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Happiness Therapy : une bonne prescription

En rentrant chez lui un soir, Pat Solatano trouve sa femme sous la douche avec un autre homme. Fou de rage, il le roue de coups et manque de le tuer. C’est alors que les médecins lui diagnostiquent un trouble bipolaire et décident de l’interner quelques mois dans un hôpital psychiatrique. Lorsqu’il en sort, il a tout perdu : sa femme, sa maison, son travail. Il est obligé de retourner vivre chez ses parents. Il va se concentrer sur la seule chose qui lui tient à coeur : reconquérir sa femme, Nikki (même si la justice lui interdit de l’approcher) et retrouver sa vie d’avant.

The Weinstein Company
©The Weinstein Company

Alors qu’il réintègre progressivement sa vie sociale, il fait la rencontre Tiffany lors d’une soirée chez son meilleur ami. Leurs premiers échanges sont explosifs. Tiffany vient de perdre son mari dans un accident de voiture et, suite à ce drame, elle a développé une dépendance au sexe. Elle a à présent une réputation toute faite dans le quartier. Vêtue de noir, elle crie sa folie, tandis que Pat tente de la dissimuler.

Petit à petit, ils vont se rapprocher, s’apprivoiser. Tiffany est la seule personne qui ne juge pas Pat, ce qui lui apporte beaucoup de réconfort. De plus, elle a promis de remettre à Nikki une lettre qu’il souhaite lui écrire pour lui expliquer qu’il va mieux et qu’elle peut revenir sans crainte. En échange, Pat va devoir être le partenaire de Tiffany lors d’un concours de danse, auquel elle a toujours rêvé de participer.

The Weinstein Company
©The Weinstein Company

Les acteurs sont très bons. J’ai été  agréablement surprise par Bradley Cooper, que je ne connaissais que dans Very Bad Trip. Loin du personnage du fêtard insouciant  Pat Solatano lui permet de révéler beaucoup de sensibilité et de subtilité. Jennifer Lawrence étonne elle aussi, dans ce registre très éloigné de celui d’Hunger Games. On retrouve donc les deux acteurs principaux dans des rôles très différents de d’habitude, ce qui nous permet d’en apprécier la performance. Robert De Niro est extrêmement touchant en père inquiet, maladroit et un peu toqué. La mère de Pat est jouée par Jacki Weaver. On retrouve également Julia Stiles (Dexter) dans le rôle de la soeur de Tiffany, une mère de famille plutôt psycho-rigide mais attendrissante.

Les personnages possèdent tous cette dualité entre apparence sociale et folie intérieure, à différents degrés. Les plus fous ne sont peut-être pas ceux que l’on croit ! Il y a Pat et Tiffany, timbrés déclarés, qui se soignent comme ils peuvent, et tous les autres, qui les regardent de travers, profitent de leur faiblesse, se sentent valorisés comparativement, etc. Petit à petit, on glisse vers la folie généralisée. Même le frère aîné de Pat, qui semble avoir brillamment réussi sa vie, montre quelques failles… Le psy de Pat également, qui finit par rejoindre la famille Solatano dans une histoire de pari. « Tout le monde est fou à sa manière », nous explique clairement O’Russell. Une thèse que l’on saisit dès les premières scène du film. Prévisible, cependant habilement emmenée.

Alors, drame romantique ? Comédie romantique ? La réponse ne coule pas de source. On rit souvent, parfois un peu jaune. Les scènes de bagarre et d’incompréhension entre Pat et son père, Pat et l’amant de sa femme, sont assez dramatiques. Le personnage est pommé, violent, s’enferme dans des certitudes et des rancoeurs. On entrevoit les origines de sa bipolarité entre autres dans la relation qu’il entretient avec ses parents et son frère. Quant à Tiffany, la violence de la mort de son mari et la gravité des actes qu’elle a accomplis par la suite, la hantent et ne lui laissent aucun répit. On comprend très vite ce qu’il va se passer entre les deux héros, et l’on se surprend à avoir hâte que cela arrive, pour qu’ils puissent enfin trouver le réconfort qu’ils méritent 🙂 (mode fleur bleue on)

The Weinstein Company
©The Weinstein Company

Un scénario subtil, faussement simple. On a beau en entrevoir rapidement les ficelles, on se laisse emmener avec plaisir. On frissonne lors des scènes plus dures, et on pleure à la fin ! (en tout cas, moi j’ai pleuré !)

Concernant l’Oscar, les collègues Ceci Lia et Audrey GDD, l’ont trouvé plutôt exagéré. Quant à moi, j’ai aimé le rôle, j’ai aimé le personnage, j’ai aimé l’interprétation… J’aime les films qui parlent d’êtres humains abîmés qui tentent d’aller mieux au contact l’un de l’autre. Je n’ai pas été déçue.

Claire

Rédactrice / Responsable de la section "Livres"

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