoile pas la fin de leur historie télévisuelle mais elle souligne bien l’aspect humain de la série.

L’effet de groupe joue beaucoup dans The Office. Les épisodes où ils sortent de leurs murs sont parmi les plus réussis. On sent les acteurs amis dans la vie, la folie engendrant la folie, cette alchimie était grandement palpable. La série parvenait alors à prouver que des personnages détestables, simples, simlpistes, simplets pouvaient avoir une grande tendresse. Que ce soit Michael Scott qui citait Britney sur Lady Gaga, les Dundies Awards qui offraient fou rire sur fou rire et Dwight qui offrait sa vision du monde à travers des us et coutumes bien à lui, The Office mettait de la vie là où il ne devrait pas en avoir.

Oui Michael Scott est insupportable mais ça en fait un personnage riche. De perturbateur lourd il devient un homme en grand manque d’attention au fil des saisons pour terminer sur un homme qui a ce qu’il voulait. Le talent de Carell a fait le reste. D’un regard, il passe de la tristesse la plus profonde à une malice incroyable. Il faut le voir tenter d’aider au mieux ses employés alors que la crise guette. jamais Scott ne sera innocent. Aud étour d’un épisode, on le croit vraiment idiot mais non, il a toujours cette idée enfantine du jeu pour distraire ses emploéys et les éloigne d’une morosité qu’il ne peut plus repousser.

 

 

. Scott parti, la magie Jim/Pam disparue, il ne restait plus de grandes fondations pour que la série parvienne à maintenir le cap. Ce n’est pas faute d’avoir un casting impeccable, non, c’est la faute à des scénaristes plus du tout inspirés. Certes Ed Helms tente de maintenir le navire à flot mais son Andy est plus irritant qu’autre chose.

The Office se conclue dans une quasi indifférence, les audiences sont anémiques, la rumeur d’un retour de Steve Carell pour le final revient et on s’attend à ce que le principe originel de la série – une équipe documentaire filme Dunder Mifflin – trouve son apogée dans les 75 dernières minutes. Le principe de documentaire était effectivement une idée formidable. Nous étions les témoins des confessions de chacun et leurs impressions sur des scènes vues précédemment. Il y avait ce petit décalage charmant et rafraichissant qui permettait de renforcer l’aspect « réel » de la série.

Pourtant ce principe est devenu petit à petit envahissant et clairement bancal. Les angles de caméra se multiplient, les champ-contre-champs deviennent incohérents et chaque fait et geste de la vie des employés ont été mis en boite. Cette dernière révélation arrive en saison 9 quand le principe du documentaire va servir de prétexte pour terminer la série. A quoi s’attendre ? Va-t-on arriver dans une phase où la série va se regarder elle-même et proposer une histoire aux accents méta ? Déjà le 9×18 proposait un regard amer sur le parcours de la série et le spectateur ne sera pas surpris, mais déçu,  si on ressort une sorte de best-of pendant le final…

9 saisons (quasi 8, la première ne faisant que quelques 6 épisodes) de bons délires mais qu’on aimerait voir cesser. Le spectateur a le droit de faire comprendre que la série n’a plus le même visage, ni la même énergie. Andy est le personnage qui était assez bancal en début de série et qui est devenu un clown triste, lourd, loin de la subtilité et du côté enfantin de Michael Scott. Oui la saison 9 a une qualité croissante mais elle est loin, très loin, du niveau d’avant. Ce remake d’une série anglaise avait trouvé son identité, son rythme mais s’est perdu en croyant un peu trop à son concept. Il va falloir être fort pour juger convenablement le final qui conclura une aventure humaine formidable. Les personnages ont évolué devant nos yeux et comme Jim et Pam, notre amour pour la série a évolué, comme Jim et Pam, nous sommes arrivés à des sacrifices, des choix et une routine qu’il va falloir combattre. Le sort du couple va-t-il sceller le sort du spectateur ?

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L’ultime épisode intitulé Finale dure une bonne heure et revient à Scranton, un an après la diffusion du documentaire. Pour les besoins de bonus, l’équipe de tournage ressort les caméras. Dès le départ, justifier les caméras est difficile. Des plans extérieurs viennent rapidement rahir le concept. Déjà on se demandait comment et pourquoi les caméras étaient encore là alors que le documentaire allait être diffusé dans quelques jours mais là le gimmick est clairement pointé du doigt et les incohérences ne sont que plus voyantes.

Après quelques rapides flashbacks (encore une fois, pourquoi les a t-on filmés ?), on comprend que Kevin et Toby se sont fait virer et que Stanley a pris sa retraite. Dwight est toujours maître à bord et a instauré une discipline qui semble ravir tout le monde. Meredith se refait une jeunesse,  Jim et Pam sont toujours autant amoureux et Angela file le parfait amour en étant la future Madame Schrute. Ce qui choque au premier abord est cette sensation de long au-revoir durant tout l’épisode comme si les bureaux allaient fermer. La volonté de montrer que l’aventure du documentaire marque la fin d’une époque est assez maladroitement montrée. Il y a vraiment ce sentiment que tout le monde va se quitter jusque dans les derniers instants de l’épisode. Difficile de conclure une série sans conclure la vie des personnages, de marquer une étape et les scénaristes l’ont compris. Pour eux, la fin du documentaire signifie la fin de la vie palpitante des employés d’une boite de papiers… Triste à dire. Il y a un détachement morose comme si les personnages ne vivaient que pour les caméras. De ce point de vue, c’est assez réussi, c’est certain.

Le retour de Kelly et Ryan ne m’a fait ni chaud ni froid. Je n’ai jamais vraiment accroché à ses personnages, encore moins à Ryan qui semble être tout sauf un rôle de composition… (l’acteur producteur, toujours sur les affiches alors que son rôle était mineur).

The-Office-Season-9-Episode-18-Promos-07-550x366Tout le monde attendait le retour de Michael Scott et c’est par Jim que cela viendra. Toujours adepte des fameuses « pranks », Jim en fait une ultime qu’il qualifie de « Best Prank Ever« , il sera bien le seul à la qualifier ainsi. Ce n’est pas drôle, ni dramatiquement drôle et quelque peu raté. Cela dit, le retour de Michael Scott fait plaisir mais il sera de courte durée. Steve Carell, tout grisonnant, n’aura que deux phrases durant l’épisode. Le personnage n’aura aucun véritable poids. Les deux phrases sont pourtant exceptionnellement parfaites. Ce sera la seule excuse vis à vis de ce retour. Il ne servira à rien pendant les quelques scènes où il apparaît, le personnage est même un peu en retrait, quasi spectateur…

Venons-en au couple Jim et Pam qui a été l’élément phare de la série. On les a connus collègues, amis, amants, couple, mariés, parents, en crise et les voilà dans une nouvelle phase. Leur vie a été exposée au monde entier par le documentaire. Lors d’une scène où tous les employés sont invités à une conférence à Scranton pour parler du documentaire face aux fans, une spectatrice demande à Pam comment fait-elle pour donner le change à tout ce qu’a fait Jim depuis toutes ces années. Formidable question qui met le doigt sur un point intéressant qui souligne la relation assez unilatérale. Jim a tout fait pour la conquérir, Pam a-t-elle fait une chose pour garder Jim ?

La réponse se trouvera dans une des dernières scènes mais qui ne fait pas le poids. On est loin de l’idée merveilleuse. Pam prend les devants, répond aux attaques des fans qui l’ont trouvé trop soumise, trop femme au foyer, mais ne sort pas de son chapeau un coup formidable. EN bref, le couple évolue positivement mais sans éclats, comme depuis trois saisons.

Il y avait un coté triste dans les scènes et les idées de cet épisode, la salle vide lors de la conférence, les relations tendues qui se détendent comme si les personnages se résignaient… un sentiment de bilan palpable était le bienvenu  La fausse note a été d’en faire un adieu véritable, d’en faire quasi un bonus au documentaire, un défi méta de série dans la série, de final dans le final. Les longs témoignages pour conclure l’épisode n’offraient pas l’au-revoir adéquat pour conclure la série. The Office part avec un épisode qui s’auto-cite mais ne s’auto-critique pas assez. Le cul entre deux chaises, les scénaristes n’ont pas osé. néanmoins, la série part sur une série d’épisodes plus que corrects. La bande d’employés de Scranton, Dunder Mifflin est désormais hors des projecteurs, des micros. Un ultime Dunder Mifflin, This Is Pam viendra donner un dernier sourire nostalgique au spectateur.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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